Family offices institutionnels: vers une pause dans l’accumulation des liquidités en 2023

Communiqué, Goldman Sachs Group

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Le rapport «Eyes on the Horizon» prévoit une augmentation des allocations à risque dans toutes les classes d’actifs au cours de l’année à venir, tandis que l’intérêt pour les cryptomonnaies s’estompe.

Le Goldman Sachs Group, Inc (NYSE: GS) a annoncé aujourd’hui la sortie du rapport 2023 sur les perspectives d’investissement des family offices. D’après cette analyse, de nombreux investisseurs des family offices institutionnels n’ont pas l’intention d’accumuler les liquidités cette année. Ils seraient au contraire attirés par la prise de risques au cours des douze prochains mois, rehaussant en particulier leurs allocations dans les actions cotées et le capital privé, tout en souscrivant une modeste exposition aux titres à revenu fixe pour profiter des opportunités liées à la hausse des taux d’intérêt.

Pour son deuxième rapport sur les perspectives d’investissement des family offices, intitulé «Eyes on the Horizon», Goldman Sachs a étudié 166 family offices institutionnels gérant une fortune nette d’au moins 500 millions de dollars (93%), et dépassant même le milliard de dollars pour 72% d’entre eux, entre le 17 janvier et le 23 février 2023.

«Les family offices, qui sont suffisamment flexibles pour investir dans toutes les catégories de risques d’actifs, ont pour l’essentiel appliqué une approche uniforme à l’égard des allocations plus agressives afin de récolter des rendements plus élevés», déclare Meena Flynn, codirectrice de Global Private Wealth Management et codirigeante de l’initiative One Goldman Sachs Family Office. «Les allocations à risque qu’ils envisagent révèlent qu’ils perçoivent d’importantes opportunités de bénéficier d’un alpha supplémentaire. Cette orientation stratégique à long terme, misant sur la patience, est souvent un atout pour préserver et entretenir un patrimoine de génération en génération.»

Allocation des actifs

Les family offices maintiennent une allocation substantielle dans les actifs à risque. Les moyennes attendues pour 2023 s’établissent comme suit (le total des pourcentages n’est pas nécessairement égal à 100% en raison des arrondis):

  • Actions de marchés publics: 28%
  • Capital privé: 26%
  • Liquidités et équivalents de trésorerie (hors Bons du Trésor américain): 12%
  • Titres à revenu fixe: 10%
  • Immobilier privé et infrastructures: 9%
  • Fonds spéculatifs: 6%
  • Crédit privé: 3%
  • Matières premières: 1%

Les family offices ont indiqué que les secteurs dans lesquels ils détiennent la plus forte surpondération sont les technologies de l’information et les soins de santé – deux moteurs de croissance séculaire qui sont susceptibles de traverser les cycles économiques et à générer une valeur sur le long terme.

Une part substantielle des family offices ont exprimé leur intention d’accroître leurs allocations dans les classes d’actifs suivantes dans le courant de l’exercice 2023:

  • 48% des family offices interrogés dans les actions de marchés publics
  • 41% dans le capital privé
  • 39% dans les titres à revenu fixe
  • 30% dans le crédit privé
  • 27% dans l’immobilier privé et les infrastructures

Une fraction considérable mettront en outre leurs liquidités à contribution: 35% des participants à l’étude prévoient de réduire leurs allocations dans les liquidités et les équivalents de trésorerie (excepté les Bons du Trésor américain). Seuls 10% prévoient une diminution de leurs actions de marchés publics, et 13% une baisse de leur capital privé.

Dans toutes les classes d’actifs étudiées, la plupart des family offices n’investissent pas directement, mais par le biais de gestionnaires spécialisés. L’immobilier privé constitue une exception notable, dès lors que les familles extrêmement fortunées considèrent qu’elles ont de plus grandes affinités pour cette classe d’actifs.

Une majorité de family offices semblent satisfaits de leur allocation géographique, une concentration étant observée sur les Etats-Unis et les autres marchés développés – 26% des participants à l’étude s’apprêtent à réaliser une plus grande allocation sur le marché américain, dont 41% de family offices de la région Asie-Pacifique, tandis que 27% devraient revoir leur allocation à la hausse sur d’autres marchés développés. Cette tendance dénote peut-être leur réticence à investir dans des régions où les risques subjectifs sont plus aigus et dépassent les rendements ajustés du risque potentiels à leur portée dans un périmètre plus proche.

«Les family offices continuent d’opérer des allocations réfléchies dans des placements alternatifs, comme le capital privé, le crédit privé, les infrastructures, l’immobilier et les fonds spéculatifs», commente Tony Pasquariello, Global Head of Hedge Fund Coverage et codirigeant de l’initiative One Goldman Sachs Family Office. «Dans une étude exhaustive que nous avions menée en 2021, une moyenne de 45% était allouée à la gamme des placements alternatifs. Malgré les difficultés rencontrées en 2022, cette allocation est restée pratiquement inchangée, à 44%, pour la période de notre dernière étude en date.»

