L’environnement reste favorable aux emprunts à haut rendement

AXA Investment Managers

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Les spreads se rétrécissent et peuvent atténuer l’effet baissier de cette hausse sur les cours, explique Carl Whitbeck, Manager de la stratégie US Short Duration High Yield Bonds.

 

Moins de deux semaines après son plus haut de janvier 2018, le marché américain des actions a entamé son plus net recul depuis longtemps. La volatilité sur ce marché contraste pourtant avec les conditions économiques favorables qui prévalent aux États-Unis: malgré la remontée progressive des taux, on attend une croissance du PIB de 2 à 3%. Les bénéfices des entreprises aussi semblent bien se porter, et la récente réforme fiscale devrait même leur donner un coup de pouce. Malgré cela, les investisseurs s’inquiètent du relèvement des taux par la Fed, dont pourraient pâtir bien des placements à revenu fixe. «Cela ne concerne pas vraiment les emprunts à haut rendement», rectifie Carl «Pepper» Whitbeck, Manager de la stratégie US Short Duration High Yield Bonds chez AXA Investment Managers. «À notre avis, l’environnement restera propice à cette classe d’actifs.»

L’expérience a montré que lors d’un durcissement de la politique monétaire, les valeurs à rendement élevé s’en sortent généralement mieux, car, la plupart des titres en circulation étant remboursables, ils constituent une classe d'actifs à la duration relativement faible. «Qui plus est, les spreads sont normalement inversement corrélés aux taux d’intérêt. C'est pourquoi, dans un contexte de hausse des taux, les spreads se rétrécissent et peuvent atténuer l’effet baissier de cette hausse sur les cours», explique Whitbeck. Selon lui, le taux de défaillance restera sous la barre des 2%, ce qui pourrait signifier, dans un environnement de hausse des taux, la possibilité d’engranger des revenus de type coupon.

PRIVILÉGIER LES ÉCHÉANCES COURTES

Selon l’expert, la duration courte conviendrait très bien à ce type d’environnement. «La stratégie implique un haut niveau de rotation naturelle, car les émetteurs retirent leurs obligations du marché suite aux mesures prises par les entreprises et à leur échéance. Cela entraîne un reflux de liquidités dans le portefeuille, qui sont ensuite réinvesties. Notre stratégie peut donc s'adapter dans un contexte de hausse des taux», conclut Whitbeck.

Dans tous les cas, les investisseurs doivent garder à l’oeil le cours du pétrole: «Dans le haut rendement, le secteur de l’énergie est le plus important. Si le cours du baril passe sous la barre des 50 dollars US, la prudence est de mise», prévient Whitbeck. Les bilans des entreprises du secteur énergétique sont cependant plus solides aujourd'hui qu’il y a quelques années encore. Même si les cours du brut baissent, le secteur reste extrêmement résilient.

Le secteur de la santé est maintenant devenu un intéressant terrain de chasse. Ce secteur jusqu’ici défensif, aux valorisations bien établies, a récemment été au coeur d'un nombre grandissant de débats portant sur la politique de santé des États-Unis – d’où fluctuations des cours –, et il est largement prouvé que la présidence de Donald Trump a contribué à renforcer le phénomène. «Ces distorsions ont cependant donné lieu à des opportunités de placement intéressantes», poursuit Whitbeck.

Le secteur de la technologie également recèlerait un certain potentiel si l'on se base non pas sur une analyse top-down, mais sur l’évaluation des fondamentaux. D'après Whitbeck, de nombreuses entreprises sont mal évaluées par les agences de notation parce que leur modèle d'affaires implique un faible engagement de capital. «De nombreuses entreprises technologiques ont des marges très élevées et une très bonne dynamique de cash flow. Pour moi, c’est un critère bien plus important et plus attrayant que les bilans au volume d'actifs impressionnant.»

Pour le reste de l’année, notre expert continuera de s’intéresser aux entreprises de qualité dont les indicateurs de solvabilité s'améliorent. Actuellement, il s’en tient à son positionnement qui consiste à surpondérer les placements à duration courte. C’est une stratégie moins exposée à la volatilité que l’ensemble du marché.

Whitbeck évite certains domaines du commerce de détail et des télécommunications qui se trouvent déjà dans un mouvement de reprise à long terme. Il sous-pondère par ailleurs les obligations de qualité plus sensibles à l’évolution des taux, jusqu'à ce qu'elles offrent de meilleures opportunités de rendement. «Si les deux principaux risques de marché résident dans le débordement de la volatilité des marchés actions sur les emprunts à haut rendement et dans un environnement de hausse des taux, notre stratégie de duration courte est à notre avis suffisamment protégée et bien positionnée pour résister aux éventuelles turbulences», conclut Whitbeck.