Les banques centrales en ordre dispersé

François-Xavier Chauchat, Dorval Asset Management

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Il y aura d’autres rendez-vous monétaires l’année prochaine, et la tendance à une lente remontée des taux d’intérêt devrait se voir confirmée.

© Keystone

Parfois hésitantes face à l’inflation, les banques centrales soufflent alternativement le chaud et le froid sur les marchés obligataires. Mais les investisseurs en actions ont retenu le message essentiel: les autorités monétaires ne souhaitent pas fragiliser la dynamique économique actuelle. Comme attendu, la Fed a mis fin au «quoiqu’il en coûte» monétaire aux Etats-Unis. L’emploi continue de s’améliorer, et les surprises économiques négatives de l’été, dues au variant Delta et à la pénurie de composants dans l’automobile, laissent place à une nette ré-accélération, comme le montre le graphique ci-dessous. Après un PIB en croissance lente au troisième trimestre (+2,0%), l’indicateur «GDP Now» de la Réserve fédérale d’Atlanta anticipe une forte remontée au T4 (+8,5%).

L’emploi US s’améliore et le trou d’air économique de l’été est passé

Source: Macrobond

La Fed va donc diminuer progressivement ses achats d’actifs jusqu’à y mettre fin en juin 2022. Concernant les taux à court terme, cependant, Jerome Powell a signalé que la Fed se laissait du temps pour observer la situation d’ici le milieu de l’année prochaine. Bref, pour la Fed, il est urgent d’attendre. De manière un peu plus surprenante, la Banque d’Angleterre a décidé d’un statu quo lors de son dernier comité de politique monétaire alors que certains de ses membres – dont le gouverneur Andrew Bailey – avaient récemment appelé à agir face à la hausse de l’inflation. L’argument principal qui a été retenu contre un resserrement est significatif: une majorité étroite des membres du Comité a considéré que les goulets d’étranglement et pénuries qui causent l’inflation sont potentiellement négatives pour la croissance, et en particulier la consommation.

Après cette décision, les rendements obligataires anglais ont fortement rebaissé (voir graphique suivant), entraînant avec eux ceux de la plupart des pays développés. La baisse récente des taux à long terme a aussi été favorisée par un repli des prix des matières premières. Il est possible que nous voyions à l’œuvre l’effet paradoxalement stabilisant du ralentissement immobilier chinois, ralentissement qui permet de modérer les hausses de prix de certaines matières premières.

Repli des taux anglais après la surprise du statu quo de la BoE

Source: Macrobond

Il y aura d’autres rendez-vous monétaires l’année prochaine, et la tendance à une lente remontée des taux d’intérêt devrait se voir confirmée. Mais le biais fortement pro-croissance des banques centrales ayant été confirmé, il n’est pas surprenant de voir les marchés des actions continuer leur rebond entamé depuis la mi-octobre.

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