«Sur un plan plus général, eu égard à la volatilité et aux difficultés de l’année dernière, les family offices ont gardé un calme remarquable et n’ont que légèrement modifié l’allocation stratégique de leurs actifs», ajoute M. Pasquariello.

Allocations dans les placements alternatifs

Les placements alternatifs demeurent un créneau de prédilection pour les family offices, avec une allocation moyenne de 44% du total de leurs portefeuilles dans ces classes d’actifs, alors que d’autres investisseurs à la tête de grosses fortunes personnelles allouent typiquement 20 à 25% de leur portefeuille à ce type de placements, selon leur tolérance au risque.

Un lien peut être établi avec les obstacles au rendement des family offices, leur sophistication et leur horizon de placement multigénérationnel, sans oublier les rendements potentiels supérieurs sur les marchés privés. Cela pourrait également anticiper le rôle croissant que les family offices sont appelés à jouer en tant que commanditaires dans de futures levées de fonds et en tant que co-investisseurs directs potentiels dans des opportunités attrayantes de placements privés.

«Il est impossible d’éviter les cycles défavorables, mais en restant constant dans ses engagements, on est assuré de ne pas manquer les cycles exceptionnels, et au fil du temps, on a de bonnes chances de réaliser les surperformances qu’on peut attendre des placements alternatifs», explique Sara Naison-Tarajano, Global Head of Private Wealth Management Capital Markets et codirigeante de l’initiative One Goldman Sachs Family Office. «Dans le passé, la croissance économique régulière procurait des résultats relativement prévisibles. A présent, face aux pressions qui pèsent sur les valorisations des marchés privés et au ralentissement dans les cotations publiques, l’expérience et la capacité des gestionnaires à dégager une valeur et à jongler avec les cycles des marchés sont déterminantes.»

L’immobilier résidentiel reste attrayant aux yeux des family offices, dont environ un tiers prévoient d’augmenter leur exposition à ce sous-secteur dans les douze prochains mois, et 30% supplémentaires de maintenir leur exposition actuelle. L’immobilier commercial, en particulier dans les segments des bureaux et du commerce de détail, suscite moins d’intérêt, 7% seulement des family offices souhaitant prendre une plus grande exposition au secteur des bureaux et 4% au secteur du détail, contre des parts respectives de 12% et 10% qui préféreraient réduire leur exposition à ces secteurs.

De même, les objets de collection sont populaires, 38% des family offices s’y engageant. Ces placements émanent d’une passion pour 71% et d’un souhait de diversification pour 39%.

Bien que le crédit privé ne représente actuellement qu’une fraction modique dans les allocations de la plupart des family offices, à 3% à peine, une part significative des personnes interrogées (30%) ont répondu qu’elles augmenteraient probablement cette allocation au cours des douze prochains mois.

«Après la crise financière mondiale, les banques se sont largement retirées des activités de prêt direct, et les family offices témoignent d’un intérêt croissant pour combler cette lacune en tant que prêteurs privés», remarque Madame Naison-Tarajano. «Le crédit privé est encore plus attractif dans l’environnement actuel, avec la montée des taux d’intérêt en parallèle à la tranquillité des marchés du financement traditionnel à travers tous les secteurs des crédits à haut rendement et syndiqués.»

Cryptomonnaies et actifs numériques

Davantage de family offices sont investis en cryptomonnaies qu’en 2021 (26% au lieu de 16%), mais pas plus de 12% manifestent désormais un intérêt potentiel pour l’avenir (contre 45% en 2021). Il semble que l’extrême volatilité du marché des cryptomonnaies l’année dernière a douché leur enthousiasme, car 62% déclarent qu’ils ne sont pas investis et ne souhaitent pas s’investir dans les cryptomonnaies à l’avenir, au lieu de 39%.

L’écosystème plus large des actifs numériques constitue un domaine d’intérêt majeur. Parmi les family offices, 32% sont investis dans des actifs numériques, la motivation la plus fréquemment citée étant qu’ils «croient dans la puissance de la technologie de la blockchain.»

Investissements durables

Les family offices répliquent pour l’essentiel les préoccupations des autres investisseurs pour la durabilité, 39% étant modérément à fortement axés sur des stratégies durables et 48% investissant directement dans des entreprises qui produisent un impact social et environnemental. L’énergie propre est la thématique privilégiée, 60% des family offices prévoyant d’y consacrer des capitaux cette année. D’autres thèmes qui retiennent leur attention sont l’alimentation et l’agriculture durables et les soins de santé accessibles.

