Les fournisseurs d'indices ouvrent la voie à la neutralité climatique

Nima Pouyan, Invesco

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Les sociétés de gestion d'actifs luttent aussi contre le changement climatique. Et les investisseurs bénéficient ainsi d’investissements plus «verts».

Avec l'accord sur le climat signé à Paris en 2015, plus de 190 pays se sont déjà engagés à ralentir les bouleversements climatiques et à repenser l'économie mondiale dans le respect du climat. Pour atteindre cet objectif, les experts estiment que les émissions mondiales de CO2 doivent être réduites de manière drastique. En effet, les investisseurs auront probablement tendance à orienter à l'avenir une grande partie de leurs flux d'investissement vers des entreprises respectueuses des critères ESG.

Le rôle à jouer des fournisseurs d'indices dans la neutralité climatique

Dans l'investissement passif, les fournisseurs d'indices comme MSCI ont reconnu très tôt la tendance à vers des investissements durables et ils ont adapté leur offre en conséquence. Ainsi, le nombre d'indices ESG a fortement augmenté.

Les fournisseurs d'indices disposent de deux leviers puissants pour orienter les flux de capitaux mondiaux vers les véhicules d'investissement respectueux des critères ESG : d'une part, en proposant un univers d'indices ESG plus large, et de l’autre via la méthodologie même de construction de ces indices.

Paradoxalement, les stratégies alignées sur l'Accord de Paris ne tiennent pas compte des paramètres ESG dans leur construction.

La plupart des ETFs ESG intègrent déjà les questions climatiques dans la méthodologie de construction de l'indice dans le cadre des aspects environnementaux – le «E» de l’ESG. Les ETF sur indices climatiques peuvent apporter une contribution encore plus ciblée aux objectifs climatiques mondiaux. Ainsi, les indices PAB (Paris Aligned Benchmark) de MSCI offrent une exposition conforme aux recommandations du comité d'experts «Task Force on Climate-related Financial Disclosures» (TFCD; groupe de travail sur les informations financières liées au climat) et à l'objectif de 1,5 degré de l'accord de Paris. De plus, ils sont conçus de manière à dépasser les exigences minimales de l'EU Paris Aligned Benchmark. Cette norme, formulée dans le cadre du plan d'action de l'Union Européenne pour une finance durable, exige une réduction de moitié de l'intensité en carbone par rapport aux indices standard, ainsi que des réductions annuelles supplémentaires de 7% de cette intensité.

Concrètement, les sociétés comprises dans l'indice doivent répondre à certains critères en matière de risques et d'opportunités liés au changement climatique. Il s'agit, par exemple, de réduire les risques physiques liés aux phénomènes météorologiques extrêmes, tout en accordant une pondération plus élevée aux entreprises pour lesquelles le passage à une économie à faible émission de carbone représente des opportunités. Comme les fournisseurs d'indices sont tenus de rendre publique leur méthodologie d'indexation, les investisseurs bénéficient d'une transparence sur le respect les normes ESG. Par exemple, de nombreux ETFs PAB (ETF conformes à l'Accord de Paris sur le Climat) sont des produits relevant de l'article 9, c'est-à-dire des fonds qui s'adressent aux investisseurs attachant une importance particulière à la durabilité, conformément au règlement de l'UE sur la publication des produits financiers durables (SFDR).

Un paradoxe résolu par certains fournisseurs d’indices

Paradoxalement, les stratégies alignées sur l'Accord de Paris ne tiennent pas compte des paramètres ESG dans leur construction. Les produits et les indices alignés sur l'Accord de Paris ne présentent donc aucune amélioration par rapport aux indices traditionnels car ils ne font pas progresser les scores ESG de ces stratégies.

Néanmoins, certains fournisseurs d'indices comme MSCI utilisent une combinaison de paramètres ESG et de stratégies alignées sur l'Accord de Paris. Et c'est en ajoutant des critères ESG que les fournisseurs d'indices ont réussi à créer des stratégies CTB (Climate Transition) alignées sur l’Accord de Paris. Par exemple, avec un filtre ESG supplémentaire et en appliquant des exclusions sectorielles (tabac, alcool, jeux de hasard, etc…) et l’exclusion des entreprises faisant l’objet de controverses, le score ESG de la stratégie est nettement meilleur.

Sur les stratégies combinant ces deux approches, on observe une amélioration du score ESG jusqu'à 5% par rapport au MSCI World et une réduction des émissions de CO2 allant de 45 à 70%. Au global, l'amélioration du score ESG de ces stratégies est d'environ 23%.

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