La course à la blockchain est lancée

James Bray, Capital Group

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La technologie n’est pas seulement rapide, elle est aussi structurante. Mais sa gouvernance est encore à inventer.

Alors que l’argent devrait aujourd’hui circuler à la vitesse de la lumière, il faut encore plusieurs jours pour encaisser un chèque ou dénouer une opération en bourse. Une nouvelle technologie pourrait pourtant transformer enfin le secteur des services financiers: la blockchain.

La blockchain permet d’accélérer, de sécuriser et d’exécuter toutes sortes de transactions à moindre coût. Loin d’être seulement disruptive, c’est une technologie structurante qui pourrait révolutionner les secteurs et créer de nouvelles économies. La plupart des grands établissements financiers explorent déjà les possibilités de la blockchain, et l’ont dans certains cas déjà adoptée.

La blockchain offre de multiples applications. Il n’y a pas besoin de conserver une vaste base de données centralisée des opérations, ni de s’en remettre à un intermédiaire ou à une autorité centrale pour rassurer les parties sur la légitimité du processus. Les membres de la chaîne peuvent confirmer eux–mêmes les transactions et mettre leurs livres à jour en temps réel.

C’est infiniment plus rapide, plus sûr et moins coûteux que l’acheminement des opérations vers une base de données centralisée, avec le traitement et les vérifications que cela implique. D’après une étude menée conjointement par Accenture et Aon, la blockchain pourrait réduire de 30% en moyenne le coût d’infrastructure pour huit des dix premières banques d’investissement mondiales.

Perspective de gains financiers

Mais la blockchain n’offre pas que des avantages pratiques. Il y a aussi une perspective de gains financiers. Pour la plupart des transactions financières, les banques sont contraintes de détenir des réserves de trésorerie jusqu’au moment du règlement-livraison. Avec le dénouement instantané des opérations dans la blockchain, ces réserves pourraient ainsi être libérées et mises à profit de manière plus rentable.

Et la blockchain n’est pas seulement plus rapide, elle est aussi moins coûteuse. La commission pour envoyer de l’argent à ses proches à l’étranger s’élève actuellement à près de 4%, alors qu’une nouvelle application basée sur la blockchain permet à deux personnes de procéder sans intermédiaire et à un coût très inférieur. Les autorités de tutelle sont elles aussi intéressées, car cette technologie pourrait leur apporter la transparence et la traçabilité qui a fait défaut durant la crise financière de 2008.

La blockchain reste en proie à des obstacles

Certaines barrières demeurent, mais elles relèvent davantage de la vie économique que de la technologie elle-même. La plupart des intermédiaires intervenant dans toutes ces transactions financières joueront en effet un rôle déterminant dans l’adoption de la blockchain.

Ils ne font pas que compenser les opérations, ils apportent aussi aux parties prenantes une garantie de recours en cas de problème. Par exemple, la société Visa procède à la compensation des transactions d’achat des consommateurs, auxquelles elle apporte également la garantie de ne pas avoir à payer un produit qui s’avère défectueux. Cette «strate de gouvernance» est aussi essentielle que le traitement de l’opération. La course est donc lancée entre les établissements financiers, qui sont sous pression pour trouver comment intégrer cette strate à la technologie de la blockchain.