L’Investment Management, pilier de la place financière suisse

Yves Hulmann

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L’activité qui gère 3’400 milliards de francs a amélioré ses recettes d'un cinquième en un an, selon SwissBanking.

De nombreuses publications au sujet de la place financière helvétique distinguent habituellement entre gestion de fortune et gestion d’actifs. Une nouvelle étude, réalisée conjointement par l’Association suisse des banquiers (ASB), ou SwissBanking en anglais, et le cabinet de conseil The Boston Consulting Group (BCG), met, elle, l’accent sur l’«Investment Management», qui comprend l’ensemble des activités de gestion de fortune effectuées pour des clients à la fois institutionnels et privés. Cette activité, qui réunit 3’400 milliards de francs d’actifs sous gestion à la fois dans la gestion d’actifs (Asset Management) et la gestion de fortune (Wealth Management), a généré des recettes de 20 milliards de francs en 2017, contre 17 milliards en 2016.

2’200 milliards pour la gestion d’actifs proprement dite

Comment SwissBanking et BCG calculent-ils ce montant de 3’400 milliards de francs, qui correspond environ cinq fois la taille du PIB helvétique? Pour y parvenir, les auteurs du rapport ont cumulé des montants issus de différents segments d’activité. Il s’agit, dans l’ordre, d’une somme de 2’208 milliards de francs en ce qui concerne la gestion d’actifs, émanant d’une étude réalisée par l’institut IFZ et l’Asset Management Platform (AMP). S’y ajoutent les mandats discrétionnaires pour le compte de clients institutionnels à hauteur de 947 milliards, puis des placements collectifs de capitaux avec 880 milliards. Viennent ensuite différentes activités comme les mandats de conseils pour des clients non institutionnels (547 milliards) ou encore des mandats discrétionnaires pour des clients non institutionnels (529 milliards). 

Un tiers des actifs sous gestion
est géré pour le compte de clients étrangers.

En résumé, les «Investment Managers» font le lien entre, d’un côté, l’univers d’investissement incluant toutes sortes d’instruments de placements (obligations, actions, fonds, etc.) et, de l’autre, les différentes catégories d’investisseurs (caisses de pension, assureurs, family offices, investisseurs privés, etc.). En revanche, l’«Investment Management» n’inclut pas les activités de vente ou de distribution de produits, ni les services liés aux activités d’investissement, a précisé jeudi August Benz, le vice-directeur de l’ASB.

Une activité d’exportation

Autre aspect sur lequel insistent les auteurs de l’étude: sur le total de 3400 milliards de francs d’actifs sous gestion estimé pour 2017, environ un tiers était géré pour le compte de clients étrangers, ce qui fait de l’«Investment Management» aussi une « activité exportatrice». Cela signifie-t-il aussi que l’essentiel des emplois liés à cette activité sont basés en Suisse? C’est le cas, selon Daniel Kessler, managing partner chez BCG Suisse: «Le critère clé est celui de l’endroit où les décisions d’investissement sont prises. En ce qui concerne l’Investment Management, les décisions centrales en matière d’investissement sont effectivement prises en Suisse, même s’il se peut que certaines fonctions complémentaires soient parfois fournies depuis l’étranger», analyse le consultant.

Plus de 54’000 emplois en Suisse

La présentation de l’étude a aussi été l’occasion pour les représentants de l’ASB de plaider en faveur de l’élimination de certaines barrières fiscales pénalisant la place financière suisse en comparaison internationale, notamment en supprimant les droits de timbre et en réformant l’impôt anticipé, ce qui au final «permettrait d’attirer de nouvelles affaires dans notre pays», selon l’association.
Cela d’autant plus que les activités liées à l’«Investment Management» ont un poids important dans l’emploi au sein du secteur financier. Selon l’étude de l’ASB et de BCG, l’«Investment Management» représente en tout plus de 54’100 emplois en équivalents à plein temps, soit près du tiers (32%) des postes existant dans l’industrie suisse des services financiers (hors assurance).

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