Le rendement à échéance du bon du Trésor américain à 10 ans a augmenté au niveau le plus élevé depuis 2007
- L’économie américaine fait désormais office de dernier îlot de croissance
- La Banque centrale européenne a laissé ses taux directeurs inchangés
- La plupart des cours boursiers ont reculé en octobre
Si l’économie mondiale continue à ralentir, l’économie américaine défie encore la gravité, écrivent Guy Wagner et son équipe dans leur dernier rapport d’analyse sur les marchés financiers, les «Highlights».
«En première estimation, le produit intérieur brut des Etats-Unis au troisième trimestre a fortement réaccéléré pour afficher une croissance trimestrielle annualisée de 4,9% sous l’effet du creusement du déficit public, d’une consommation très dynamique et d’un fort effet de restockage de la part des entreprises», dit Guy Wagner, chief investment officer (CIO) de la société de gestion BLI - Banque de Luxembourg Investments. «Néanmoins, les niveaux atteints en termes de dépenses publiques, de taux d’épargne et de stocks rendent ce schéma difficilement soutenable, l’environnement étant certainement plus fragile que les chiffres de croissance ne le suggèrent.»
Dans la zone euro, le PIB s’est quant à lui replié de 0,1% en glissement trimestriel et ne progresse plus que de 0,1% sur un an «avec une dynamique inquiétante». En Chine, les annonces de mesures de soutien et d’un plan de relance budgétaire ne suffisent pas à redynamiser les indicateurs d’activité qui, après un petit sursaut en septembre, se sont à nouveau dégradés en octobre aussi bien dans les activités de services que manufacturières. Au Japon, la faiblesse généralisée de la demande externe impacte désormais la production industrielle qui s’est repliée fortement ces deux derniers mois. «Globalement, l’économie américaine, pour des raisons qui semblent spécifiques et temporaires, fait donc désormais office de dernier îlot de croissance dans un monde en ralentissement généralisé où les effets du resserrement monétaire continuent à se faire sentir», précise l’économiste luxembourgeois.
Conformément aux attentes, la Réserve fédérale américaine a laissé inchangée la fourchette cible du taux des fonds fédéraux à 5,25% - 5,50% lors de sa réunion du 1er novembre. Son président Jerome Powell a laissé entendre que le repli progressif de l’inflation couplé à la remontée des taux longs sur les marchés obligataires permettait d’envisager une pause durable sur ces niveaux et donnait désormais un peu de temps à l’institution pour analyser les effets des hausses passées sur l’économie. Dans la zone euro, la Banque centrale européenne a laissé ses taux directeurs inchangés après dix relèvements consécutifs. Le taux de refinancement est donc stable à 4,5%. La présidente Christine Lagarde a suggéré que la politique monétaire serait dépendante des données publiées mais que la tendance désinflationniste qui s’est installée ces derniers mois fournit un peu de confort pour faire une pause.
En octobre, les rendements à échéance sur les marchés obligataires ont continué à se tendre aux Etats-Unis, surtout en début de mois et sur les maturités les plus longues, en raison de la résilience de l’économie. Ainsi, le rendement à échéance du bon du Trésor américain à 10 ans a augmenté au niveau le plus élevé depuis 2007. Dans la zone euro, les mouvements sur les marchés obligataires furent nettement moins prononcés.
Globalement, la plupart des cours boursiers ont reculé en octobre, affectés par la remontée des taux longs américains, l’éclatement de la guerre entre Israël et le Hamas et une saison de publication de résultats décevante. Ainsi, l’indice des actions mondiales MSCI All Country World Index Net Total Return exprimé en euros a reculé de 2,9% sur le mois. Au niveau régional, le S&P 500 aux Etats-Unis a baissé de 2,2% (en USD), le Stoxx 600 en Europe de 3,7% (en EUR), le Topix au Japon de 3,0% (en JPY) et l’indice MSCI Emerging Markets de 3,9% (en USD). «Au niveau sectoriel, les services aux collectivités furent le seul secteur à afficher une évolution légèrement positive, alors que la consommation discrétionnaire, l’industrie, l’énergie et la santé ont subi les reculs les plus importants», conclut Guy Wagner.