«Avec des taux historiquement bas, les taux d’intérêt ne jouent plus le rôle d’amortisseurs», estime Michaël Nizard d'Edmond de Rothschild AM.
En 2018, les grandes classes d’actifs ont toutes été pénalisées par la contraction de la liquidité mondiale et la réduction du bilan de la Fed. Ce qui nous amène à un constat déplorable: les effets bénéfiques de la diversification taux-action ont sensiblement baissé. Dès lors, comment concilier recherche de performance et gestion du risque alors que l’approche traditionnelle de construction de portefeuille a atteint ses limites? Pour Michaël Nizard, gérant allocataire chez Edmond de Rothschild AM, il faut inclure les options dont la volatilité est un composant du prix.
Avec des taux d’intérêt historiquement bas, les banques centrales occidentales ont incité les investisseurs à se replier sur les actifs risqués plus rémunérateurs, comme les actions sur lesquelles la prime de risque atteint aujourd’hui 6% en zone euro. Conséquence de ces politiques monétaires accommodantes: la décorrélation historique entre les actions et les obligations s’est atténuée.
Durant ces trois dernières années, la corrélation, notoirement très négative (entre -0,6 et -0,4) est remontée vers zéro. Au printemps 2013, lors du Taper Tantrum de Ben Bernanke, toutes les classes d’actifs ont baissé de concert. A l’automne 2017 et en janvier 2018, à cause des anticipations d’inflation, ce phénomène s’est répété.
plus sensibles aux surprises économiques.
Ainsi, les stratégies d’allocation d’actifs de type 60/40 ou «Risk Parity», qui traditionnellement tirent parti des atouts de la diversification actions/obligations, ont été pénalisées. «Dans un monde de taux historiquement bas, le relais des taux d’intérêt ne joue plus le rôle d’amortisseur», observe Michaël Nizard. Pour retrouver cette décorrélation, le spécialiste estime qu’il faudrait basculer sur une période exempte de croissance et d’inflation. Mais nous n’en sommes pas encore là. Il convient alors de continuer à capter une prime de risque encore généreuse avec toutefois une gestion du risque flexible et protégée, une stratégie plus appropriée à cet environnement.
2018 marque également une reprise significative de la volatilité implicite, ce qui caractérise bien l’approche d’une fin de cycle économique. «Globalement, il s’agit d’un retour à la normale, alors qu’en 2017, la médiane annuelle du VIX baissait à des niveaux intenables», explique Michaël Nizard. Les investisseurs deviennent naturellement plus sensibles aux surprises économiques. Mais le risque, qui est également mieux rémunéré comme en témoigne un ratio PER bas, les encourage à maintenir leurs investissements en actions avec une gestion active du risque.
Ainsi, la volatilité a un réel effet contracyclique qui renchérit le prix des options dans les phases d’aversion au risque. Par le biais de ces instruments optionnels, elle devient un outil nécessaire en tant que nouvelle source de diversification et d’alpha. «Sur 3 ans, la volatilité et la gestion dynamique des options a apporté une contribution positive sur une stratégie «overlay», malgré son coût de portage, ceci traduisant sa génération d’alpha et son utilité dans une gestion flexible et protégée», commente le spécialiste.