Des investisseurs convaincus

Arthur Jurus, Mirabaud

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Reflation, synchronisation et normalisation. La dépréciation du dollar restera un enjeu majeur pour l’économie mondiale et l’allocation d’actif.

2018 est déjà historique. Au mois de janvier, les actions ont enregistré ainsi leur meilleure performance sur trente ans, les obligations américaines à dix ans leur pire rendement ajusté du risque sur soixante ans, tandis que février a enregistré un regain exceptionnel de la volatilité, même si d’ordre technique. La normalisation des taux se poursuit aux Etats-Unis et en Europe dans un environnement de regain de la volatilité, de poursuite de la dépréciation du dollar américain et d’une accélération des prix des matières premières. Ainsi, la hausse des taux, la reprise synchronisée de l’économie mondiale et davantage de pressions inflationnistes confirment un scénario de réflation qui continuera de favoriser les actifs risqués. Néanmoins, nous attendons un regain de volatilité sur les marchés en raison de la hausse des taux, de la confiance et des valorisations, et recommandons d’ajouter du risque en portefeuille seulement après des périodes de sur-corrections des marchés.

Se couvrir contre les risques politiques

La dépréciation du dollar restera un enjeu majeur pour l’économie mondiale et l’allocation d’actif compte-tenu des discours parfois contradictoires du gouvernement américain, de la nouvelle gouvernance de la Fed menée par Jérôme Powell – certains sièges restant à pourvoir - et des nouvelles orientations de communication pré-annoncées par la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque du Japon (BoJ). Enfin, si une reprise plus significative de la croissance de la productivité et des salaires est attendue, leurs effets sur la marge des entreprises non-financières pourraient peser sur les perspectives de croissance des bénéfices. Dans l’attente, l’investisseur devra couvrir son portefeuille contre les risques politiques et enrichir sa poche action d’une exposition plus significative aux thématiques de marché.

Maintien d'un scénario de croissance mondiale
synchronisée entre pays développés et émergents

L’année 2017 a été marquée par une reprise de l’économie mondiale au plus haut depuis sept ans, une reprise du commerce mondial en volume par 4,3% et une contribution de l’économie chinoise à l’activité mondiale supérieure aux attentes (6,8% de croissance du PIB). Si les échanges internationaux devraient continuer de croitre par 4% en 2018, le nombre de commandes à l’exportation a décéléré, l’indicateur Baltic Dry Index sur les échanges maritimes mondiaux se contracte ces dernières semaines tandis que les mesures protectionnistes ont progressé même si de moindre ampleur que les années précédentes. Le scénario d’une croissance mondiale en 2018 et synchronisée entre les pays développés et émergents est maintenu.

Incertitude sur le dollar

Une principale incertitude en 2018 porte sur l’évolution du dollar américain qui ne traduit pas l’amélioration des fondamentaux aux Etats-Unis: les indicateurs de sentiment sont au plus haut, l’activité dans le secteur immobilier se poursuit à un rythme soutenu, la croissance des salaires s’améliore, l’investissement en biens d’équipement accélère tandis que les dépenses de consommation au quatrième trimestre ont atteint 3,8%. La dépréciation du dollar contribuera notamment à une hausse de l’inflation importée et à une hausse des indices de prix de 0,2 point à court terme et de 0,4 point à horizon deux ans. Aussi, le risque de surchauffe actuellement est considéré comme sous-estimé par les opérateurs sur les marchés financiers, lesquels anticipent deux hausses des taux directeurs par la Fed en 2018.

Prudence maintenue

La faiblesse du dollar américain atténue la pression mise sur les banques centrales pour mener leur objectif de stabilisation des prix, par une dépréciation limitée de leur monnaie en dépit d’un cycle haussier sur l’activité américaine, et de stabilité financière puisque les dettes des entreprises libellées en dollar américain deviennent plus résilientes. Par ailleurs, le souhait du gouvernement américain de prioriser l’activité intérieure au dépend des partenaires commerciaux à l’international n’aura probablement pas d’impact majeur cette année, en particulier dans le cadre de l’ALENA puisque le calendrier politique sera ponctué par les élections mexicaines en juillet et celles américaines en novembre. Néanmoins, la communication du gouvernement américain, même contenue, a mené le dollar américain dans une zone technique d’incertitude, ce qui nous amène à rester prudents.

 

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