Emprunts des pays émergents: pourquoi et comment?

Enzo Puntillo, Swisscanto Invest

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La présence croissante des marchés émergents dans un contexte mondial est trop importante pour être négligée.

Les investisseurs devraient donc donner de plus en plus de place aux emprunts des pays émergents dans leurs portefeuilles. Jusqu’à présent, la méfiance vis-à-vis des emprunts des pays émergents a dissuadé de nombreux investisseurs d’opter pour cette catégorie de placement. Nous expliquons donc ici pourquoi investir dans cette catégorie de placement peut être intéressant et quelles approches sont les plus prometteuses. Il suffit de se pencher d’un peu plus près sur la question pour lever rapidement les doutes:

  • L’un des principaux arguments en faveur d’une allocation dans les emprunts des pays émergents est leur rendement à l’échéance. Compris entre 5 et 6%, il est sensiblement plus élevé que dans les pays développés, et pour une durée comparable.
  • Il faut certes reconnaître que ce bon rendement est associé à la forte volatilité que connaissent les pays émergents. Au lieu de s’en effrayer, les investisseurs devraient plutôt exploiter à leur profit les fortes fluctuations lors des corrections sur les marchés émergents (ME).
  • L’achat d’emprunts de pays émergents lors des corrections se justifie par leur rapide régénération: les données historiques montrent qu’en ce qui concerne les emprunts des ME, les périodes de reprise sont relativement courtes, puisqu’elles durent en moyenne sept mois.
  • Autre argument en faveur des emprunts des ME: le développement de l’univers de placement. Ces 30 dernières années, le nombre des pays recensés dans les indices est passé de 14 en 1992 à 76 aujourd’hui, ce qui a beaucoup élargi le champ des opportunités de diversification.
L’investissement stratégique dans les ME gagne du terrain

Actuellement, la part des emprunts des ME dans les indices mondiaux agrégés augmente fortement, et pas seulement à cause de l’essor des obligations chinoises: d’environ 5% fin 2018, elle va passer à 12% fin 2020 (voir graphique). Ces chiffres le montrent, la présence des ME dans un contexte mondial est trop importante pour être négligée. Cela augmentera considérablement le nombre d'investisseurs stratégiques dans les marchés émergents.

La part des emprunts émergents augmente constamment

Part des ME dans le Bloomberg Barclays Global Aggregate Index en %

Source: Bloomberg
L'environnement des années 20

La croissance économique chinoise va probablement encore diminuer et la dynamique mondiale rester plutôt faible, non seulement à cause du Coronavirus. La rivalité hégémonique entre la Chine et les Etats-Unis va se poursuivre bien au-delà du conflit commercial actuel, et se muter en une « guerre froide 2.0 », qui se manifestera aux niveaux technique, géopolitique et économique. Dans cet environnement de marché, le succès d’un placement dépend essentiellement de la sélection entre pays et marchés (emprunts en monnaies étrangères ou emprunts locaux), car contrairement à la décennie passée, on ne pourra plus compter sur une forte baisse des taux américains et sur la vigueur du dollar US. Il y aura de grandes différences, en particulier entre les pays capables de faire avancer leurs réformes économiques et ceux qui n’y arriveront pas.

La question du «comment»

En raison des importants différentiels de performance entre chaque pays, mettre l’accent sur la sélection des pays devrait s’avérer rentable. Dans ce domaine, Swisscanto Invest a développé une approche qui a déjà fait ses preuves depuis des décennies. Cette approche permet d’identifier en amont les pays potentiellement menacés par une crise, mais aussi de déceler ceux capables de sortir de la crise par leurs propres moyens. Cela est particulièrement important, car ces deux phénomènes expliquent les principaux écarts de performance obligataire observés entre les différents ME, qui atteignent souvent 20% ou plus.

Les meilleures opportunités

On ignore souvent à quel point les emprunts en monnaies étrangères et les emprunts locaux peuvent différer pour un seul et même pays. Il en résulte les plus belles opportunités. Si l’on compare les deux indices de JPMorgan depuis leur lancement, la différence entre emprunts de pays émergents libellés en monnaie forte et en monnaie locale s’élève à quelques points de pourcentage par année civile. L’écart de performance entre les deux types d’emprunts d’un même pays atteint pourtant régulièrement des pourcentages à deux chiffres, et par le passé, des écarts de performance annuelle de l’ordre de 40% n’étaient pas rares. Nous évaluons en permanence chaque pays émergent. Les avantages de notre approche sont évidents: nous ne basons pas nos décisions sur les deux facteurs d’influence que sont le dollar US et les taux américains, mais sur divers facteurs propres à chaque pays émergent. Et comme nous tenons compte d’un grand nombre de facteurs, nous améliorons encore les résultats de nos décisions.