La transition énergétique se traduira, selon nous, par une stimulation de la productivité axée sur l'innovation sur le long terme, qui n'est limitée ni par le capital, ni par la technologie, mais plutôt par une approche obsolète du marché et par des interférences politiques.
Des montants hors norme
Les chiffres sont vertigineux. Il existe diverses estimations des besoins en capitaux liés à la transition énergétique, toutes se chiffrant en milliers de milliards et représentant une part infime de la croissance mondiale. Peut-être que les chiffres astronomiques sont devenus un outil pour les experts afin d'attirer l'attention et pour les politiques afin d'étayer la nécessité d'agir. Toutefois, l'accent devrait être mis sur les facteurs déterminants qui se cachent derrière ces chiffres plutôt que sur les chiffres eux-mêmes.
La transition énergétique constitue un transfert des ressources aux technologies. Les coûts technologiques sont davantage liés à l'investissement qu'à l'opérationnel, ce qui induit une certaine concentration des coûts en début de période. La transition coïncide avec un cycle de renouvellement, en particulier dans le monde occidental. Le réseau électrique a vieilli et a besoin d'être modernisé, mais il est pratiquement impossible de séparer les investissements en fonction de leur nature, soit de remplacement ou de transition. Ce qui compte pour la croissance économique, ce n'est pas l'investissement, mais la valeur ajoutée qu'il produit.
Les acheteurs accordent plus d'importance à la commodité qu'à l'accessibilité financière.
La transition énergétique se réalise au quotidien à travers une multitude de décisions prises par les particuliers et les entreprises lorsqu'ils achètent, par exemple, des véhicules électriques ou des pompes à chaleur, ou lorsqu'ils s'approvisionnent en énergie et en combustibles propres. Pour la plupart de ces choix, la rentabilité penche déjà en faveur de la transition. Cependant, la décision dépend également d'autres facteurs, au-delà de l'accessibilité financière, tels que le choix, le pouvoir de décision ou la motivation à prendre une décision rationnelle.
Voici quelques exemples
- Sur la base d'une analyse complète des coûts, les véhicules électriques sont largement moins chers que les véhicules à moteur à combustion. Toutefois, les acheteurs accordent plus d'importance à la commodité qu'à l'accessibilité financière. Le choix toujours plus vaste de modèles stimule la croissance à long terme du marché, comme en témoigne l’essor en Chine.
- Les pompes à chaleur offrent un chauffage abordable et propre. Cependant, entre les locataires et les propriétaires, les incitations à opter pour la solution la plus économique sont souvent peu alignées, par exemple, lorsque les coûts de chauffage sont entièrement répercutés sur les locataires, conformément à la réglementation.
- De nombreuses entreprises ont pris conscience de leurs dépenses énergétiques durant la crise et sont devenues des «homines oeconomici». Aujourd'hui, la demande des entreprises est largement à l'origine de la transition.
- Les revenus des opérateurs de réseaux électriques sont réglementés et reflètent les coûts du capital majorés d’une marge. Ces mesures incitatives empêchent les investissements efficients, en particulier dans le cadre d'une transition qui apporte d'autres solutions que les câbles et les transformateurs, pour faire face à la variabilité des flux d'électricité. La plupart du temps, le réseau électrique actuel fonctionne à moins de la moitié de sa capacité.
À long terme, la transition énergétique ressemble plus à un super cycle d'innovation, qui n’est ni limité par le capital ou la technologie, mais principalement par le comportement et la conception du marché. À court terme, les politiques émotionnelles augmenteront temporairement les coûts, par exemple, par le biais des droits de douane. En raison des incertitudes politiques et de la pression continue sur les marges observées dans les secteurs de l'énergie et de l'automobile, nous restons donc neutres sur la transition énergétique pour le moment et ne retenons que certaines opportunités sélectionnées.