L’Amérique latine prospère de la flambée des matières premières

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Selon Xavier Hovasse, le réal et les actions brésiliennes enregistreront une belle performance cette année.

Les gagnants, dans une guerre, sont ceux qui n’ont pas participé. À l’heure d’écrire ces lignes, les titres russes dont les cotations sont suspendues ont perdu une grande partie de leur valeur. La flambée des matières premières causée par le conflit en Ukraine est manifestement en faveur de l’Amérique latine, notemment le Brésil qui est un grand exportateur de pétrole et de produits agricoles. Le point avec Xavier Hovasse, Responsable des actions émergentes chez Carmignac.

Les titres russes réduits à néant

En raison de la rupture de la Russie avec le monde occidental, les grands indices des blocs émergents ont exclu l’univers d’investissement russe. Les cotations des titres enregistrés à la bourse de Moscou, des ADR russes traités sur le marché américain comme Yandex, ou encore des GDR russes échangés sur la place de Londres, ont été suspendues. «Certaines actions ont perdu 80%. Nous les estimons à des valorisations avoisinantes à zéro» explique Xavier Hovasse.

Si la Chine s’allie militairement avec la Russie, elle serait visée par une série de sanctions occidentales à un moment où elle est déjà en mauvaise posture.
L’Amérique latine nette exportatrice

Sur fond de conflit, la hausse des cours du pétrole, du gaz et du blé a entrainé dans sa spirale toute une série de produits agricoles corrélés les uns aux autres. Pendant que la facture énergétique d’une Europe dépendante aux carburants fossiles s’alourdit, l’Amérique latine qui est une nette exportatrice de matières premières, double ses profits. Le Brésil fournit du pétrole, du soja et du sucre. Le Chili qui cultive du maïs, extrait  aussi du cuivre, tandis que la Colombie et le Mexique exportent de l’or noir. «La décennie problématique du continent à cause des questions politiques est achevée. Nous avions vu l’effondrement du réal brésilien à la suite du scandale de Petrobras, du peso colombien, chilien et argentin ainsi que des défauts de paiement au Venezuela, en Argentine et en Equateur. Les termes des échanges se sont améliorés et les monnaies sont bon marché. Les actions de ces pays ainsi que leurs devises profitent de la majoration des cours des matières premières», souligne Xavier Hovasse qui voit le Brésil, négligé en 2021, se profiler comme l’un des gagnants des tensions géopolitiques. «Ce grand État qui exporte de tout va bientôt élire son nouveau Président. Lula qui est le favori compte s’allier avec un centriste, ce que les marchés regardent d’un bon œil», estime le gérant exposé aux valeurs brésiliennes ainsi qu’au réal brésilien.

Des points d’entrée sur les actions chinoises

Les déboires de l’immobilier, les tensions avec les États-Unis au sujet des entreprises chinoises cotées puis de-listées de la bourse de New York, les attaques des régulateurs sur les géants technologiques nationaux co-existaient déjà avant le début de l’invasion. Si la Chine s’allie militairement avec la Russie, elle serait visée par une série de sanctions occidentales à un moment où elle est déjà en mauvaise posture. La chute des actifs chinois semble pronostiquer la possibilité d’un tel scénario. «La correction a ramené l’indice au niveau de 1993 alors que le PIB de la chine était 40x moindre», relève Xavier Hovasse pour qui le marché anticipe un nouvel ordre international composé d’un bloc sino-russe coupé du monde occidental. «Pour l’instant, cette exagération constitue une opportunité unique d’achat avant un rebond, car les probabilités d’une telle union sont faibles. Certains titres s’échangent pour la moitié de la valeur de leurs liquidités. D’ailleurs, les Chinois n’interviennent en général pas dans les conflits étrangers. Nous n'excluons pas le risque d'un rapprochement, mais vu l’état de l’économie russe qui s’effondre, les Chinois devraient réfléchir à deux fois avant de participer à cette guerre qui les mènerait à des sanctions occidentales», conclut-il.

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