Sociétés en exploitation

Au total, 76% des family offices soutiennent des familles propriétaires de sociétés en exploitation. Dans cette cohorte, 44% des décideurs ont affirmé qu’ils restaient impliqués dans ces entreprises et, parmi eux, 35% ont l’intention d’en garder la propriété à perpétuité, sans commune mesure avec la période de cinq à sept ans typiquement escomptée par les autres investisseurs institutionnels.

«Même si certaines familles séparent les activités de leur family office et de leur entreprise familiale, les clients les considèrent couramment comme un ensemble indissociable», observe Ken Hirsch, coprésident du groupe mondial sur les technologies, les médias et les télécoms au sein de Global Banking and Markets et codirigeant de l’initiative One Goldman Sachs Family Office.

«Souvent, les clients exploitent le family office au profit de leurs sociétés en exploitation, par exemple, en leur apportant des capitaux de croissance à des points d’entrée attrayants ou en utilisant les actifs du family office pour générer une capacité d’emprunt en faveur d’activités opérationnelles existantes ou de nouvelles activités», précise M. Hirsch.

Parmi les décideurs impliqués dans les sociétés en exploitation, 56% ont déclaré qu’une «valorisation attrayante» les inciterait à vendre. Lorsqu’ils passent effectivement à la vente, les family offices préfèrent un acheteur stratégique ou d’entreprise (42%) ou une institution (22%), ce qui pourrait dévoiler un penchant pour les acteurs qui seraient d’après eux plus susceptibles d’offrir une valorisation élevée. Pour 25% de la cohorte, le profil de l’acquéreur est indifférent, permettant également de déduire une motivation fondée sur la valorisation.

Approximativement un tiers des family offices dans le monde ont signalé que leur philosophie de placement s’articulait autour de l’investissement dans les entreprises familiales, mais 11% seulement ont fait état d’une préférence pour un acheteur familial en cas de vente.

«Nous constatons souvent que les family offices sont les acheteurs de premier choix dans les situations où le vendeur aime le degré supplémentaire de confidentialité qu’ils apportent, ou l’impression de transmission patrimoniale qui s’y rattache», décrit M. Hirsch. «Dans les périodes où la dynamique des marchés est trouble, les family offices se distinguent toujours par leurs réserves de capitaux stables, leur horizon de placement à long terme et leur capacité à prendre des décisions très efficaces et à élaborer des solutions créatives en partenariat.»

Opérations et structure

Près de la moitié (48%) des family offices étudiés soutiennent la personne à l’origine de la richesse initiale. Lorsqu’on leur demande si la génération suivante influence la stratégie d’investissement, 61% répondent par la négative.

«Les attentes quant à la transmission des richesses et la dynamique mouvante de la création de richesses entraînent un réel glissement dans les préférences des investisseurs», déclare Madame Flynn. «Faire intervenir les plus jeunes générations dans les affaires financières à un stade précoce et à une fréquence soutenue leur procure les connaissances, les ressources et les outils nécessaires pour devenir des gardiens responsables de la fortune familiale de façon pérenne.»

Les family offices ont généralement une structure légère, 88% employant des équipes d’investissement composées de dix personnes au maximum. Compte tenu de leur nature institutionnelle, 90% des participants à l’étude possèdent leurs propres capacités de gestion des investissements. Près de la moitié (49%) déclarent ainsi gérer la plupart de leurs besoins d’investissement en interne, tandis que 44% appliquent une approche hybride de gestion interne et de sous-traitance.

Méthodologie de l’étude

L’étude a mis l’accent sur les family offices qui ressemblent le plus à des institutions: plus de 70% des acteurs interrogés gèrent une fortune nette d’au moins un milliard de dollars et plus de 90% possèdent des capacités de gestion des investissements en leur sein. Elle cherchait à recueillir par échantillonnage les opinions des décideurs de ces family offices, à savoir, souvent, leur directeur des investissements. Elle a été menée du 17 janvier au 13 février 2023 au moyen d’un questionnaire quantitatif en ligne soumis aux family offices par e-mail. Au total, 166 décideurs de family offices y ont participé à travers le monde, dont 57% en Amérique, 21% dans la région EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique) et 22% dans la région APAC (Asie-Pacifique).

Intérêt de Goldman Sachs pour les family offices

«Les family offices institutionnels sont devenus un pilier incontournable tant sur les marchés publics que privés et ils ont des besoins spécifiques et complexes. Chez Goldman Sachs, nous avons pour principe de placer ces clients au cœur de toutes nos actions, en mettant à profit le savoir-faire et les atouts intellectuels de premier plan qui nous caractérisent dans toutes nos filiales. Nous sommes persuadés que cette approche intégrée offre une expérience plus complète à ces clients, à laquelle ils attachent une importance particulière», affirme Kim Posnett, Head of Global Technology, Media and Telecommunications (TMT) Investment Banking auprès de Goldman Sachs et codirectrice de One Goldman Sachs.

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