- Nous prévoyons une réduction des taux de 25 points de base lors de la prochaine réunion, en raison de la faiblesse des données économiques, de l'atonie de l'inflation et des pressions politiques extérieures.
- Les indicateurs économiques de la Suisse restent fragiles et les récents chiffres de l'inflation sont négatifs (-0,1%), inférieurs au consensus du marché et aux projections de la Banque nationale suisse. Cette tendance désinflationniste plaide en faveur d'un assouplissement monétaire supplémentaire.
Le jeudi 19 juin, la Banque nationale suisse (BNS) se réunira pour décider si elle modifie sa politique actuelle en matière de taux d'intérêt. Les marchés tablent actuellement sur une réduction de 32 points de base, avec des attentes allant jusqu'à 50 points de base d'ici la fin de l'année. Nous prévoyons une réduction des taux de 25 points de base lors de la prochaine réunion, en raison d'une combinaison de données économiques faibles, d'une inflation contenue et de pressions politiques externes.
Les indicateurs économiques de la Suisse restent fragiles. L'indice PMI (Purchasing Manager’s Index) de l'industrie manufacturière est récemment tombé à 42,1, ce qui indique une poursuite de la contraction du secteur[1]. Bien que le baromètre économique du KOF et les indicateurs du SECO (Secrétariat d'Etat à l'économie) se soient légèrement améliorés par rapport à avril, ils indiquent toujours des perspectives moroses. La croissance plus forte que prévu du PIB au premier trimestre (0,5%) semble être due à la constitution de stocks avant l'entrée en vigueur des droits de douane et n'est pas révélatrice d'une dynamique sous-jacente. Les développements structurels dans le secteur financier, tels que la consolidation en cours et la perspective d'exigences accrues en matière de capital pour UBS, sont également susceptibles de peser sur la croissance.
Les chiffres récents de l'inflation ont été négatifs (-0,1%), inférieurs au consensus du marché et aux projections de la BNS. Cette tendance à la désinflation plaide en faveur d'un nouvel assouplissement monétaire. Le franc suisse s'est considérablement apprécié - en particulier par rapport au dollar américain, qui se situe actuellement autour de 0,81 - ce qui a contribué à resserrer les conditions financières. Avec 32 points de base déjà pris en compte, une décision surprise de maintenir les taux pourrait entraîner une nouvelle appréciation du franc suisse, ce que la BNS préférerait probablement éviter.
La Suisse a été placée sur la liste de surveillance des devises du Trésor américain en raison de ses interventions passées. Cela ajoute une dimension politique qui pourrait limiter l'appétit de la BNS pour de nouvelles interventions sur le marché des changes. De plus, la pression actuelle à l'appréciation provient de l'USD/CHF plutôt que de l'EUR/CHF, ce qui pose un défi : le marché du dollar américain est beaucoup plus profond et plus difficile à influencer par le biais d'interventions que celui de l'euro.
Compte tenu de ces facteurs, on pourrait soutenir qu'une réduction plus agressive de 50 points de base pourrait être justifiée pour rester en tête de la courbe - une approche qui n'est pas inhabituelle pour la BNS, qui a l'habitude de surprendre les marchés. Cependant, compte tenu de l'incertitude géopolitique et économique plus large - y compris les risques tarifaires américains, les dépenses d'infrastructure allemandes, les efforts de réarmement européens, et les conflits en cours en Ukraine et au Moyen-Orient - une approche plus mesurée peut être prudente à ce stade.
Nous prévoyons donc une réduction de 25 points de base, tout en reconnaissant la capacité de la BNS à agir de manière plus décisive si les conditions extérieures se détériorent davantage.
[1] Toutes les données proviennent de Bloomberg le 13 juin 2025.