Match Europe/US: l’issue est incertaine

Esty Dwek, Natixis Investment Managers Solutions 

2 minutes de lecture

Six mois après le crash lié au COVID, la bourse européenne va-t-elle se reprendre et combler son écart de dix points avec Wall Street?

Après avoir connu une courte période de surperformance au printemps dernier, les actions européennes ont évolué latéralement alors que les actions américaines maintenaient leur tendance haussière. De nombreux arguments plaident en faveur des actions européennes qui pourraient, à court terme, rattraper leur retard. Cependant, à moyen terme, les actions américaines devraient maintenir leur avantage, en partie grâce à la surpondération structurelle des segments croissance et titres de qualité.

Les titres européens ont été stimulés par l'annonce de la création du fonds de relance européen, l’amélioration de l’intégration et de la coopération au sein de l’union contribuant à réduire la prime de risque des actifs exposés à une rupture et à soutenir les pays de la périphérie. L'Europe est parvenue à une meilleure gestion de la pandémie, et elle a pu ainsi sortir plus rapidement et plus aisément du confinement. Les différentiels de taux se sont finalement aplani, ce qui a contribué à soutenir l'euro et a rendu les actifs européens plus intéressants pour les investisseurs étrangers.

Des progrès, mais pas de catalyseur

La croissance européenne reste néanmoins très axée sur les exportations et elle dépend donc de la reprise américaine ainsi que de celle d'autres pays. Par conséquent, son potentiel est limité parce que conditionné par une forte reprise de l’économie américaine. Bien que l'Europe ait mieux géré la crise sanitaire, une deuxième vague s’est manifestée dans de nombreux pays durant la période estivale. Reste à voir comment elle sera gérée.  Du côté des Etats-Unis, le pic paraît finalement avoir été atteint et l’activité reprend.

Si d’un côté les progrès vers une plus grande intégration fiscale sont encourageants et devraient fournir un soutien à la croissance à long terme de la zone euro, la question du chômage demeure.  De nombreux programmes de soutien à l’emploi arrivent en effet à leur terme et ceci pourrait entraîner une hausse progressive du chômage, alors que ce dernier recule aux États-Unis. Enfin, les bénéfices se sont mieux maintenus aux États-Unis, en partie grâce à un secteur technologique très solide, ce qui laisse présager de bonnes performances sur la durée.

De nombreux facteurs paraissent en mesure d’apporter un soutien aux actions européennes et les arguments en faveur d’un rattrapage de leur retard sont multiples.  Cependant, elles ne paraissent pas disposer d’un catalyseur suffisamment puissant pour les amener à surperformer. Une telle évolution viendrait en effet nécessairement d’un abandon de leadership dans le secteur américain de la technologie, ce qui semble peu probable à moyen terme.

Les facteurs d’influence

Différents facteurs sont susceptibles d’influencer les comportements de ces deux marchés. L’appréciation de l’euro a certes rendu les actifs européens plus intéressants pour les investisseurs étrangers, mais à un moment ou un autre, cette appréciation jouera en défaveur du Vieux Continent et de ses exportations. Bien que les investisseurs ne paraissent guère préoccupés par le Brexit et qu’un accord a minima ou portant sur des secteurs stratégiques soit probable, la fin de l’année pourrait connaître un sursaut de volatilité. L’économie européenne étant plus ouverte que son homologue américaine, la poursuite de sa reprise dépend d’une reprise outre-Atlantique ainsi que de l’évolution de l’économie chinoise. Sur le front de l’emploi, les pays européens seront forcés d’accroître leurs mesures budgétaires afin d’éviter une montée en flèche du chômage.

Le marché européen ayant un biais valeurs cycliques/ de substance alors que le marché américain est davantage orienté croissance/valeurs défensives, il serait nécessaire que les secteurs les plus cycliques commencent à enregistrer de meilleurs résultats. Ceci ne pourra se produire qu’avec la fin de la pandémie et une confiance accrue dans la reprise. Une extension générale du rallye viendrait également soutenir les valeurs européennes. 

Aux États-Unis, la volatilité devrait augmenter en raison des tensions sino-américaines et de la proximité de l’élection présidentielle. Cependant, il est peu probable que l’on assiste à des ventes massives et prolongées des titres américains. Le Congrès doit encore adopter le Coronavirus Aid, Relief and Economomic Security (CARES) Act 2 (phase 4) et le leadership technologique est important pour les performances générales de la bourse américaine.

A lire aussi...