La BCGE et ses formules de financement des entreprises

Anna Aznaour

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La Banque cantonale de Genève explique sa politique de financement des entreprises locales alors qu’une initiative lui réclame le remboursement de l’aide de 3 milliards. Une sorte de stress-test selon Blaise Goetschin.

Elles se portent très bien, les 24 banques cantonales suisses. En dix ans, leur bilan collectif a presque doublé. Sur  près de 600 milliards de francs en 2017, un tiers a été injecté dans l’économie du pays sous forme d’hypothèques, de prêts aux entreprises et des supports aux collectivités. Harmonieusement ancrée dans cet essor commun, la Banque cantonale de Genève fait état de 15,7 milliards mis à disposition de l’économie régionale où une société sur trois est sa cliente régulière. Pour son point de presse habituel, l’institution a choisi comme thématique le financement des entreprises dont elle a présenté son éventail de possibilités en confirmant, au passage, son rejet ferme des revendications des initiants qui lui réclament le remboursement des 3 milliards de son sauvetage. En cas de vote en faveur de cette initiative, quelles en seraient les conséquences pour les PME genevoises? «Cette voie-là n’est pas praticable, et il s’agirait de rien d’autre que d’un stress-test pour notre établissement dans la mesure où notre situation financière est saine», affirme Blaise Goetschin, le président de la direction générale de la BCGE. 

Solutions pour petits et grands 

Les petites entreprises – moins de 15 collaborateurs et un chiffre d’affaires inférieur à 3,5 millions de francs – représentent plus de 36% des emplois en Suisse. Ces PME constituent 82% des entreprises suisses, à qui la BCGE propose une offre standard de crédit qui se veut simple et rapide. La condition de trois ans d’existence pérenne de l’entreprise y est abrégée à une année pour autant que ses finances soient saines. «Ce produit permet de financer des besoins compris entre 20’000 et 150’000 francs sur des durées qui vont de 36 à 60 mois, avec des remboursements trimestriels ou à l’échéance au taux dès 3,9% et des frais de dossier très limités», explique Sébastien Collado, chef de la division Financement PME et indépendants. Par ailleurs, depuis vingt ans, la BCGE opère une activité de leasing de véhicules et depuis douze ans de leasing de biens d’équipement (ex. machine, outils, etc.), particulièrement appréciée de ce type de clientèle. Ainsi, quelques 10’200 entreprises et clients indépendants bénéficient de 1'813 financements pour un montant total de 435 millions de francs.

«Si l’Asie est touchée par une guerre commerciale,
Genève sera impactée par le biais de ses 30% d’exportations vers ce continent.»

Quant aux solutions pour  actionnaires et  entrepreneurs, la BCGE a créé en 2008 une filiale baptisée Capital Transmission SA dans le but de financer l’expansion à long terme et la transmission d’entreprises. Virginie Fauveau, sa directrice note: «L’enveloppe d’investissement de 75 millions est entièrement composée de fonds propres de la BCGE et notre action ne concerne en aucun cas la restructuration de la dette de nos clients mais l’augmentation de leur capital afin de soutenir leur croissance». En dix ans d’activités, 41 millions ont été investis dans 15 sociétés en Suisse et en France dont celle, reconnue, qui fabrique le contrôle-commande des véhicules ferroviaires. Dans une logique de soutien, la filiale ne s’immisce pas dans la gestion de la société qu’elle finance dans une fourchette allant de 500'000 à 15 millions de francs. Ces interventions flexibles concernent également le rachat des actions en qualité d’actionnaire minoritaire, absent du Conseil d’administration de la compagnie en question. Une marge de manœuvre importante est également offerte à la clientèle pour leurs activités financières sur la Toile. 

Le marché du Forex en ligne

Afin d’offrir aux entreprises l’opportunité d’effectuer des opérations de change en ligne, la BCGE s’est associée avec une société fintech genevoise. L’application créée – ForXchange by BCGE – est une plateforme dédiée uniquement au Forex. Parmi ses avantages, la possibilité de traiter les principales paires de devises et métaux précieux en temps réel, 24 heures sur 24 et six jours sur sept. La gestion des ordres est limitée, l’accès à l’historique des transactions disponible et toutes les opérations sont visibles en compte. La compétitivité des cours de change fait partie du lot des avantages. Yves Spörri, chef de la division Entreprises et clients institutionnels, souligne également la mise à disposition de leur équipe d’ingénieurs financiers chargés de faciliter la fusion, l’acquisition ou la revente des entreprises de leur clientèle. En matière de crédit, une enveloppe de 3,3 milliards de francs est mise à disposition de 1'230 moyennes et grandes entreprises situées en Suisse et en France.

En cas de guerre commerciale 

Si l’économie suisse en général et celle de Genève en particulier se portent bien, c’est grâce à la croissance européenne et asiatique ainsi qu'au commerce mondial. Mais le dérapage mondial n’est pas à exclure. «Les secteurs directs qui seraient les plus impactés en cas d’une guerre commerciale seraient ceux de l’automobile et des semi-conducteurs dans la mesure où les investissements en équipements dans les exportations mondiales sont de 30%. Dans le cas où l’Asie serait touchée, Genève serait impactée également par le biais de ses 30% d’exportations vers ce continent», analyse Valérie Lemaigre, économiste en cheffe de la BCGE. D’après cette spécialiste, les événements politiques ne sont généralement pas majeurs et ne changent pas les scénarios économiques sauf s’ils touchent les taux de change et les prix du pétrole, avec le Venezuela et l’Iran comme exemple. En cas d’une crise mondiale, Genève en tant que centre de négoce international serait directement concerné…