Macron: entre les «gilets jaunes» et les élections européennes

Bruno Cavalier, ODDO BHF

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A un mois de ces élections, les intentions de vote ne montrent pas de percée majeure pour les partis anti-européens.

Les élections européennes du 26 mai prochain sont souvent présentées comme un événement capital pour Emmanuel Macron. De leur résultat dépendraient sa capacité à poursuivre son programme de réformes et son influence dans les débats européens (Brexit, négociations commerciales, budget). Dire cela, c’est exagérer l’importance d’un scrutin qui, en France, n’a jamais mobilisé les foules et qui par le passé a presque toujours été un camouflet pour le président en exercice.

En France, le taux de participation aux élections européennes avoisine 40%, un peu moins que la moyenne observée ailleurs dans l’Union Européenne. C’est surtout moitié moindre que lors des élections présidentielles (graphe de gauche). Ce n’est donc pas là que se joue la légitimité du pouvoir exécutif, ni sa marge de manœuvre pour infléchir la politique économique. Par ailleurs, ce scrutin, précisément car il n’a pas d’enjeu bien précis, est souvent un vote sanction. François Mitterrand en 1984, 1989 et 1994, Jacques Chirac en 1999 et 2004, et François Hollande en 2014 en ont fait l’expérience. Les élections européennes sont toujours un obstacle délicat à franchir pour le président en exercice.

C’est par résignation ou par habitude, plus que par
une forte adhésion, que les Français restent pro-européens

Dans le cas d’Emmanuel Macron, la difficulté est double. D’une part, il revendique sans ambiguïté de fortes ambitions en matière d’intégration européenne, ce qui, de toute évidence, n’est pas le problème n°1 pour les électeurs. En large majorité, l’opinion publique française ne penche ni pour abandonner l’euro, ni pour sortir de l’UE. Les exemples de la Grèce en 2015 et du Royaume-Uni depuis 2016 n’ont en effet rien de vraiment inspirants. Pour autant, c’est par résignation ou par habitude, plus que par une forte adhésion, que les Français restent pro-européens. D’autre part, les élections au Parlement interviennent juste après l’éclosion des «gilets jaunes». Elles offrent de ce fait un moyen d’exprimer le rejet de Macron, non plus par des manifestations ou des violences, mais avec un bulletin de vote. Sa cote de popularité s’est reprise au premier trimestre mais reste basse (graphe de droite). À ce jour, les sondages ne signalent pas que la crise sociale récente ait bouleversé le rapport des forces politiques. Le point le plus notable est le recul du poids de l’extrême-gauche (Mélenchon). Il y aussi une timide remontée du centre-droit. Loin devant sont au coude à coude, avec 20-22% d’intentions de vote, les partis LREM (Macron) et RN (Le Pen), avec un léger avantage au premier. Si les résultats sont conformes au sondage, ce serait un nouvel échec pour Marine Le Pen, car il faut rappeler qu’en 2014, son parti était premier avec 25% des voix. En France, l’euroscepticisme ne progresse plus. Il a même plutôt passé son pic.

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