L’inclusion des obligations d’Etat indiennes

Salima Barragan

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Les indices phares s’apprêtent à intégrer la dette souveraine indienne. Avec Lee Collins de LGIM.

Selon une note de LGIM, la dette de la sixième économie mondiale est sous-représentée dans les portefeuilles, alors que les économistes anticipent une reprise de la croissance et un PIB de 9,1% pour 2022. La remontée des taux américains justifie certainement un appétit moindre pour ces actifs sensibles au rendement des bons du Trésor. Pourtant, Lee Collins qui est responsable des indices Fixed Income chez Legal & General Investment Management (LGIM), estime que l'écart entre les obligations d’Etat indiennes à 10 ans et le taux directeur proche de son plus haut niveau sur 20 ans signifie que ces titres libellés en roupie indienne sont très bon marché.

Sous-représentation des titres indiens

Si la dette souveraine indienne ne figure encore dans aucun indice des marchés émergents, elle ne manque pas d’atouts: elle offre un rendement de plus de 6,5% pour une notation de qualité. «La propriété étrangère de la classe d'actifs est actuellement inférieure à 2% à cause des quotas historiques sur la possession en mains non locales et des difficultés opérationnelles pour accéder aux IGB en monnaie locale», explique Lee Collins.

Les marchés émergents sont souvent obligés d’aligner leur taux d'intérêt avec la Fed pour défendre leur devises.

Mais l’intégration des obligations indienne est éminente. «L'Inde qui est en train de libéraliser ses marchés financiers s'apprête à rejoindre une série de grands indices», poursuit Lee Collins. Le pays figure déjà sur la liste de surveillance de l’indice d’obligations émergente en monnaie locale de JP Morgan. L'inclusion dans cet index phare pourrait déclencher 30 milliards de dollars d'afflux sur le marché. L'émission d'obligations d'Etat FAR (Fully Accessible Route), exemptes de quotas et plus faciles d’accès aux individus étrangers, précise la libération à venir.

L’essor économique de ce grand pays a permis d'atténuer la volatilité de sa devise. «Comme d'autres pays émergents à croissance rapide, l’Inde maintient un déficit modeste de sa balance courante. Cependant, son statut en tant que l'une des destinations les plus attrayantes pour les investissements directs étrangers provient du fait qu'elle a une balance des paiements positive et qu'elle a constitué la quatrième plus grande réserve de devises du monde, avec une augmentation significative du solde au cours des dernières années», souligne Collins Lee. L’augmentation conséquente de ses réserves de change donne un indice sur le niveau d'appréciation de la roupie indienne et sur les perspectives de la Reserve Bank of India (RBI). Les mesures des taux de change réels de la RBI, pondérées en fonction des échanges commerciaux, démontrent que la monnaie est correctement évaluée. Le consensus Bloomberg table sur un taux de change de 75 roupies pour un dollar d’ici la fin de l’année, en ligne avec le cours actuel.

Réaction face à la hausse du taux d’intérêt américain

Les marchés émergents sont souvent obligés d’aligner leur taux d'intérêt avec la Fed pour défendre leur devises. Mais «l'Inde n'est pas particulièrement vulnérable à un affaiblissement de sa monnaie et à une hausse de l'inflation qui y serait associée», estime Lee Collins pour qui le déficit courant modeste rendrait la roupie indienne résistante à des taux mondiaux plus élevés. «L'écart entre les obligations à 10 ans et le taux directeur est proche de son plus haut niveau sur 20 ans, ce qui signifie que les obligations à long terme sont actuellement très bon marché. En ce qui concerne la corrélation des taux à long terme avec leurs homologues américains, l'Inde se situe dans la moyenne de ses pairs des marchés émergents», conclut Lee Collins.

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