La place financière genevoise, c'est bien plus que des chiffres!

Denis Pittet, Fondation Genève Place Financière

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Le présent rapport d'activité donne un aperçu des principaux développements intervenus, au cours des douze derniers mois, sur les dossiers suivis par la Fondation Genève Place Financière (FGPF).

Fin novembre 2022, j'ai eu le privilège de reprendre la présidence de la Fondation des mains d'Yves Mirabaud, à qui je tiens à adresser ici mes plus sincères remerciements pour avoir œuvré durant 8 ans avec détermination et conviction en faveur d'un secteur financier compétitif.

Il ne serait pas concevable de commencer ce Message sans aborder l'un des événements majeurs qui a boule­ versé le paysage bancaire helvétique. La date du 19 mars 2023, marquant la reprise du Credit Suisse par UBS, restera gravée dans nos mémoires. La FGPF a pris acte des mesures décidées par le Conseil fédéral, la Banque Nationale Suisse (BNS) et la FINMA. Elle salue les objectifs et les priorités définis par les autorités suisses, à savoir la stabilité de la place financière suisse dans la durée, la protection de l'économie helvétique et des déposants, ainsi que la restauration de la confiance de la clientèle et des marchés envers notre Place financière. Surtout, elle pense à toutes les collaboratrices et à tous les collaborateurs du Credit Suisse et d'UBS, en parti­culier aux 37'000 employés en Suisse, dont 1'700 à Genève, qui s'engagent jour après jour auprès de leur clientèle et elle espère que ce rachat par UBS leur apportera la sécurité nécessaire. Cette annonce s'est inscrite dans un environ­nement international difficile. Les tensions sur le système bancaire, liées à une crise des liquidités, se sont malheureuse­ ment propagées en Europe et ont engendré des inquiétudes au sujet des répercussions potentielles sur l'économie réelle.

Pour l'attractivité de la place financière suisse, il est important de garder un navire amiral à l'international.

Création de valeur, stabilité et durabilité

Il est également essentiel de souligner la solidité des acteurs financiers. Selon les résultats annuels 2022 publiés par les différents établissements de la Place genevoise, ces derniers disposent de ratios de fonds propres et de liquidités largement supérieurs aux minima légaux requis par l'Auto­rité de surveillance. Plus largement, les banques, les gestion­naires d'actifs et les autres prestataires de services financiers ont pleinement assumé au quotidien des fonctions essen­tielles pour notre société tout au long de l'année écoulée. La place financière genevoise représente ainsi 12,4% du PIB cantonal, demeurant l'un des plus gros contributeurs du canton en termes de création de valeur. Véritables moteurs économiques, ses acteurs ont notamment mobilisé le capital nécessaire au développement des entreprises pour leurs investissements et la réalisation de leurs nouvelles initiatives commerciales. Ils se sont aussi fortement engagés dans la philanthropie et le sponsoring.

Le rôle de premier plan de la place financière genevoise au niveau international est largement dû à ses activités transfron­talières. La Suisse est le centre de gestion de fortune transfron­talière le plus important au monde, avec USD 2'400 milliards d'avoirs de client.e.s sous gestion, contre USD 2'300 milliards pour Hong Kong et USD 1'500 milliards pour Singapour. Genève est connectée en permanence avec le vieux Continent puisque près de la moitié des avoirs gérés provient d'une clientèle européenne. Mais elle l'est aussi avec les centres financiers en Asie et au Moyen-Orient comme le démontre l'enquête conjoncturelle 2022-2023 menée par la FGPF, faisant d'elle un hub incontournable dans la gestion de fortune.

Mais les compétences de pointe de la Place genevoise ne se limitent pas à la gestion de fortune privée et institu­tionnelle. Elle excelle aussi dans la banque commerciale et de détail et dans le financement du négoce de matières premières. Peu de places concurrentes peuvent se targuer d'offrir de telles prestations bancaires à 360°.

Acteur mondial, le centre financier genevois saisit les opportunités qui s'offrent à lui, en particulier dans le domaine de l'asset management qui se distingue par un fort potentiel de croissance. Au 4ème rang des pays européens, la Suisse gère 2'488 milliards d'euros. A Genève, l'activité d'asset management mérite une plus grande reconnais­sance. C'est la raison pour laquelle, la FGPF a mis en place un Chapter Asset Management. De plus, elle a développé d'étroites synergies avec l'Asset Management Association Switzerland (AMAS) et accueille le bureau romand de cette association dans ses locaux.

