L’inflation pour les mauvaises raisons

Salima Barragan

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Stabilité des prix ou des marchés boursiers: la Fed devra choisir. Avec Mark Nash de Jupiter AM.

Parce que l’inflation est bien partie pour s’installer jusqu'en 2022, la Réserve fédérale, qui réduit ses achats d’actifs, n'envisage pas de remonter ses taux immédiatement après. Les marchés évaluent les options de la Fed dont la politique monétaire est devenue moins prévisible. La banque centrale américaine devra choisir entre la stabilité des prix économiques et les marchés boursiers. «Le premier trimestre caractérisé par une forte croissance et une faible inflation a disparu et, avec lui, la possibilité d’une reflation des actifs macroéconomiques», estime Mark Nash, responsable de la stratégie absolut return chez Jupiter AM.

APLATISSEMENT DE LA COURBE DES RENDEMENT

Invitée surprise de ce deuxième trimestre, la volatilité macroéconomique qui vient jouer les trouble-fête met un terme à des courbes de rendement pentues, fondées sur la conviction que les banques centrales resteraient attentistes jusqu'à une reprise durable et des taux de croissance plus élevés. «Au cours de l'été, la croissance s’est affaiblie et la réouverture des services était décevante, ce qui a créé des contraintes d'offre qui renforcent les attentes d'inflation», explique Mark Nash pour qui l'aplatissement de la courbe pointe la faille de l'économie sous-jacente: l'inflation pour de mauvaises raisons.

Les marchés ainsi que les banques centrales prennent désormais moins de risques.
PAS DE RETOUR DE LA STAGFLATION

Le gonflement des prix – que le consensus qualifiait de transitoire en début d’année – semble devenir persistant et pourrait rester élevé jusqu’en 2022. «Il est peu probable que l’inflation baisse avant la fermeture des écarts de production», affirme Mark Nash. La dernière combinaison d’inflation élevée et d’une croissance anémique, lors du choc pétrolier des années 1970, avait conduit à des mouvements frénétiques sur les rendements des obligations de premier rang à court terme. Peut-on cependant de nouveau évoquer la stagflation? «Le rythme de la conjoncture, même s’il est en-dessous de sa tendance, reste solide. Le terme semble une peu alarmiste», répond le spécialiste.

Un environnement face auquel les banques centrales devront laisser courir l'inflation au-dessus de leurs objectifs durant une certaine période. «Les marchés ainsi que les banques centrales prennent désormais moins de risques. Les marchés évaluent aussi le pivot des banques centrales en même temps qu'une prime de risque accrue, car les perspectives deviennent moins certaines et la prévisibilité de la politique monétaire observée depuis la crise financière touche à sa fin», explique-t-il.

STABILITé DES PRIX OU DES MARCHéS, QUE CHOISIR?

Selon Mark Nash, la Fed va se concentrer sur la croissance économique en-dessous de sa tendance. «Elle restera plus dovish qu’anticipé, et fera tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir la conjoncture». Une posture qui pèse sur les rendements obligataires ainsi que sur le dollar US, d’où un regain d’intérêt pour la dette émergente en devise locale.

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