La hausse des taux fait apparaître d’autres fissures du système financier

BlackRock Investment Institute

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Dans un premier temps, les marchés salueront probablement les mesures politiques décisives face au choc SVB, mais les dommages commencent seulement à être pris en compte.

  • Les autorités américaines ont pris des mesures décisives pour protéger les dépôts de l'effondrement de deux banques régionales.
  • Il ne s'agit pas d'une répétition de 2008. Cependant, nous y voyons un exemple des dommages économiques et des fissures financières provoqués par la rapide hausse des taux.
  • Nous préférons les obligations d'Etat à court terme pour les revenus. La plupart des actions n’ont pas pleinement évalué les dommages économiques causes par la hausse des taux à notre avis.
Des fissures du système financier émergent après les hausses de taux

Les hausses de taux, les plus rapides depuis le début des années 1980, ont fait planer le spectre des récessions et de défaillances du système financier. Une fissure importante est apparue ce week-end avec l'effondrement de deux banques régionales américaines.

Les autorités américaines ont agi rapidement pour éviter une contagion plus large en protégeant les déposants de faillites bancaires. Le Trésor américain et la Réserve fédérale ont pris des mesures pour s'assurer que les déposants touchés par les banques régionales aient accès à leurs liquidités dès hier. La Fed a également annoncé une mesure décisive selon nous:  la mise en place d'une nouvelle facilité de prêt pour les banques, sous la forme de prêts à un an garantis par leurs portefeuilles d'obligations.

Contrairement à 2008, il ne s'agit pas d'actifs aux valorisations opaques qui encombrent les bilans des banques. Les actifs au cœur des difficultés actuelles des banques, tels que les bons du Trésor américain, sont parmi les plus liquides et les plus transparents, et les pertes peuvent être facilement évaluées. L'efficacité de ces mesures combinées s'en trouve renforcée.

Il s'agit pourtant d'une mauvaise nouvelle pour les actionnaires des banques américaines. Tout d'abord, la boîte à outils politique est maintenant équipée pour protéger les déposants, au détriment des actionnaires. Deuxièmement, le secteur bancaire dans son ensemble est responsable de tout déficit des fonds d'assurance-dépôts résultant de la protection des dépôts non assurés. Troisièmement, cet événement entraînera probablement une plus grande réglementation des banques régionales américaines qui avaient échappé à des directives mondiales plus strictes.

Nous prévoyons des répercussions sur l'économie, ce qui renforce nos prévisions de récession. Nous voyons les conditions financières et l'offre de crédit se resserrer, en particulier dans des secteurs comme celui de la technologie. Ces développements sont également susceptibles de nuire à la confiance et d'accroître l'aversion au risque. En outre, nous ne pensons pas que ces évolutions permettront à la Fed d'interrompre sa campagne de relèvement des taux - l'environnement est très différent de celui de 2008. Au contraire, en soutenant le système bancaire, la Fed peut concentrer sa politique monétaire sur la réduction de l'inflation (à son objectif de 2%).

Conclusion: Nous avons sous-pondéré les actions des marchés développés parce qu'elles ne tenaient pas compte des dégâts, selon nous. Les marchés salueront probablement les mesures politiques décisives dans un premier temps, mais les dommages commencent seulement à être pris en compte. Nous conservons une préférence relative pour les actions des marchés émergents par rapport aux actions des marchés développés. Nous avons récemment réduit notre surpondération au crédit «investment grade» et réévaluons notre point de vue en raison du resserrement des conditions financières. Nous préférons les obligations d'Etat à court terme pour les revenus, même si les rendements ont fortement baissé ces derniers jours. La baisse des rendements pourrait rapidement s'inverser car les investisseurs considèrent que la Fed poursuit ses hausses de taux. Nous préférons également les obligations indexées sur l'inflation, compte tenu de la persistance d'une inflation élevée.

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