Le changement climatique à ne pas négliger

Marie Owens Thomsen, Indosuez Wealth Management

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Le réchauffement risque de peser durablement sur l’activité car il menace directement les outils de production, contrairement au COVID-19.

En ce moment, la crise du COVID-19 est sur toutes les lèvres, et ce à juste titre. Ceci dit, le risque que fait courir le virus à l’économie devrait en toute probabilité s’avérer temporaire. Il se peut que des pays vont entrer en récession, mais dès que la politique de restrictions sur l’activité sera levée, celle-ci pourra reprendre car il ne s’agit pas, a priori, de destruction de capacité de production. En supposant que les gouvernements vont aider les sociétés à avoir accès au financement et compenser les personnes forcées de rester à la maison pour leur pertes de gains potentiels, les effets long terme de la crise pèseront sur le plan fiscal et humanitaire. 

Pour l’heure, les marchés financiers semblent moins affectés par l’autre grande crise, celle du climat. Pourtant, le changement climatique pourra potentiellement occasionner une baisse durable de l’activité car il menace directement les outils de production y compris toutes les infrastructures. L’Organisation météorologique mondiale vient de publier son évaluation de la situation climatique dans le monde en 2019. L’analyse a de quoi refroidir les esprits. L’année 2019 sera probablement la deuxième année la plus chaude enregistrée, à environ 1,1°C au-dessus de la période de base de 1850-1900. L’année 2016 détient encore le record. Jusqu’en 2016, la couverture de glace dans l’Arctique affichait une tendance croissante à long terme. Depuis, une baisse soudaine a été enregistrée et des niveaux très bas se maintiennent. Les glaciers suisses ont fondu à une vitesse record en 2019 et 2% ont disparu entre octobre 2018 et 2019, ramenant la perte à 10% au cours des cinq dernières années. 

En pleine tourmente du coronavirus, le réchauffement
climatique facilite la transmission de la dengue.

Température record, sècheresse, inondations, tempêtes tropicales et incendies de forêts ont marqué l’année 2019. Le cyclone Dorian, qui a frappé les Bahamas en septembre dernier, a détruit 25% du PIB du pays. L’Australie a enregistré l’année la plus sèche de son histoire, engendrant une pénurie d’eau ainsi que des incendies qui ont détruit 2'000 propriétés et brulé 7 millions d’hectares, contribuant à son tour aux émissions de gaz à effet de serre. En pleine tourmente de la crise du COVID-19, le réchauffement climatique facilite la transmission de la dengue face à laquelle 50% de la population mondiale court actuellement un risque d’infection. Le nombre de cas a augmenté en 2019 par rapport à 2018, avec près de 3 millions de cas et 1'250 de décès sur le continent américain. Après une décennie de recul de la faim dans le monde, le nombre de personnes touchées croît à nouveau depuis 2018 et se situe actuellement à 820 millions, soit une personne sur 9. Pas moins de 6,7 millions de personnes dans le monde ont quitté leur domicile entre janvier et juin 2019 à cause des catastrophes naturelles, et pourrait s’élever à 22 millions pour l’année complète.

Peut-être que le choc du COVID-19
provoquera un changement de climat… politique.

Le COVID-19 et le changement climatique sont des crises importantes dont on mesure difficilement tous les effets. Toutefois, si la première est temporaire, même si sa durée est inconnue, la seconde nous impactera pour encore des décennies et des siècles. Malheureusement, les banques centrales ne détiennent pas d’outil miracle pour résoudre ces crises qui ne sont pas de nature monétaire. La réponse est davantage fiscale, et nécessite une coopération sur le plan mondial. Peut-être le choc du COVID-19 provoquera un changement de climat – politique cette fois-ci, faute de quoi la croissance du PIB est vouée à diminuer en ligne avec l’augmentation des températures. 

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