La désinflation se poursuit aux Etats-Unis

Axel Botte, Ostrum AM

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Hausse du Nasdaq grâce à la désinflation, mais la volatilité des taux à long terme persiste.

© Keystone

La problématique du plafond de la dette aux Etats-Unis ou la possible dégradation de l’Italie ne semblent pas inquiéter les opérateurs de marché, focalisés sur la possibilité d’une baisse des taux de la Fed dès cet été. L’inflation américaine, désormais sous le seuil de 5%, entretient l’espoir d’un allègement bénéfique aux actions de croissance. Le Nasdaq s’adjuge 3% sur la semaine, avec une prépondérance des plus grandes capitalisations. En Europe, les indices boursiers sont étales. Les marchés de taux restent volatils. Le T-note oscille entre 3,30% et 3,50%. Les spreads souverains ou de crédit sont stables sur la semaine écoulée. On relève toutefois des tensions persistantes sur le swap spread en zone euro. Sur le marché des changes, le dollar s’autorise un léger rebond. L’euro peine à franchir le seuil d’1,10 dollars. Le dollar néo-zélandais corrige en raison d’une baisse des anticipations d’inflation susceptibles d’infléchir l’action de la Banque de réserve de la Nouvelle-Zélande. La Banque d’Angleterre (BoE) a procédé à une nouvelle hausse des taux de 25pb.

La réunion de Jackson Hole, prévue fin août, s’annonce déjà comme un tournant possible dans la communication de Jerome Powell en vue de 2024.
Des résultats solides pour les banques européennes

Sur le plan conjoncturel, l’inflation américaine (IPC) ressort à 4,9% en avril. Hors énergie et alimentaire, l’inflation reste en revanche quasiment stable autour de 5,5%. Les loyers (réels ou imputés aux propriétaires) devraient commencer à s’infléchir au cours du deuxième trimestre ramenant graduellement l’inflation sous-jacente vers 4% à la fin de l’année. Les prix des biens importés commencent à refluer. La dynamique des prix dépendra principalement de l’évolution des coûts salariaux et du comportement de marges des entreprises. L’excès de demande de travail semble se résorber à travers une diminution des postes à pourvoir ou une inflexion à la hausse des inscriptions au chômage et des plans de licenciements. Cette détente du marché du travail est un premier pas nécessaire à une désinflation pérenne. Les anticipations d’inflation des ménages restent néanmoins à surveiller aux États-Unis comme en Europe, où l’enquête de la Banque Centrale Européenne (BCE) rapporte une hausse de l’inflation anticipée. La BCE doit encore agir sur les taux, probablement par deux fois d’ici le mois de juillet. La BoE a relevé son taux de 25pb à 4,50%, malgré deux votes dissidents préférant un statu quo. Le PIB britannique est en hausse de 0,1% au premier trimestre, grâce à une contribution surprenante de l’investissement privé. La consommation des ménages est pénalisée par l’inflation, mais les pertes de pouvoir d’achat devraient s’atténuer au cours de l’année. L’optimisme de la BoE sur l’inflation interroge, cependant, d’autant que l’institut monétaire ne prévoit plus de récession en 2023 (+0,25%). En Chine, l’inflation des prix à la consommation est nulle (+0,1% en avril) et les prix à la production reculent de plus de 3%. Dans ce contexte, la Chine exporte de nouveau de la désinflation, ce qu’on observe aux États-Unis. La reprise de l’industrie s’avère moins forte que prévu, de sorte que les prix des métaux industriels replongent depuis quelques semaines.

Les marchés d’actions sont suspendus à une hypothétique baisse des Fed funds. La réunion de Jackson Hole, prévue fin août, s’annonce déjà comme un tournant possible dans la communication de Jerome Powell en vue de 2024. Les marchés sont toujours impatients et le statu quo monétaire envisagé jusque fin 2023 pourrait justifier une correction des multiples. Au contraire, ce sont bien les valeurs les plus sensibles aux taux d’intérêt qui mènent la cote. L’écart de performance est frappant entre les cinq premières valeurs du S&P 500 et le reste de la cote. Le positionnement spéculatif, encore largement vendeur, se réduit depuis fin avril. La pression sur les banques régionales américaines perdure et le marché s’attaque aux dossiers les plus fragiles. Les indices européens digèrent une saison des résultats de bonne facture, globalement. Les banques européennes se distinguent avec des publications solides.

Sur le marché de Treasuries, la volatilité reste conséquente. Le 2 ans revient sous 4% après l’indice des prix entraînant un repli du 10 ans vers 3,40%. La pentification du segment 10-30 ans (34pb) s’affirme en revanche depuis quelques semaines et rejoint les sommets de juillet 2022. En zone euro, le Bund évolue dans une fourchette de 2,20% à 2,50%. L’effet rareté du Bund tend à écarter les swap spreads depuis l’abaissement de la rémunération des dépôts à ESTR - 20pb. Cette mesure temporaire ne saurait se substituer à une politique de prêts de titres de la BCE plus proche des standards de marché. Le swap spread à 2 ans se traite au-delà de 80pb, soit des niveaux de crise bancaire.

Le marché du crédit s’est bien comporté cette semaine avec un léger resserrement des spreads. La balance des flux, voire le niveau des spreads, pourrait pousser les spreads à l’écartement au cours des prochaines semaines. Le marché primaire est actif avec plus de 16 milliards d’euros d’émissions de sociétés non-financières sur la semaine. Le total des 20 transactions financières ajoute 14 milliards d’euros. Le high yield s’est même resserré de 3pb à 515pb contre Bund.
Sur le marché des changes, on note un rebond du dollar malgré les échéances anxiogènes liées au plafond de la dette.

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