Le changement climatique pèse sur le secteur de l'assurance

Communiqué, Capgemini & Efma

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Selon le World Property & Casualty Insurance Report 2022, seulement 8% des assureurs ont des modèles d'affaires résilients face au climat.

D’après le World Property and Casualty Insurance Report de Capgemini et de l’Efma, publié aujourd’hui, le secteur de l’assurance pâtit du changement climatique. Le rapport démontre que les assureurs qui construisent des modèles économiques et opérationnels résilients face au changement climatique seront mieux positionnés pour obtenir la confiance de leurs clients et la rentabilité souhaitée. Ce nouveau rapport de Capgemini, intitulé «Walking the Talk: How insurers can lead climate change resiliency»1, traite de l’impact de l’un des enjeux les plus critiques de nos jours pour le secteur de l’assurance.

De plus en plus d’événements météorologiques impactent négativement le secteur de l’assurance, alors que les assureurs sont censés à la fois protéger et prévenir les risques futurs. Le rapport indique que:

  • Au niveau mondial, les pertes économiques dues au changement climatique ont augmenté de 250% au cours des trois dernières décennies2.
  • 73% des assurés classent le changement climatique parmi leurs principales préoccupations.
  • Les préoccupations des assureurs reflètent celles de leurs clients: environ 40% d’entre eux considèrent le changement climatique comme une priorité absolue, l’assurabilité et la rentabilité représentant les principaux enjeux liés au climat.

«En raison des graves conséquences du changement climatique, les assureurs ont la responsabilité, en Suisse également, de jouer un rôle plus important dans la réduction des risques. Ceux qui misent maintenant sur la durabilité et prennent des décisions commerciales prévoyantes resteront des assureurs pertinents pour les clients et se développeront», explique Daniel Diederichs, Head Insurance Capgemini Invent Switzerland. «Les assureurs qui réussiront à être durables sont ceux qui disposent d'une gouvernance forte, qui tirent des enseignements solides des données et qui se concentrent sur la prévention des risques. En outre, ils doivent accroître leur résilience en misant également sur la durabilité dans la souscription et les investissements».

Les catastrophes naturelles ont multiplié par 3,6 les pertes assurées et par 2 les pertes non assurées au cours des 30 dernières années3. Selon le rapport, bien que cette situation soit préoccupante, elle offre aux assureurs l’opportunité de repenser leur modèle pour être en mesure de servir au mieux les clients dans un environnement en constante évolution.

Les assureurs qui travaillent aujourd’hui sur l’évolution de leur métier intégreront dans leurs modèles opérationnels et commerciaux des stratégies visant à atténuer les risques climatiques.

Des changements fondamentaux sont indispensables pour créer des modèles économiques résilients et centrés sur le client. Le rapport révèle que plus de 80% des particuliers et des petites entreprises clients du secteur de l’assurance sont très conscients des impacts du changement climatique, et ont adopté, au cours des 12 derniers mois, au moins une action concrète pour contribuer à un avenir plus durable. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour lutter contre les effets néfastes du changement climatique, car seuls 8% des assureurs interrogés sont des pionniers ou des «champions de la résilience» (décrits dans le rapport comme étant ceux qui disposent d’une gouvernance solide, de capacités d’analyse de données avancées, qui mettent l’accent sur la prévention des risques et qui favorisent la résilience à travers leurs stratégies de souscription et d’investissement).

Un besoin de concilier prévention et gestion des risques

Pour joindre le geste à la parole en matière de résilience climatique, les assureurs doivent revoir leurs modèles économiques et concilier prévention et gestion des risques. Les conclusions du rapport suggèrent qu’un «cadre de travail pour la résilience climatique» est essentiel pour développer les ressources nécessaires dans un contexte de risque en constante évolution. Il encourage les assureurs à repenser les modèles actuels d’évaluation des risques, à déployer des outils de prévention des risques à grande échelle et à mettre en place des stratégies d'investissement et de souscription durables, allant au-delà des exclusions et des désinvestissements, afin de créer un écosystème de résilience. Le rapport souligne que parmi les entreprises considérées comme des «champions de la résilience»,

  • 82% ont un Directeur du Développement Durable ou équivalent.
  • Près de 77% ont intégré des données sur les risques climatiques dans leurs produits et services.
  • Près de 60% ont atteint un stade avancé dans le déploiement de modèles de tarification basés sur le machine learning.
  • Près de 53% accèdent à de nouvelles sources de données, notamment les données satellitaires, les capteurs à distance, les stations météorologiques, les géo-données, les données issues des réseaux sociaux, les modèles ESG et les niveaux d’eau, afin de fournir des informations précises, granulaires et réalistes sur les risques.
La résilience climatique doit faire partie intégrante de la stratégie de développement durable des entreprises

Le rapport propose en conclusion trois actions clés pour soutenir la démarche de résilience climatique des assureurs, tout en renforçant leur pertinence et leur rentabilité. Tout d'abord, les assureurs doivent intégrer la résilience climatique dans leur stratégie de développement durable, en attribuant des objectifs clairs aux dirigeants pour garantir qu’ils se les approprient et s’en sentent responsables. Ensuite, les assureurs doivent revoir leur démarche d’innovation pour combler l’écart entre les objectifs à long terme et la planification à court terme, en faisant de la résilience une partie intégrante de leur chaîne de valeur. Enfin, les assureurs doivent redéfinir leur stratégie en matière de technologie, en s’appuyant sur l'innovation produit, l'expérience client, leur stratégie RSE (responsabilité sociétale et environnementale), et en intégrant des technologies telles que l'IoT, le cloud, l'IA, le machine learning et l'informatique quantique.

«Si la plupart des assureurs reconnaissent l'impact du changement climatique, il reste encore beaucoup à faire en termes d'actions concrètes pour développer des stratégies de résilience climatique. Alors que les clients prêtent une attention toujours plus forte à l'impact du changement climatique sur leur vie, les assureurs doivent mettre en valeur leur propre engagement en faisant évoluer leurs offres, pour à la fois reconnaître le rôle fondamental que joue le développement durable dans notre secteur et rester compétitifs sur un marché en constante évolution», a déclaré John Berry, PDG de l'Efma.

 

1 «Joindre le geste à la parole: comment les assureurs peuvent-ils être des pionniers de la résilience climatique»
2 Les pertes économiques incluent le total des pertes liées aux catastrophes naturelles assurées et non assurées au niveau mondial.
3 Swiss Re Institute, «Sigma Explorer» accès au 14 mars 2022

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