France: start-up nation?

Bruno Cavalier, ODDO BHF

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Les créations d’entreprises atteignent un rythme inégalé depuis quinze ans et les défaillances reculent vers leur niveau d’avant-crise.

Avec l’amélioration des conditions économiques amorcée il y a deux-trois ans, la démographie des entreprises françaises s’est beaucoup modifiée. On observe un double phénomène, classique en phase d’expansion: la chute des défaillances et l’accélération des créations d’entreprises. Celles-ci atteignent un rythme inégalé depuis quinze ans. Outre l’influence du cycle, le climat est devenu plus favorable à l’entrepreneuriat ces dernières années. Des efforts ont été faits pour alléger le corset fiscal et réglementaire pesant sur les sociétés, d’autres sont prévus dans la future loi sur les sociétés (PACTE) qui doit être débattue à l’automne.

«Je veux que la France soit une start-up nation.» Il s’agit là d’un tweet d’Emmanuel Macron d’avril 2017, peu de temps avant son élection. Ce genre de propos, repris de temps à autre par le président français, entretient l’idée que la création d’entreprises dans le secteur numérique est l’horizon indépassable du progrès. La réalité des chiffres est plus amère. La France est classée sous la moyenne des pays de l’UE en matière de digitalisation.

Si la création de richesse et d’emplois dépend en partie de la démographie
des entreprises, cela ne saurait se limiter au seul secteur technologique.

Le gisement d’emplois est pour l’instant restreint (2,5% du total). En fait, si la création de richesse et d’emplois dépend en partie de la démographie des entreprises, cela ne saurait se limiter au seul secteur technologique. Selon l’INSEE, les créations d’entreprises avoisinent 60’000 par mois, soit +26% sur un an, un rythme inégalé depuis 2003. Dans cette masse, il y a deux catégories distinctes. D’une part, les micro-entrepreneurs, un statut créé en 2008. Ils représentent aujourd’hui 43% du total des créations, une part qui s’est fortement accrue au début 2018 après le relèvement du plafond de chiffre d’affaires de ce régime. D’autre part, les entreprises classiques. Il est notable que les premiers ne cannibalisent pas les secondes. 

Les créations de sociétés «classiques» sont en forte hausse également (+17% sur un an). L’inflexion date de 2015, quand l’économie a commencé à se rependre. La tendance haussière s’est renforcée depuis (premier graphique). Cela concerne surtout les services aux entreprises ainsi que les activités de transport et d’entrepôt. On trouve là par exemple le développement des plateformes de livraison, ce qui n’est sans doute pas la partie la plus glorieuse de l’économie numérique. Si les naissances se portent bien, qu’en est-il des décès? Selon la Banque de France qui tient le registre des défaillances, leur nombre est en recul d’environ 6% sur un an et n’est plus très loin de retrouver son niveau d’avant la crise (second graphique). Le repli s’observe dans tous les secteurs d’activité, en particulier dans la construction, le dernier secteur qui soit entré en phase de reprise. En somme, la bonne vieille économie.

France: créations d’entreprises (hors microentreprises)
Sources: INSEE, Banque de France, Oddo BHF Securities
France: défaillances d’entreprises

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