Les infrastructures, une classe d’actifs pour tous les temps

Luba Nikulina, IFM Investors

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En 2023 encore, les infrastructures joueront un rôle primordial dans les portefeuilles institutionnels. Les investisseurs se pencheront davantage sur le «S» – les facteurs sociaux – de l’ESG.

Allouer des actifs n’est jamais une tâche facile. Actuellement, l’environnement macroéconomique représente un défi particulier compte tenu des faiblesses corrélées des marchés des actions et des obligations. Partout dans le monde, la hausse des taux et ses conséquences sur les valorisations des principales classes d’actifs se sont avérées problématiques pour les investisseurs 60/40, entraînant des résultats négatifs.

De notre point de vue, cela démontre une fois de plus que les infrastructures, avec leur résilience aux cycles économiques et leur efficacité en tant que protection contre l’inflation, sont une catégorie de placement importante et stratégique dans le cadre de l’allocation d’actifs. Nous sommes convaincus que les infrastructures sont appelées à jouer un rôle important comme classe d’actifs de base pour des portefeuilles qui visent des rendements à long terme plus diversifiés, moins volatils et moins corrélés.

Outre son caractère défensif et de diversification, le secteur des infrastructures montre également une forte dynamique de croissance. Celle-ci s’appuie sur une série de tendances macroéconomiques majeures, comme le vieillissement de la population ou les investissements insuffisants en infrastructures dans les pays industrialisés, ainsi que le besoin d’un développement important des infrastructures dans les pays émergents. De plus, l’impérieuse nécessité de décarboner l’économie mondiale, mais de façon prudente, en permettant aux pays d’assurer leur sécurité énergétique, joue un rôle majeur dans cette dynamique. Cela demande en effet d’énormes investissements dans l’écosystème des infrastructures traditionnelles et nouvelles dans le monde entier.

Outre les aspects environnementaux précités, les aspects sociaux (le «S» de l’ESG) devront être également pris en compte en 2023 dans les investissements en infrastructures. Ce thème gagne rapidement en importance, car l’intégration complète des réflexions liées aux facteurs ESG dépend du fait que le «S» est mesuré et piloté de façon aussi exhaustive que le «E» et le «G».

Des opportunités dans les infrastructures

Du point de vue de l’allocation d’actifs, l’intérêt pour la classe d’actifs des infrastructures a considérablement augmenté ces dernières années. Compte tenu des valorisations relativement élevées sur les marchés cotés, les investisseurs étaient à la recherche d’investissements sur le marché privé pour obtenir des rendements attractifs. Au cours des six années précédant 2021, les allocations de placement des investisseurs institutionnels en actifs d’infrastructures gérés en externe sont passées de 300 milliards à plus de 700 milliards de dollars1.

Nous pensons qu’une telle tendance de croissance se poursuivra dans l’environnement de marché difficile actuel, et ce pour un certain nombre de raisons:

  • Résistance des infrastructures aux changements macroéconomiques – Des prix contractuellement liés à l’inflation et une demande peu élastique pour les services correspondants rendent les installations d’infrastructures relativement insensibles aux ralentissements économiques. On peut en déduire que les infrastructures évolueront, en 2023 encore, mieux que les autres classes d’actifs et pourraient ainsi dégager des rendements attractifs.
  • Sous-pondération généralisée par les investisseurs – Selon nos enquêtes, les infrastructures sont globalement sous-pondérées en tant que classe d’actifs par les caisses de pension et les autres investisseurs institutionnels par rapport aux objectifs correspondants à long terme. Cette évaluation est corroborée par les données du rapport «Preqin Global Report 2023: Infrastructure», selon lequel l’allocation médiane des investisseurs européens dans les infrastructures se situait au-dessous de 3%, par rapport à un objectif de 5%.
L’importance croissante du «S» dans les infrastructures

Une tendance nouvelle et plus globale touchant les gérants de portefeuille comme le secteur des infrastructures est l’engagement croissant des investisseurs dans le domaine du «S», les facteurs sociaux de l’ESG. Comme pour le «E» et le «G», il existe une prise de conscience croissante que les facteurs sociaux et les conditions des systèmes sociaux peuvent apporter autant des risques que d’opportunités de placement aux entreprises et aux investisseurs.

Les investisseurs en infrastructures doivent particulièrement veiller aux facteurs sociaux suivants:

  • Traitement de la main-d’œuvre dans les entreprises, en particulier le respect des droits des travailleurs, ainsi que la protection de leur santé
  • Chaînes d’approvisionnement et esclavage moderne
  • Inégalités de revenus, de prospérité et d’opportunités
  • Inclusion et diversité

Les facteurs sociaux peuvent aussi avoir d’importantes conséquences sur la réputation et la rentabilité financière des entreprises. Nous sommes donc convaincus qu’il est indispensable de prendre également en compte ces facteurs dans le cadre des placements.

Les institutionnels s’appuient sur des indicateurs généraux dans le but de maximiser les rendements pour les investisseurs. Nous pensons qu’il existe des possibilités de développer dans ce cadre une série d’indicateurs pertinents, qui donnent à tous les investisseurs des moyens de mieux identifier les risques et les opportunités liés aux facteurs sociaux. Cela encouragerait également une hiérarchisation et une gestion des défis systématiques à l’échelle du secteur, si importants pour le succès des investissements à long terme.

 

1 Base de données Global Growth Cube de McKinsey.

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