Rien de tel qu'une belle histoire de prince charmant pour oublier un instant le retour de l'austérité.
Si un peu de légèreté dans ces moments de doutes économiques, politiques et géopolitiques n’ont jamais fait de mal à personne, notre rôle n’est pas de commenter le mariage du prince Harry et de Meghan Markle. Cependant, à moins d’un an du Brexit, cet évènement mondain pourrait bien avoir un impact économique positif sur la Grande-Bretagne. Si vous n’y avez pas prêté attention, demain, 19 mai 2018, le prince Harry et la comédienne américaine Meghan Markle convoleront en justes noces. Les amoureux se diront oui à la chapelle Saint-Georges du Palais de Windsor, la même qui a accueilli le mariage du prince Charles et de Camilla Parker Bowles, en 2005.
Il y a bien évidemment plusieurs précédents au mariage princier de ce week-end. Le dernier en date est celui de William et Kate Middleton, il y a 7 ans de cela. On se souvient que ce mariage était tombé à un moment comparable à l’actuel car le gouvernement de l’époque visait une augmentation des impôts de 30 milliards de livres et la suppression de 490’000 postes de fonctionnaires sur 4 ans. Rien de tel qu'une belle histoire de prince charmant pour oublier un instant le retour de l'austérité. Intéressant de noter que le mariage du Prince Charles et de Lady Diana s'était déjà tenu dans des circonstances similaires. Deux ans après l'arrivée de Margaret Thatcher au pouvoir, le pays était soumis à des cures de rigueur drastiques et faisait face à une grève de la faim des prisonniers républicains irlandais. Aujourd’hui, c’est face aux interrogations du Brexit que nous nous trouvons….
avaient attiré… 2 milliards de téléspectateurs dans 180 pays.
Si le mariage du Prince Charles et Lady Diana, le 29 juillet 1981, avait été suivi par quelques 750 millions de téléspectateurs dans le monde, celui du prince William et de Kate Middleton le 29 avril 2011 en avait attiré… 2 milliards dans 180 pays. Le mariage du prince Harry et de Meghan Markle pourrait en attirer plus d’un milliard. L'événement devrait, tout d'abord, offrir un joli coup d'accélérateur au secteur du tourisme et aux boutiques de souvenirs. La famille royale, qui occupe régulièrement la une des journaux, fascine toujours, et bien au-delà des frontières du royaume. Sur les près de 20 milliards d'euros que le tourisme rapporte chaque année au pays, on estime que 600 millions seraient en lien avec la monarchie, grâce aux recettes des visites des châteaux et palais royaux. Selon un expert, les ventes de souvenirs devraient augmenter de 60 millions de livres sterling grâce au mariage. En 2011, le mariage de Kate et William aurait généré une augmentation des ventes de plus de 500 millions de livres sterling dans le pays.
Au niveau des dépenses, le montant total du mariage serait estimé entre 34 et 37 millions d'euros. Si le secteur du tourisme est l’un des principaux secteurs impacté par ces retombées sur le moyen terme, un mariage constitue également une opportunité pour le secteur de la distribution. Pour le mariage du prince William, l'institut britannique spécialisé dans la distribution Centre for Retail Research (CRR) avait estimé que les ventes supplémentaires de nourriture et de boissons liées au mariage avaient représenté jusqu'à 160 millions de livres sterling. Le CRR avait par ailleurs présumé qu’un complément de 370 millions de livres avait été réalisé durant ce jour issu des ventes de détail, des ventes de souvenirs et des dépenses de visiteurs étrangers venus pour l'occasion. L'impulsion donnée par le mariage ne sera cependant certainement pas suffisante pour atténuer les difficultés que rencontrent actuellement les enseignes. Enfin, comment ne pas citer les brasseurs et les pubs qui devraient bénéficier du mariage, mais aussi de la finale de la coupe d’Angleterre.
pour l’économie britannique empreinte de nombreux doutes.
Le mariage tombe à un moment propice pour l’économie britannique empreinte de nombreux doutes: plongeon de la livre sterling, ralentissement plus important que prévu de l'inflation en mars, ralentissement de la croissance à +0,1% au premier trimestre (pire résultat pour le Royaume-Uni en cinq ans, alors que le consensus tablait sur une progression de 0,3%) et déceptions pour l'activité manufacturière et dans les services au mois d'avril (PMI). Enfin, rappelons que la Banque d’Angleterre (BoE) a déjà plusieurs fois souligné son inquiétude quant à l'impact de la sortie de l'Union Européenne (UE) sur le comportement des ménages, des entreprises et sur le prix des actifs, en raison notamment des incertitudes économiques et politiques engendrées.
Selon un sondage commandé par un groupe antimonarchique, une majorité de Britanniques (66%) ne s'intéressent pas du tout au mariage du prince Harry et de Meghan Markle. À l'opposé, ils sont 32% à se dire «très» ou «plutôt» intéressés. Il y a plusieurs explications à cela. Tout d’abord, samedi se déroulera la… finale de la coupe d’Angleterre de football, véritable institution pour les Britanniques. Ensuite le prince Harry n’est pas l’héritier direct du trône (le 6ème au niveau des positions). À cela on peut ajouter une polémique qui prend de l’ampleur au niveau du financement de l’évènement. Pour 56% des sondés, la famille royale britannique devrait payer la totalité de l'événement, frais de sécurité inclus, et pas uniquement pour la cérémonie et la réception comme c'est le cas actuellement. Enfin, selon The Independent, un autre signe du désintérêt des Britanniques pour ce mariage est la baisse drastique du nombre de fêtes de rues organisées à cette occasion. Rien que dans le comté d'Hertfordshire, seulement 51 célébrations sont programmées samedi contre 298 en 2011 lors du mariage de Kate Middleton et du prince William…. Seulement voilà, le fait que Meghan Markle soit une actrice (et roturière) américaine pourrait rassembler plus de spectateurs au niveau international….
Le mariage princier sauvera-t-il l’économie britannique? Si c’est peu probable, soulignons cependant que des moments de fête ou de liesse populaire (coupe de monde ou d’Europe de football par exemple) permettent aux consommateurs de se détourner (momentanément) de leurs problèmes quotidiens en leur insufflant une dose d’optimisme…