A court terme, la politique conjoncturelle est essentielle. A moyen et long terme, ce sont davantage des choix collectifs, des arbitrages qui doivent être validés.
Après le choc du printemps, les chiffres de la croissance devraient être très forts au troisième trimestre. Ils seront publiés jeudi et vendredi. C’est l’occasion de revenir sur la question de la croissance. Celle qui permet l’amélioration du niveau de vie et qui conditionne la dynamique de l’emploi et la soutenabilité des systèmes sociaux. A court terme, la politique conjoncturelle est essentielle, à moyen et long terme, ce sont davantage des choix collectifs, des arbitrages qui doivent être validés collectivement.
Jeudi 29 et vendredi 30 octobre, seront publiées les premières estimations du chiffre de croissance pour le troisième trimestre 2020 dans les pays développés. Après les ruptures constatées au printemps dernier lors du confinement, un rebond significatif est attendu au sein de toutes les économies afin de réduire l’ampleur du choc du deuxième trimestre mais aussi pour retrouver une allure de croissance satisfaisante. Mais pourquoi croître? pourquoi vouloir retrouver à tout prix de la croissance? Est ce raisonnable?
la croissance pour favoriser l’emploi et les revenus.
Sur cette question il y a deux problématiques à distinguer. La première est celle de court terme, pourquoi vouloir retrouver un niveau de croissance suffisant année après année. La seconde est posée sur une échelle inscrivant le niveau de vie dans la durée. Les questions posées ne sont pas du même type.
A court terme, la dynamique de l’emploi et des revenus est conditionnée par celle de la croissance immédiate. L’objectif de la politique économique est donc de maximiser la croissance pour favoriser l’emploi et les revenus. Sur le graphe, on constate la relation simple entre la croissance du PIB (qui mesure l’activité) et celle de l’emploi. Plus la croissance est élevée, plus l’emploi est important. L’objectif de la politique économique peut être d’enrichir la croissance en emplois, faire de telle sorte que pour un taux de croissance donné du PIB, il y ait plus d’emplois créés. En France, on voit un changement à partir de 1993. L’horizon, ici, est celui de la conjoncture et du cycle électoral.
l’est encore davantage car le niveau de vie est durablement affecté.
Après un choc négatif sur l’activité, la croissance permettra aussi une amélioration des recettes fiscales et sociales, facilitant le rééquilibrage des finances publiques. La dynamique sociale est très dépendante de la croissance de l’activité. De la capacité à financer les systèmes sociaux dépendra de la possibilité de redistribuer une partie de cette progression de l’activité économique. Cela veut dire aussi, qu’en raison des contraintes, il est difficile de nier l’importance de la croissance sauf à prendre le risque de déstabiliser l’ensemble de la société et des systèmes sociaux.
C’est pour cela qu’il faut mettre en œuvre toutes les mesures possibles pour retrouver de la croissance après le choc sanitaire. Cela réduire le risque de fragiliser l’ensemble du système social.
La croissance, dans une acception plus classique, est la capacité à augmenter le niveau de vie de chaque citoyen. La bonne mesure est alors celle du PIB par emploi, ce qui est appelé la productivité. Cette mesure du niveau de vie a été multiplié par 5 depuis 1950, en France, jusqu’à juste avant la crise sanitaire. On voit, via sa croissance longue, qu’il y a eu plusieurs périodes. Le rattrapage d’après-guerre, la rupture du milieu des années 1970 et la très faible progression depuis la crise financière. La croissance est ce qui va permettre d’améliorer les conditions de chacun et de mettre en œuvre des systèmes de redistribution pour que chacun puisse bénéficier du confort qu’apporte la hausse du niveau de vie.
La croissance de la productivité et du niveau de vie est la combinaison de nombreux facteurs: concurrence, innovations, accumulation du capital, capital humain, démographie et institutions. Dans un cadre de concurrence internationale forte, celui qui est en retrait prend le risque d’être dominé par un concurrent et finalement de fragiliser la capacité propre du pays à maintenir son niveau de vie. C’est pour cela que la question de la croissance est complexe mais celle de la décroissance l’est encore davantage car le niveau de vie est durablement affecté.
Je reviendrai demain et après-demain sur les choix collectifs à mettre en œuvre mais aussi sur les externalités provoquées par cette dynamique de croissance. La pollution, le climat, la surexploitation du globe sont autant de facteurs à mettre en face de la croissance.