Le plus grand risque actuel est la complaisance

Communiqué, Natixis

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Bien que l'inflation diminue, la majorité des stratégistes pensent qu'il faudra encore 18 à 24 mois avant que les objectifs des banques centrales ne soient atteints, selon une enquête menée par Natixis Investment Managers.

  • Les résultats de l'enquête semestrielle du «Natixis Center for Investor Insight» auprès de plus de 30 stratégistes révèlent que seuls 19% d'entre eux prévoient un risque important de récession au second semestre.
  • Alors que les grandes valeurs technologiques ont tiré les bourses vers le haut au premier semestre, 66% des stratégistes s’inquiètent des bénéfices des entreprises et prévoient un ralentissement de la hausse des marchés au second semestre.
  • Interrogés spécifiquement sur l'intelligence artificielle (IA), 88% des stratégistes pensent qu'elle peut générer des opportunités d'investissement qui étaient auparavant indétectables.    

Selon une enquête menée par Natixis Investment Managers à la fin du mois de juin 2023, après un début d'année dynamique marqué par une baisse de l'inflation, les performances à deux chiffres de certaines bourses et des rendements obligataires au plus haut depuis 15 ans, les économistes et les stratégistes se disent confiants quant à une diminution du risque de récession au second semestre 2023.

S'appuyant sur les réflexions de 32 stratégistes, gérants de portefeuille, analystes financiers et économistes de Natixis Investment Managers et de 13 de ses sociétés de gestion affiliées, ainsi que de Natixis Corporate and Investment Banking, l'enquête révèle que 50% d'entre eux considèrent que le risque de récession est faible au second semestre. Néanmoins, ils restent prudents et appellent à la vigilance quant aux vents contraires du marché qui s'intensifient, provoquant de l’incertitude pour la fin du second semestre.

D’après l’enquête, près des trois quarts des sondés (72%) sont préoccupés par le fait que l'inflation pourrait durer plus longtemps que prévu. Et 38% pensent que les taux pourraient rester élevés plus longtemps qu’anticipé, alors que 66% s'inquiètent également des bénéfices des entreprises.

Un début d'année surprenant

Le premier semestre 2023 a surpris les stratégistes et les investisseurs. En novembre 2022, 59% des investisseurs institutionnels estimaient que la récession en 2023 était «inévitable» et 54% qu'elle était «absolument nécessaire» pour contenir l'inflation*. La réalité est tout autre: les marchés ont dégagé des rendements solides, les obligations ont généré des rendements attractifs et l'inflation a commencé à diminuer dans le monde entier, tombant à 3% aux États-Unis.  

L'enquête révèle que pour le reste de l'année 2023, seuls 6% des stratégistes estiment qu'une récession est «inévitable», 53% qu'elle est «tout à fait possible» et 9% qu'elle est «très improbable».

Inflation: de l'inquiétude à la détente des prix

Après de douloureuses hausses des coûts consécutives, les efforts des banques centrales pour relâcher la pression ont commencé à porter leurs fruits au premier semestre. Aux États-Unis, l'inflation est passée de 6,5% en juin 2022 à 3% à la fin du premier semestre 2023, tandis que dans la zone euro, elle a chuté de 9,2% à 5,5%. Le Royaume-Uni n'a pas réussi à suivre le rythme, mais commence à montrer des signes de ralentissement de l'inflation, qui est passée de 10,5% à la fin de l'année à 8,7% en mai.

Seuls 22% des stratégistes interrogés estiment que l'inflation constitue un «risque élevé» au second semestre, alors que 38% ne croient pas que les objectifs d'inflation seront atteints avant 2025, voire 2026 pour 9% d’entre eux.

Les investisseurs ne doivent pas tomber dans la complaisance car les incertitudes persistent

La majorité des stratégistes s’accordent sur le fait que les incertitudes de marché dépendront principalement de la situation géopolitique (72%) et de la politique des banques centrales (72%). Toutefois, un quart (25%) pense que la géopolitique n’aura qu’un impact mesuré sur les marchés au second semestre, qualifiant cette problématique seulement de «bruit». Les inquiétudes en matière de politiques monétaires sont principalement liées aux niveaux restrictifs des taux ainsi qu’à leur durée, avant que l'inflation ne revienne aux seuils attendus.

Les bénéfices des entreprises constituent une menace potentielle pour 66% des répondants, mais 25% des stratégistes sont optimistes et estiment que les bénéfices pourraient jouer un rôle de catalyseur au second semestre. Les stratégistes sont également partagés sur les perspectives relatives aux dépenses de consommation: la moitié d'entre eux craignent qu'un ralentissement des dépenses ne soit un frein, tandis que 28% pensent que les dépenses de consommation augmenteront et constitueront un catalyseur pour la croissance des marchés.

«L'inflation se détend, mais nous ne sommes pas encore tirés d’affaire. L’importance des dépenses de consommation, l'augmentation du coût des services et les tensions géopolitiques risquent de la prolonger, ce qui entraînera une hausse des taux pendant encore un certain temps. Les stratégistes pensent généralement qu'il faudra attendre 2025 pour que les objectifs soient atteints», a déclaré Sophie Courmont, Responsable de la de la distribution Suisse romande, Monaco & Israël chez Natixis IM.

La reprise des actions va s’atténuer

Les marchés se sont redressés au cours du premier semestre de l'année, en grande partie grâce au retour des valeurs technologiques, soutenues par l’engouement autour de l’intelligence artificielle (IA). Cependant, aucun stratégiste ne prévoit une accélération du rallye de la tech, moins d'un tiers (31%) s'attend à ce qu'il «se poursuive de manière continue», et 6% pensent que la «bulle va éclater», si bien que les attentes doivent rester réalistes. La moitié des interrogés pense que les marchés actions en général vont se calmer au second semestre et que les valorisations baisseront pour refléter les fondamentaux.

Interrogés spécifiquement sur l'IA, 88% des stratégistes pensent qu'elle peut déceler des opportunités d'investissement auparavant indétectables, mais 100% estiment qu'elle augmentera le trading journalier et les comportements potentiellement frauduleux.

«Les grandes entreprises technologiques ont contribué au retour en force des actions au cours du premier semestre de l'année. Mais si peu d’analystes prédisent un ralentissement majeur, la plupart sont préoccupés par les bénéfices des entreprises au second semestre et s'attendent à ce que le rallye s'estompe d'ici la fin de l'année. La récession reste une possibilité réelle, mais la plupart s'attendent à un atterrissage en douceur. Les succès du premier semestre pourraient se dissiper, mais nos stratégistes et économistes pensent toujours qu'il existe de bonnes opportunités si l'on reste attentif», a déclaré Sophie Courmont.

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