Après des années de stagnation dans la Zone Euro, les salaires y augmentent depuis le début de 2018 à leur rythme le plus rapide en 6 ans.
Actuellement principalement soutenue par la progression de l’emploi, la hausse des salaires devrait se poursuivre en Zone Euro ainsi qu’au Royaume-Uni. La baisse du taux de chômage explique plus des 2/3 de la hausse des salaires en Zone Euro depuis le deuxième trimestre 2017, et environ les 3/4 au Royaume-Uni. Hormis en France, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, les gains de productivité n’ont qu’un effet marginal sur la croissance des salaires et se sont d’ailleurs peu repris depuis la crise financière de 2008, notamment au Royaume-Uni.
En dépit du ralentissement de la croissance économique cette année, les perspectives en matière d'emploi et les taux de postes vacants restent élevés et concordent avec une création d'emplois solide. La dynamique des salaires devrait donc s’accélérer.
Des facteurs plus structurels influent également sur les salaires, tels notamment les facteurs démographiques, la concurrence de la main d’œuvre étrangère ou la perte de vitesse de la négociation collective et les mesures de réduction des inégalités en matière salariale.
L’accélération des salaires en Zone Euro et au Royaume-Uni se répercutera sur l’inflation, via un processus lent, ce qui explique sans doute l’absence d’effet sur l’inflation sous-jacente pour l’heure. Il est également possible que le ralentissement de la croissance économique incite les entreprises à retarder la répercussion de la hausse des salaires sur l’inflation en réduisant leurs marges bénéficiaires solides. (Selon notre modèle, un point de pourcentage (pp) de croissance annuelle des salaires se traduit par 0,2 pp de hausse de l’inflation.)
La hausse de l'inflation sous-jacente continuera de soutenir la normalisation de la politique monétaire par la BCE, dont il est peu probable qu’elle change de cap. Nous estimons que la BCE mettra fin au QE en décembre comme prévu et relèvera ses taux pour la première fois au troisième trimestre 2019. La Banque d’Angleterre, elle, continuera de suivre de très près le dénouement du Brexit avant de lever ses taux.