La Grande Evasion de Barclays

Mark Holman, TwentyFour Asset Management

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Sous la pression des investisseurs, Barclays s’est retirée du financement d’une obligation municipale US.

La banque Barclays s’est retirée d’une transaction portant sur le financement d’une obligation municipale américaine qui aurait permis à l’Etat de l’Alabama de construire deux nouvelles prisons par le biais de Core Civic, une grande entreprise américaine de gestion de centres pénitentiaires.

La décision de Barclays fait suite aux pressions exercées par les investisseurs pour convaincre la banque de revoir sa politique de financement et de souscription de dette dans ce domaine soumis à controverse. Les investisseurs attachés aux principes ESG, dont nous faisons bien sûr partie, saluent la courageuse décision de Barclays de faire passer l’éthique avant le profit, mais elle n’est pas la première à sauter le pas.

Les investisseurs ESG fixent les règles

D’autres banques et de nombreux gérants d’actifs ont exclu Core Civic et d’autres sociétés de leurs portefeuilles depuis plusieurs années. Il y a un peu plus de deux ans, nous avions écrit sur la décision de JP Morgan de se retirer de ce secteur pour des raisons sociales, et évoqué les conséquences possibles de cette initiative sur le coût de l’emprunt pour les entreprises qui ne se montrent pas à la hauteur des normes attendues par les investisseurs soucieux de prendre en compte les critères ESG.      

Il faut aussi penser au préjudice de réputation qui résulte
du soutien continu aux entreprises controversées.

Après un an de gros titres consacrés à la pandémie, nous sommes heureux de voir les questions ESG revenir au premier plan, surtout avec les investisseurs américains qui ont été plus lents à adopter des principes ESG que dans d’autres parties du monde. Sous l’administration du président Biden, nous nous attendions toutefois à ce que les Etats-Unis se rattrapent.

Le financement à moindre coût soutient la performance des fonds

Dans tout cela, le point à retenir est que les considérations ESG devraient faire partie de TOUTE politique de souscription de dette: ne pas les intégrer pourrait aboutir à des baisses de notation, voire à des cas de défaut si le manque d’investisseurs intéressés est porté à l’extrême. Comment les entreprises criblées de dettes seraient-elles en mesure de refinancer leurs échéances sans la bonne volonté des investisseurs?

Les obligations vertes et les avantages liés à leur financement tendent à dominer les commentaires ESG. Toutefois, continuer à soutenir le financement à moindre coût des entreprises qui ne sont pas à la hauteur des attentes sociétales constituera un moteur plus puissant de la performance des fonds que le financement d’entreprises vertes, compte tenu de la sous-performance probable de leurs obligations et de leurs actions.  

Et si cela n’est pas une incitation suffisante, il faut aussi penser au préjudice de réputation qui résulte du soutien continu aux entreprises controversées, dans la mesure où les médias ont décidé de les montrer clairement du doigt. Dans ce contexte, l’affaire Core Civic n’a pas fini de faire parler d’elle.

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