Hausse des taux et value ne font pas bon ménage

Thomas Planell, DNCA Invest

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L'heure pourrait être propice à un rééquilibrage de portefeuille.

Réveil économique difficile en Asie après les vacances du nouvel an chinois. Au Japon, la production industrielle plombée par le secteur automobile s'effondre en janvier, confirmant la récession technique des derniers mois. En Chine, l'activité manufacturière stagne. Les stocks d'aluminium et de cuivre s'accumulent en raison d'une reprise timide de la cadence de production. Néanmoins, le Nikkei ne cède rien de son avance (+20% depuis le début de l'année) et les actions chinoises (+10% depuis les points bas de février) retrouvent des couleurs, accompagnées par les métaux industriels. Dans les prochains jours se tiendra le grand congrès du parlement chinois, peut-être sous les auspices d'un souffle nouveau de relance. Et s'il devenait dangereux de rester pessimiste à l'égard des grands oubliés du rallye de 2023?

Même question en Europe. Dans leur ascension depuis le début de l'année, les marchés européens affichent des performances hétérogènes entre les styles. Les valeurs croissance creusent l'écart (+10%) avec leurs consœurs values qui cèdent toute l'avance engrangée au second semestre 2022. C'est le résultat d'un match double où les secteurs du logiciel (tirés par l'IA) et du luxe écrasent les bancaires et l'énergie. La contre-performance est d'autant plus violente qu'elle s'opère alors que les taux à 10 ans américains ont augmenté de 40 points de base depuis le 1er janvier. L'heure pourrait être propice à un rééquilibrage de portefeuille si l'on ne veut pas mettre tous ses œufs dans le panier d'une baisse des taux peut-être trop anticipée.

Le cap des trois baisses de taux cette année que semblent vouloir maintenir les membres d'équipage qui s'exprimaient cette semaine les conduira-t-il à bon port? Ou la FED s'abandonnera-t-elle à jeter l'ancre au large en laissant l'inflation filer au-dessus de la cible de son mandat?

Le cap des trois baisses de taux

Aux Etats-Unis, le risque de shutdown du gouvernement fédéral est évité. Mais la dette américaine enfle de 1000 milliards de dollars tous les trimestres. Alors, dans les marchés obligataires, les voix s'élèvent pour rappeler que les rendements acceptés par les investisseurs devront refléter cette gestion peu frugale des dépenses publiques.

Pendant ce temps, la composante «supercore» du déflateur PCE (Personal Consumption Expenditures price index) sonne la corne de brume. Le phare guidant la FED dans sa mesure de l'inflation continue d'illuminer les épineux récifs qui séparent le commandant Jerome Powell des havres paisibles des 2%. Le cap des trois baisses de taux cette année que semblent vouloir maintenir les membres d'équipage qui s'exprimaient cette semaine les conduira-t-il à bon port? Ou la FED s'abandonnera-t-elle à jeter l'ancre au large en laissant l'inflation filer au-dessus de la cible de son mandat?

Le dollar risquerait alors de naviguer sous la ligne de flottaison, lesté par les turpitudes de l'endettement galopant et des taux réels courts moins avantageux. A moins que l'économie américaine continue d'accabler la concurrence internationale par sa vigueur insolente. Quoi qu'il en soit, l'or ne semble pas douter de la réponse pour reprendre sa lancée et attaquer les 50 dollars qui lui restent à parcourir avant d'atteindre la cible du consensus de fin d'année (2100 dollars). Peut-être le Bitcoin, qui bénéficie de son entrée tonitruante sur le marché de la gestion passive et d'une croissance de l'offre limitée (+1,7% par an), partage-t-il les mêmes motivations…

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