Le paradis des gérants actifs

Wouter Van Overfelt, Vontobel

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Les obligations d’entreprises émergentes sont une classe d’actifs relativement récente.

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Il se produit toujours un événement de marché important quelque chose quelque part dans le monde. Pour cette raison, peu d'investisseurs utilisent les obligations d’entreprises émergentes comme un moyen d’optimiser leur portefeuille.

Cette classe d’actifs étant encore exotique aux yeux de nombreux investisseurs, les obligations d’entreprises émergentes présentent des spreads relativement élevés au regard des risques encourus, notamment si l’on tient compte des avantages qu’elles procurent du point de vue de la diversification. Lorsque les taux d’intérêt sont bas, le niveau de spread d’une obligation donnée revêt davantage d’importance, notamment pour les investisseurs axés sur le revenu et la performance. D’après nous, les obligations d’entreprises émergentes constituent actuellement un compromis idéal. Elles offrent un rendement supérieur à celui des obligations des marchés développés et laissent espérer une appréciation du capital à mesure que la qualité du crédit s’améliore.

Le segment le moins risqué

Pour un certain nombre de raisons, les obligations d’entreprises émergentes sont le segment le moins risqué sur les marchés émergents, alors que leur potentiel de hausse de cours est significatif.

Premièrement, les obligations souveraines et les obligations d’entreprises sont complémentaires à bien des égards, car la composition de leur indice de référence respectif est différente. L’indice des obligations souveraines comporte davantage de pays, y compris de nombreux pays pré-émergents («marchés frontières») qui ne disposent pas de beaucoup d’entreprises émettant des obligations internationales. En revanche, l’indice des obligations d’entreprises fait davantage la part belle aux entreprises dans des pays dont la qualité du crédit est meilleure. Par conséquent, le risque de crédit est moins important pour l’indice des obligations d’entreprises que pour l’indice des obligations souveraines. En effet, le premier présente une note de crédit moyenne de BBB- qui le situe dans la catégorie investment grade tandis que le dernier présente une note BB+.

Il revient à chaque investisseur d’évaluer
si la rémunération potentielle proposée est suffisante.

Deuxièmement, les obligations souveraines sont moins susceptibles de faire l’objet d’une restructuration. Par conséquent, les émetteurs souverains peuvent s’assurer des financements à plus long terme et émettre ainsi des titres à échéance plus lointaine, notamment ceux dont la qualité de crédit est supérieure. Ce risque de crédit moins marqué est contrebalancé par un risque de taux d’intérêt (ou de duration) plus important pour l’indice des obligations souveraines. Par conséquent, les investisseurs ont le choix entre un risque de crédit ou un risque de taux d’intérêt accru. D’autre part, l’indice des obligations souveraines et l’indice des obligations d’entreprises sont également complémentaires du point de vue de la duration.

Forte progression pour les entreprises privées

Comme les pays émergents connaissent généralement une croissance économique plus forte, de nombreuses entreprises privées sont en plein essor et présentent de ce fait de belles opportunités d’investissement. Pour les propriétaires de ces entreprises, le marché obligataire peut constituer une source de financement attrayante qui leur évite de diluer leur participation, et donc d’en perdre le contrôle. Par ailleurs, comme les porteurs d’obligations sont rémunérés en priorité par rapport aux actionnaires, il revient moins cher pour une entreprise de se financer par emprunt obligataire que par l’émission d’actions. Les porteurs d’obligations réalisent une plus-value si la qualité du crédit de l’entreprise s’améliore et les spreads se resserrent.

La faible sensibilité aux taux d’intérêt est un avantage de plus

Dans un environnement où les investisseurs peinent à trouver des sources de revenus, les obligations d’entreprises émergentes restent un segment qui offre un rendement plus élevé que celui obtenu, et ce moyennant une prise de risque raisonnable à nos yeux. L’amélioration de la qualité du crédit (généralement associé à une forte croissance économique) se traduit par une appréciation du capital tandis que les coupons offrent une source de revenus rare dans un monde où les taux d’intérêt sont bas. A un moment où de nombreux investisseurs redoutent une hausse des taux d’intérêt, la sensibilité moindre de cette classe d’actifs au taux d’intérêt constitue un avantage supplémentaire.

Les obligations émergentes offrent un spread élevé et il revient à chaque investisseur d’évaluer si la rémunération potentielle proposée est suffisante. Cela dépendra de sa propre tolérance au risque et de la capacité du gérant choisi à séparer le bon grain de l'ivraie. Ceux qui y parviendront auront de bonnes chances de générer de l’alpha. D’après nous, les investisseurs auraient tort de fuir la volatilité associée à la surréaction des cours. Nous les invitons, au contraire, à en profiter car il s’agit d’une occasion de percevoir des revenus décorrélées du marché dans son ensemble en travaillant avec des experts de la sélection des émetteurs. En adoptant une approche active et «bottom-up», les investisseurs peuvent capter la valeur intrinsèque des différentes obligations d’entreprises émergentes et améliorer significativement le rendement de leur portefeuille, et donc leur revenu.