Invesco plaide pour une intervention énergique des banques centrales

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Le chef économiste John Greenwood réclame une action urgente pour contrecarrer la crise due au coronavirus.

La propagation du nouveau coronavirus (COVID‐19) secoue les marchés et affecte l'économie mondiale. Toutefois, l'économiste en chef d'Invesco John Greenwood, estime qu'il s'agit d'un problème à court terme qui ne doit pas nécessairement plonger l'économie mondiale dans la récession. Il estime en revanche primordial que les banques centrales mondiales agissent dès maintenant et vigoureusement, afin de prendre les mesures appropriées pour éviter une crise de financement.

Greenwood explique la vive réaction des marchés à cette épidémie par le grand nombre d'inconnues autour de ce virus. Il pense en effet qu'il n'est pour l'heure encore possible d'estimer ni la gravité ni l'extension définitive de cette épidémie, ni de dire quels pays seront touchés et dans quelle mesure. Or, cela déstabilise les marchés et, à court terme, occasionne notamment un recul massif du nombre de touristes et des voyages d'affaires.

Le chef économiste d'Invesco considère toutefois que les perturbations des chaînes logistiques à l'échelle mondiale, et notamment en Asie, constituent le problème majeur. Or, c'est justement en Asie que de nombreux composants sont produits pour les fabricants du monde entier. De telles activités sont en grande partie financées en dollars américains par des banques locales, dont l'accès au financement en dollars est limité en dépit des réserves de change de leurs banques centrales respectives. Les premiers signes d'inquiétude à ce sujet se répercuteront tout d'abord sur ces marchés périphériques ainsi que - du fait de l'imbrication des flux financiers - sur des banques américaines du fait de leur rôle de fournisseur en financements en dollars, pour finalement affecter la banque centrale américaine (Fed), créancière de dollars en dernier recours.

M. Greenwood aperçoit déjà les prémices de telles difficultés sur le marché monétaire américain. Ainsi, la souscription nettement trop élevée des récentes prises et mises en pension (repo) de titres de la Fed de New-York montre bien que les opérateurs en bourse se préparent à un besoin accru en liquidités dans les 2 prochaines semaines, soit pour pouvoir couvrir les besoins en liquidités de leurs filiales en Asie, soit pour s'assurer d'être en mesure de pouvoir prendre part à l'achat des emprunts d'Etat américains, qui devrait intervenir prochainement.

Afin d'éviter la spirale infernale, la Fed a abaissé le taux directeur américain de 50 points de base la semaine dernière; or, d'après l'économiste en chef d'Invesco, cette mesure est bien trop marquée par le court terme et n'est que le reflet d'une politique monétaire qui s'est trop éloignée des besoins des marchés et qui s'est laissé induire en erreur par des théories erronées sur les bienfaits de la politique des taux d'intérêt. Car, d'après Greenwood, une véritable politique monétaire n'est pas une affaire de taux d'intérêt mais consiste à mettre à disposition une quantité appropriée de financement ou de fonds.

Il souligne la forte croissance des fonds du marché monétaire, qui sont passés de 2’600 à 3’300 milliards de dollars au cours des 12 derniers mois. Si la Fed a l'intention de n'agir que sur la baisse des taux, cela aura pour effet de rendre la courbe des taux plus abrupte et va donc entraîner un transfert des fonds du marché de financement à court terme en dollars - qui va avoir besoin de liquidités dans les semaines qui viennent - vers les obligations d'État américaines à long terme. Et M. Greenwood insiste bien sur le fait que cela ne fera à qu'aggraver le problème des liquidités.

Selon lui, la bonne solution consiste à injecter massivement des liquidités afin d'apaiser la panique actuelle, par le rachat de titres, par des opérations de repo ou encore en augmentant le volume des crédits croisés (swap) avec les banques centrales japonaise, chinoise, coréenne, taïwanaise et de Hong-Kong, solution finalement la plus appropriée.

Une fois passée la panique, M. Greenwood est d'avis que ces liquidités pourront aisément être retirées du marché, de sorte à ne pas maintenir sur le marché un excédent de liquidités potentiellement inflationniste.

En dépit de toutes les inconnues à court terme, M. Greenwood a de bonnes raisons de penser que le choc ne sera que temporaire. D'après lui, l'économie américaine est très bien armée pour affronter le moyen et le long terme. Soutenu par la bonne situation financière des entreprises et des ménages ainsi que par la croissance continue et soutenue de la masse monétaire, le cycle conjoncturel devrait donc pouvoir se poursuivre. M. Greenwood n'entrevoit pas de risque de pénurie de crédit aux Etats-Unis.

Si les banques centrales prennent dès à présent les mesures adaptées, cela pourrait, d'après M. Greenwood, limiter le marasme temporaire de l'économie et des marchés et permettre une reprise solide et durable dès l'été.

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