Pour les investisseurs, la réunion de la Banque centrale européenne du 12 septembre sera l’occasion de mettre à profit les tensions sur les taux et les spreads.
Lors de sa réunion du 12 septembre, la BCE devrait annoncer des mesures concrètes de stimulus monétaire, en droite ligne avec le discours tenu lors du dernier comité de politique monétaire le 25 juillet. Nous attendons l’annonce d’une baisse des taux, l’introduction d’un système de paliers pour la taxation des réserves excédentaires des banques, ainsi qu’une forward guidance renforcée. En l’absence de consensus des membres du conseil, il est peu probable que la BCE annonce la reprise des achats d’actifs à ce stade.
Les marchés devraient être déçus. Pour les investisseurs, ce sera l’occasion de mettre à profit les tensions sur les taux et les spreads.
Lors de sa dernière réunion du 25 juillet, le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne avait validé l’approche énoncée par Mario Draghi à Sintra le 18 juin. Selon celle-ci, la BCE se tient prête à prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver la croissance et se rapprocher de son objectif d’inflation de 2%. Le Conseil avait alors mandaté les équipes de la BCE pour examiner toutes les options de stimulus monétaire, y compris la reprise des achats d’actifs.
Depuis, le contexte s’est dégradé:
- la décélération de la croissance en zone euro, et notamment en Allemagne, s’est confirmée;
- l’inflation reste anémique en zone euro, avec un CPI à 1% et un Core CPI à 0,9% en août;
- les risques politiques et géopolitiques ont franchi un cran supplémentaire, avec des tensions commerciales accrues entre les Etats-Unis et la Chine et un risque de no-deal pour le Brexit de plus en plus tangible;
- les anticipations d’inflation (le swap 5y5y) sont de nouveau proches des niveaux les plus bas, à 1,20% au 4 septembre, preuve que les marchés doutent de la capacité de la BCE à remonter l’inflation;
- enfin, la Réserve fédérale américaine a baissé ses taux en juillet.
Le 12 septembre, la BCE devrait donc annoncer des mesures concrètes soit, dans notre scénario, une baisse du taux de dépôt de 10pb, la mise en place d’un système de tiering, un système différencié avec des paliers pour la taxation des réserves excédentaires des banques, et un renforcement de la forward guidance, avec un engagement explicite que les taux directeurs resteront bas pour longtemps.
En revanche, il est peu probable qu’elle annonce la reprise des achats de titres à ce stade. Les commentaires récents des membres du Conseil des gouverneurs indiquent une absence de consensus sur l’opportunité d’un nouveau QE, même si l’option reste sur la table. Par ailleurs, la Banque centrale européenne souhaite sans doute se garder des marges de manœuvres pour pouvoir faire face à une détérioration plus prononcée de l’environnement économique et politique, et laisser un outil à sa prochaine présidente. Enfin, la BCE cherche peut être à retrouver une certaine liberté par rapport aux marchés, dont les anticipations sont si fortes qu’elles risquent de prendre en otage les banques centrales.
Les marchés, qui ont anticipé un package plus important, avec une probabilité de 80% pour une baisse des taux de 20bp et l’annonce d’un nouveau QE, devraient être déçus. Pour les investisseurs, il s’agira de profiter des tensions éventuelles sur les taux et les spreads pour passer à l’achat en zone basse, (buy on dips), notamment en renforçant la duration sur les souverains et en accroissant son exposition au crédit.