IPO: la barre devra être placée plus haut

Yves Hulmann

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Les récentes entrées en bourse à l’international attestent du retour de la confiance sur les marchés. En Suisse, il s’agira d’éviter une répétition de 2018.

C’est un signe de plus qui atteste du retour de la confiance sur les marchés. L’entrée en bourse réussie, jeudi dernier, à la bourse de Hong Kong du géant chinois du commerce en ligne JD.com, intervenue deux semaines après le retour gagnant de la maison de disques Warner Music à Wall Street, après neuf ans d’absence sur les marchés, confirme que les investisseurs sont à nouveau prêts à mettre la main au portemonnaie pour acheter des titres de sociétés disposant d’un modèle d’affaires qui a fait ses preuves.

Et en Suisse? Après un mois de mars particulièrement houleux, suivi d'un retour à la normale très graduel, un premier candidat a tenté l'aventure. La société immobilière Ina Invest, filiale du groupe de construction Implenia, a passé le test sans trop de difficultés à la mi-juin, même si le titre se négociait vendredi un peu en dessous de son prix d’émission de 22,42 francs par action. Pour la suite, quelques candidats sont, plus ou moins officiellement, toujours en lice pour rejoindre la bourse suisse cette année.

Le profil de V-Zug est l’antithèse des nombreuses start-up
ou sociétés de croissance qui ont fait leurs débuts à la SIX en 2018.

A commencer par le fabricant de machines à laver et d’équipements de cuisines V-Zug, filiale de Metall Zug, qui devrait effectuer ses débuts à la SIX le 25 juin. Le profil de cette entreprise connue de tous en Suisse, qui sera cotée distinctement de son propriétaire actuel, est l’antithèse des nombreuses jeunes pousses ou sociétés de croissance qui ont fait leurs débuts à la SIX en 2018. S’y ajoutent encore quelques sociétés disposant de modèle d’affaires bien établis comme l’entreprise informatique Avaloq et le prestataire de services dans le domaine des cartes de crédit VFS Global qui étaient toutes deux considérés comme de potentiels candidats à l'entrée en bourse en 2020 avant l'éclatement de l’épidémie de COVID-19.

2019: une image d’ensemble très contrastée

Un bref retour en arrière sur les entrées en bourse qui ont eu lieu en Suisse durant ces deux dernières années montre que ce sont souvent les actions de sociétés disposant d’un profil déjà bien établi qui ont su le mieux traverser la crise récente.

Les sociétés entrées en bourse l’an dernier n’ont pas subi
de revers majeurs, excepté le cas spécifique d’Achiko.

Concernant 2019, le tableau d’ensemble est pour le moins contrasté: coté en bourse depuis décembre, le titre de la société immobilière Novavest affiche une hausse de 4% actuellement, tandis que l’action de la fintech d’origine indonésienne Achiko a perdu 69% de sa valeur depuis novembre dernier. Cotée en bourse depuis fin octobre, l’action du fabricant de logiciels Software One s’inscrit en hausse de 34% par rapport à sa première journée de cotation. Quant aux actions des sociétés cotées depuis le deuxième trimestre 2019, toutes s’inscrivent encore en baisse malgré le récent rebond des marchés: c’est le cas du fabricant d’emballages Aluflexpack (-11%), du constructeur de trains Stadler Rail (-7%) et de la medtech Medacta (-16%). Le titre du groupe pharmaceutique Alcon évolue, lui, à peu près au même niveau qu’à ses débuts en avril 2019.

Eviter une répétition de 2018

Les sociétés entrées en bourse l’an dernier n’ont pas subi de revers majeurs, excepté le cas spécifique d’Achiko. On ne peut pas en dire autant de plusieurs entreprises qui ont effectué leurs débuts en bourse en 2018: le titre de la société pharmaceutique Polyphor a ainsi perdu 80% de sa valeur depuis son IPO, l’action du fournisseur pour l’industrie automobile Klingelberger a reculé de 77%, tandis que la société medtech Medartis a perdu le tiers de sa valeur depuis sa première journée de cotation en mars 2018. Sans même évoquer le titre du réseau social de luxe A Small World qui évolue toujours davantage à l’image d’un penny stock.

En matière d’entrées en bourse, 2020 ne sera sans doute pas une année record en termes de volumes. Personne ne s’y attendait, même en janvier dernier. Mais la qualité vaut parfois mieux que la quantité.

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