La Fed entame la saison des baisses des taux

Arthur Jurus, Landolt & Cie

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La Réserve fédérale agira de manière préventive. En cas de récession, la banque centrale ne disposerait pas de marges de manœuvre.

99% des investisseurs attendent une réduction du taux directeur de la Fed par 25 points de base ce mercredi soir, ce qui porterait le taux directeur à 2,00-2,25%.

Une baisse du taux est-elle fondamentalement justifiée?
  • La décélération de l’activité observée au second trimestre n’est pas de nature à remettre en cause les prévisions économiques de la Fed (2,1% en 2019 et 2,0% en 2020). L’activité américaine a décéléré à 2,1% en croissance annualisée au second trimestre 2019 contre 3,1% de croissance au premier trimestre. Cette baisse est expliquée par la contraction des stocks et des exportations – des composantes volatiles. Seule ombre véritable au tableau, les investissements en capacités productives ont diminué de 0,8% en rythme annualisé – une première depuis fin 2015. Mais les intentions d’investissement évoquées dans l’indicateur ISM restent bien orientées pour 2020.
  • L’enjeu pour 2019 et 2020 concerne la consommation privée qui représente 70% du PIB. Celle-ci a accéléré au second trimestre de 1,1% à 4,3% en rythme annualisé, son plus haut niveau au cours des 18 derniers mois. Depuis, les taux Fed Fund ont augmenté de….100 points de base. Le consommateur américain continue de bénéficer de la hausse des salaires réels, du renforcement du marché de l'emploi, de la baisse des taux hypothécaires et de l'augmentation de sa richesse financière.
  • Nous n’anticipons pas de récession économique pour deux raisons: (1) la consommation privée poursuit son accélération, (2) le découplage persiste entre les indicateurs ISM dans l’industrie – qui poursuivent leur baisse – et ceux dans les services qui restent à des niveaux raisonnables. Cette dernière situation avait déjà été observée en 1998 et 2016 où le ralentissement n'avait pas été suivi d’une récession économique.
  • Selon la règle de politique monétaire de Taylor, une baisse du taux serait néanmoins justifiée. Une inflation de 1,8% et une croissance du PIB de 2,1% pour 2019 indiquent un taux d’équilibre de 2,30%. L'inflation pourrait décélérer dès le mois d'août en raison d'effets de base défavorables liés au prix du baril de pétrole. Cela impliquerait un taux d'équilibre inférieur à 2,30%, dans la nouvelle fourchette de 2,00-2,25%. Une deuxième baisse du taux sera en revanche plus délicate à expliquer. Une troisième nécessitera une révision de la prévision du PIB à 1,7% pour 2019.
Pourquoi la Fed diminuerait son taux directeur sans ralentissement marqué de l’activité?
  • La Fed agira de manière préventive. En cas de récession, la banque centrale ne disposerait pas de marges de manœuvre. Historiquement, les taux monétaires ont besoin de se réduire de 500 points de base (pb) pour stopper une récession (718pb en 1990-1991, 493pb en 2001 et 507pb en 2008-2009). La marge actuelle est de 230pb. L’objectif pour la Fed est donc de prolonger la durée d'expansion du cycle économique le plus long déjà observé (122 mois).
  • La Fed s’alignera aux attentes des investisseurs. La baisse des taux de 25 points de base mercredi est attendue. Seule une baisse surprise par 50 points de base – qui ne serait pas fondamentalement justifiée – créerait la surprise. 20% des investisseurs se sont positionnés sur ce scénario. 30% des investisseurs anticipent 2 baisses des taux en 2019, et 40% attendent 3 baisses des taux. Le risque d’une surestimation du nombre de réduction des taux directeurs par les investisseurs est donc important, ce qui pourrait impliquer une correction des marchés obligataires souverains au cours des prochains mois.
  • Le discours de Jerome Powell, président de la Fed, est plus prudent. Premièrement, ce dernier a mentionné que le taux d’intérêt neutre – qui permet de stabiliser l'inflation autour de 2% – était plus faible qu’attendu. Lors de son arrivée à la tête de la Fed, le taux neutre avait été relevé à 3,00%... Il a été revu à la baisse à 2,50% en juin dernier. Secondement, le lien entre taux de chômage et inflation serait plus faible qu’auparavant selon les dernières déclarations du Président de la Fed, ce qui suggérerait que le renforcement du marché du travail n'est pas un facteur suffisant pour éviter une inflation durablement faible.
Calendrier
  1. La Fed communiquera sa décision ce mercredi 31 juillet à 20h. La conférence de presse aura lieu à 20h30.
  2. Les Minutes seront diffusées le 21 août.
  3. Jackson Hole aura lieu le 23 août.
  4. La réunion de la BCE se déroulera le 12 septembre.
  5. La prochaine réunion de la Fed se tiendra le 18 septembre. Une mise à jour des prévisions économiques sera communiquée.
  6. La réunion de la BNS aura lieu le 19 septembre.

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