L’esprit créatif de la sous-traitance horlogère

Salima Barragan

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La sous-traitance horlogère suisse étend son rayonnement au-delà de l’horlogerie. Le point de vue de François Billig, CEO d’Acrotec.

Les revenus de l’horlogerie suisse sont toujours bien orientés à la hausse même si depuis le début de l’année, le volume a baissé de 13,5%. Mais l’industrie de la sous-traitance horlogère a entamé un mouvement de diversification et transfère les compétences de son métier de base, la micro mécanique de précision, à l’aéronautique et la medtech. Avec de la créativité, il y a de belles opportunités pour les sociétés horlogères en dehors de leur créneau habituel.

DIVERSIFICATION DES Activités

Ce n’est pas à cause de perspectives négatives sur le marché que cette tendance de fonds a émergé. La Suisse, produit tout de même 8 millions de montres mécaniques par année, mais le volume des ventes n’augmentera pas davantage, à cause de la concurrence des montre connectées.

La sous-traitance horlogère suisse entend étendre son rayonnement
au-delà de son secteur habituel à la conquête de nouveaux marchés.

Néanmoins, beaucoup d’acteurs du secteur estiment qu’une diversification des activités permettra de traverser d’éventuelles crises avec plus sérénité. Les effets de la guerre commerciale et du ralentissement chinois ne semblent pas s’être encore matérialisés. Mais les statistiques, dépourvues de vision globale, ne reflètent pas la réalité du marché. «Nous sommes sensibles à ce conflit mais les statistiques ne sont pas pertinentes car les effets des stocks ne montrent pas les chiffres du «selling out», qui serait un meilleur indicateur», déplore François Billig, CEO d’Acrotec, une société de sous-traitance.

Ainsi, le groupe qui compte une quinzaine de sociétés sous son aile, ambitionne de réduire la part de ses activités horlogères de 50% à 30%, au profit des industries médicale, aéronautique, automobile et électronique par de la croissance organique et externe. «Nous ne ferons pas du médical au détriment de l’horlogerie, mais développons un pôle médical solide, ce qui n’est pas antinomique», souligne François Billig. Ainsi, la sous-traitance horlogère suisse entend étendre son rayonnement au-delà de son secteur habituel à la conquête de nouveaux marchés.

La micro mécanique de précision se transpose
dans les activités industrielles les plus inattendues.
CONCURRENCER LES Américains DANS LA MEDTECH

Avec l’espérance de vie en augmentation et l’essor des prothèses médicales, la medtech est la priorité du sous-traitant qui y exporte son savoir-faire et certaines applications. «Les implants reposent sur des mécanismes micros, et grâce aux années d’expérience en frottement et miniaturisation, nous pouvons transférer des compétences de pointe», souligne son directeur qui a récemment proposé de la pierre d’horlogerie pour isoler des moteurs destinés à être insérés dans le corps humain.

La Suisse pourra bientôt rivaliser avec les américains, leaders du medtech avec sa réglementation médicale très stricte sur la traçabilité, notamment sur les segments du dentaire, de la chirurgie et de l’orthopédie. C’est aussi un marché où la contrefaçon est difficile, contrairement aux montres de luxe. «Le chemin de la traçabilité avec des numéros de série est extrême en implantologie», explique François Billig.

Avec un peu de créativité, la micro mécanique de précision se transpose également dans les activités industrielles les plus inattendues. «Au gré des rencontres, nous proposons de nouvelles solutions», se réjouit-il. Il a fourni à l’aérospatial des pièces pour les mouvements des caméras, des instruments de grande précision pour une écurie connue dans la formule un, ainsi que de la pierre d’horlogerie pour des buses utilisées pour dégrapper les routes américaines.