La FGPF poursuit également son essor dans la finance durable. Regroupant à la fois les organisations internationales et non gouvernementales, des fondations d'envergure, une université de pointe et une compétence unique dans la gestion privée et institutionnelle, Genève se hisse parmi les hubs mondiaux de premier plan en matière de durabilité. Un pôle de compétences unique a été créé en réunissant des experts de l'Association suisse des banquiers (ASB) et de l'AMAS au sein de la FGPF. Ces inte­ractions contribuent à l'accélération de la transition verte grâce à une réglementation incitative, une offre ambitieuse de produits et de solutions durables et le développement de la formation. L'événement «Building Bridges», dont la FGPF est l'un des «Founding Partners», permet d'inclure toutes les parties prenantes et de concrétiser les avancées dans ce domaine porteur.

L'attractivité ne se décrète pas: elle se gagne!

Cet esprit entrepreneurial tourné vers l'innovation doit pouvoir bénéficier de conditions-cadres optimales, que ce soit en matière de réglementation, de fiscalité ou de formation. Or, la compétitivité de la place financière genevoise est mise à rude épreuve par l'avalanche d'initia­tives cantonales à caractère fiscal. Genève n'est pas une île: elle doit faire face à la concurrence intercantonale et internationale. Elle vit sur une pyramide fiscale fragile puisque 4,2% des contribuables génèrent plus de 48% de l'impôt sur le revenu, alors que plus de 36% des contribuables ne paient aucun impôt à ce titre. La multitude et la fréquence de ces initiatives nourrissent un sentiment d'incertitude, véritable poison pour l'attractivité et la prospérité économique de Genève. Pour faire valoir ses préoccupations, la FGPF a renforcé ses contacts avec le Conseil d'Etat genevois et les associations faîtières de l'économie. Elle a notamment diffusé des prises de position sur les thèmes de votation fiscaux.

Selon le Baromètre des banques 2023, réalisé par Ernst & Young en janvier 2023, le secteur bancaire fait preuve de résilience et se trouve désormais à un tournant: en raison de la guerre en Ukraine, des prix élevés de l'énergie, de la hausse de l'inflation et de la remontée des taux d'intérêt, l'accent sera mis sur l'efficacité des coûts, la durabilité et la gestion des talents. Ces derniers constituent en effet le socle sur lequel repose le succès de la Place finan­cière et la formation en est le ciment.

Il existe plusieurs portes d'entrée pour accéder aux métiers de la finance: la majorité des collaboratrices et des collabora­teurs (43% selon l'Enquête suisse sur la population active, à fin 2020) possède un diplôme universitaire et un quart d'entre eux (27%) est issu de la formation professionnelle de base. Afin de maintenir leur niveau d'excellence, la formation continue bénéficie d'une attention accrue. La FGPF veille ainsi à assurer une offre de formation la plus complète possible en travaillant main dans la main avec tous les presta­taires concernés, que ce soit l'Université de Genève, la Haute école de Gestion Genève (HEG) ou encore l'Institut Supérieur de Formation Bancaire (ISFB). Ces efforts ont donné l'impul­sion nécessaire à une meilleure collaboration entre le secteur privé et le secteur public et ont abouti à élever la qualité de la formation bancaire à Genève. La Fintech constitue un exemple probant. Pour 30% des banques et des gérants de fortune indépendants, la réussite de l'évolution numérique passe par l'amélioration de la formation. Or, de nombreux cursus ont été mis en place dans les domaines de la banque commerciale et de détail ainsi que dans celui de la gestion de fortune, activités dans lesquelles les évolutions de l'emploi liées à la digitalisation sont les plus marquantes.

En conclusion, la place financière genevoise ne se résume pas seulement à des chiffres. Elle repose sur la diversité des acteurs qui l'animent et sur la valeur ajoutée apportée par ses 38'000 collaboratrices et collaborateurs. Il appartient à la FGPF d'identifier les besoins de la branche, de favoriser un environnement stable et d'insuffler l'esprit d'innova­tion. Mais, aujourd'hui plus que jamais, la confiance reste le maître-mot.

 

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