Le moment «Whatever it takes» de Powell

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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Face aux conséquences de la propagation du coronavirus, le président de la Réserve fédérale américaine a redonné de l’espoir et du temps.

Mario Draghi, par trois mots «Whatever it takes» avait sauvé la zone euro en juin 2012, et donné le signal du retour de l’optimisme sur les marchés.

Depuis l’irruption du coronavirus aux Etats-Unis, on attendait de Jerome Powell un moment similaire. Il est venu. En plusieurs temps, entre le 17 et le 22 mars. 2020. 

Le 17 mars, la Fed annonçait son intention d’acheter directement, à l’émission, des dettes corporate, et décidait d’alléger les contraintes sur les bilans et les ratios de crédit des banques américaines. 

Le même jour, en coordination avec le département du Trésor américain, elle ouvrait deux lignes de financement d’urgence, l’une pour le marché monétaire américain (via les billets de trésoreries bancaires  à court terme)  et l’autre pour les intermédiaires sur le marché primaire de la dette («primary dealers»). Le total de ces deux lignes: 1’000 milliards de dollars!

Le 20 mars, la Fed déclarait sa volonté de signer dans les 24h des accords de swaps avec les principales banques centrales du monde pour éviter tout assèchement de la liquidité en dollar sur le circuit financier mondial. Ces accords exceptionnels couvrent une période initiale du 23 mars à fin avril avec possibilité de prolongation.

Enfin, le 22 mars, la Fed précisait que ses injections de liquidités par rachats d’obligations d’entreprises – y compris sur le marché primaire donc - et de titres de dettes adossées au marché immobilier était illimité, et qu’il intégrait aussi un programme de prêts aux PME avec garantie fédérale, et un volet couvrant les prêts étudiants et le crédit à la consommation. Tous azimuts!

Ce soutien historique n’a pas été salué tout de suite par les investisseurs, préoccupés par la progression du COVID-19 aux Etats-Unis symbolisé par l’annonce d’un confinement généralisé à New York le 20 mars.

Il change néanmoins profondément la donne car il accorde aux autorités sanitaires le temps nécessaire pour endiguer l’épidémie sans craindre qu’une déroute financière vienne s’ajouter à la paralysie économique et aggrave encore la situation.

Bien sûr, tout n’est pas fini sur le front de l’épidémie, tant sur le plan sanitaire – le plus important évidemment – qu’économique. Mais Powell a redonné de l’espoir et du temps. Aux côtés de Mario Draghi, sauveur de l’euro en 2012, d’Alan Greenspan stoppant le crash obligataire en 1987 et de Ben Bernanke intervenant avec détermination en 2008 pour éviter la dislocation de la finance et de l’économie mondiale post-Lehman Brothers, il a gagné ses galons de grand banquier central.

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