Les obligations seront-elles de retour pour la seconde moitié de 2024?

Andrew Lake, Mirabaud

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Même si les investisseurs attendent une plus grande certitude directionnelle, il est intéressant d’explorer les opportunités du secteur obligataire.

Les indicateurs macroéconomiques ont influencé les marchés tout au long de l'année, les maintenant globalement en mode «pilote automatique» vers un scénario d'atterrissage en douceur. Cependant, les dynamiques ont changé début août, lorsque les faibles créations d'emplois aux États-Unis ont surpris les investisseurs mondiaux, suscitant des incertitudes quant à une possible récession ou à une anomalie temporaire des données économiques.

Les marchés obligataires sont sujets depuis longtemps à des singularités qui leur sont propres et qui sont liées à la récession. La courbe des rendements américaine, souvent considérée comme un précurseur de récession, est inversée depuis environ 18 mois. Cette inversion a reculé dans certaines parties de la courbe au cours de l'été, alors que les attentes d'une première baisse des taux par la Réserve fédérale se sont intensifiées. Le segment court de la courbe a ainsi surperformé. Mais pour que le segment long commence à faire de même, il faudrait que des signaux clairs de récession s'appuient sur les données de créations d'emplois aux États-Unis.

Même si les investisseurs attendent une plus grande certitude directionnelle, il est intéressant d’explorer les opportunités du secteur obligataire pour la seconde moitié de l'année.

Globalement, les marchés auront des marges de manœuvres étroites jusqu'à ce que des changements de taux d'intérêt, de perspective de récession ou des événements politiques provoquent une réaction significative.

Le second semestre pourrait en effet être positif pour les obligations et présenter des opportunités sur l’ensemble du marché. Nous pensons néanmoins qu'un facteur de performance important sera d'établir des distinctions claires entre les zones géographiques. Les États-Unis, l'Europe et le Royaume-Uni présentent des spécificités économiques qui nécessitent des analyses régionales différenciées.

En Europe, l'allongement de la duration s’explique par les baisses de taux d'intérêt en cours, une ou deux réductions pouvant encore intervenir avant la fin de l'année. Bien que l'inflation soit conforme aux objectifs, l'environnement économique européen connaît des difficultés, l'Allemagne perdant sa position de locomotive de l'UE et peinant à générer de la croissance. Ainsi, le haut rendement en euro semble moins attrayant qu'au début de l'année 2024, mais nous continuons à estimer un potentiel dans les obligations de qualité, bien que moins exposées au cycle économique.

La situation est un peu différente au Royaume-Uni, où les obligations à haut rendement libellées en livres sterling offrent des coupons plus intéressants dans un contexte politique récemment stabilisé. Le gouvernement travailliste commençant tout juste à s'installer, nous ne prévoyons pas de véritable changement de la situation fiscale du Royaume-Uni avant au moins six mois, c'est pourquoi il nous semble judicieux d'avoir une certaine exposition à la livre sterling jusqu'à la fin de l'année. Parmi les valeurs que nous privilégions actuellement figurent certains supermarchés bon marché, qui profitent de l'inflation et des consommateurs touchés par des taux d'intérêt élevés et qui se tournent vers des produits alimentaires moins coûteux. Nous apprécions également les obligations du secteur des loisirs.

Aux États-Unis, le manque de certitude concernant les taux et la trajectoire de l'inflation nous rend plus prudents sur la durée, mais contrairement à l'Europe, la robustesse globale de l'économie devrait bénéficier au haut rendement. Bien qu'un scénario «Boucles d'or» semble irréaliste, deux baisses de taux en septembre et en décembre devraient créer un environnement favorable aux obligations à haut rendement. A ce titre, nous sommes particulièrement intéressés par les obligations à coupon élevé d'entreprises solides dont les perspectives sont positives. Les facteurs sont ici plus idiosyncrasiques. A l'inverse, après un bon parcours, les noms «crossover» qui se situent au sommet de la catégorie à haut rendement, à la limite de l'investment grade, offrent maintenant des coupons faibles et peu d'appréciation du capital, ce sont donc des opérations que nous laisserons de côté au second semestre.

Sujet en mouvement perpétuel, l'élection américaine est d’un grand intérêt pour les analystes qui recherchent les rebondissements créés par les affaires judiciaires ou l’arrivée de nouveaux candidats. Une victoire de Trump semble probable aujourd’hui, ce qui devrait être positif pour les actions et donc favorable au crédit. L’arrivée de Kamala Harris dans le Bureau ovale serait évidemment moins favorable pour certains secteurs comme le pétrole et le gaz, mais pourrait également créer des opportunités pour les obligations liées à l'environnement et au développement durable. Mais attendons de voir ce qu'il en est pour l'instant.  

Globalement, les marchés auront des marges de manœuvres étroites jusqu'à ce que des changements de taux d'intérêt, de perspective de récession ou des événements politiques provoquent une réaction significative. Le revenu des coupons est un thème qui devrait rester pertinent tout au long de l'année. De plus, une approche axée sur des actifs de haute qualité en Europe serait, selon nous, un moyen de générer une surperformance au second semestre de l'année. Cela implique de se concentrer sur des obligations émises par des entités solides et stables dans cette région. Les stratégies flexibles et polyvalentes, capables d'allouer dynamiquement les actifs entre les secteurs et les géographies, devraient être bien positionnées pour exploiter les différentiels de rendement de plus en plus prégnants sur les marchés obligataires.

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