Construire des portefeuilles entièrement dédiés aux marchés privés

Nicolas Roth, Banque REYL

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Le moment est venu d’observer à nouveau les marchés privés et d’améliorer l’allocation d’actifs.

Les actifs non cotés ont souvent été considérés comme le parent pauvre de chaque programme d’allocation d’actifs et n’ont pas reçu l’attention qu’ils méritent. Compte tenu du comportement des marchés publics depuis la crise financière mondiale, ce problème n’a pas été aussi important et les investisseurs ont été en mesure de générer des performances solides sur l’ensemble des marchés publics. Mais le changement pourrait se produire très prochainement.

Toutes les liquidités excédentaires injectées sur les marchés par les banques centrales depuis la crise de 2008 ont entraîné une chute des prix des actifs risqués avec un endettement excessif et un emprunt facile. Toutefois, puisqu’il semble désormais plus clair que l’époque du soutien des banques centrales est révolue et que la réduction progressive de l’achat d’actifs va devenir réalité, les investisseurs anticipent des chocs plus importants sur les marchés publics. Cette nouvelle dynamique de marché peut s’avérer favorable aux investisseurs qui cherchent à revoir leur allocation aux actifs non cotés, à se protéger en partie contre les fluctuations du marché et à générer des performances conséquentes. Mais avant de se lancer dans des opérations de capital-investissement et des prêts adossés à des actifs, il convient de souligner quelques éléments.

Construction d’allocations d’actifs non cotés uniquement

À l’instar des marchés publics, les actifs non cotés présentent une grande granularité et doivent être considérés comme tels lorsque l’on commence à investir. La construction du portefeuille, l’allocation de la stratégie et la sélection des actifs et des gérants sont évidemment importantes. Les portefeuilles peuvent donc être construits selon plusieurs principes directeurs, dont ceux qui peuvent être empruntés à l’approche du marché public. La plupart des allocations d’actifs sont un ensemble d’investissements dans les obligations, les actions, les matières premières et les produits alternatifs. Pour un client qui fait un acte de foi sur les marchés privés, la transposition du cadre traditionnel et connu d’allocation d’actifs liquides sur les marchés privés peut s’avérer réconfortante. Les obligations se transposent en dette privée, les actions sont remplacées par le private equity et les titres alternatifs peuvent englober des titres alternatifs illiquides et d’autres stratégies de marchés privés hybrides comme les achats de prêts non-performants par exemple. Il existe toutefois une réserve, à savoir que cette stratégie exige une surface financière significative pour être exécutée et parvenir à une diversification adéquate. Mais si cela est à portée de main, les investisseurs peuvent profiter pleinement des actifs non cotés.

Le private equity va du capital-risque en phase initiale aux entreprises publiques privatisées

Le private equity englobe toutes les stratégies qui traitent avec les entreprises avant leur introduction en bourse. Il commence par un capital-risque qui consiste à financer des entreprises en phase initiale qui n’ont peut-être pas encore de clients ou de produits, mais seulement un prototype ou une conception d’idées. Le capital de croissance s’adresse aux entreprises plus matures et qui cherchent généralement à se développer, mais qui manquent de capital. Le rachat par endettement, l’une des stratégies les plus populaires en matière de capital-investissement, consiste à acquérir des entreprises matures à des fins de contrôle.

Le capital-investissement comprend également des aspects sous-explorés, comme les acteurs du secteur privé. Il s’agit souvent d’identifier les sociétés cotées délaissées par les investisseurs dont les valorisations sont déconnectées et de les privatiser pour permettre à la direction de se concentrer sur des objectifs à long terme. La diversification peut donc se faire en investissant à différents moments du cycle de vie d’une entreprise, mais aussi dans tous les secteurs.

Générer du revenu grâce aux stratégies de dette privée

En ce qui concerne la dette privée, les opportunités sont impressionnantes. Le contexte reste inchangé: les banques sont moins actives et moins flexibles en matière de crédit et ont ouvert la voie à un marché des prêts non bancaires porteur de revenus dans divers segments de l’économie, des plateformes de prêts peer-to-peer au financement immobilier. Un segment de niche de la dette privée est la stratégie hybride, également appelée la dette de croissance ou la dette de capital-risque. Cette stratégie consiste à financer les entreprises de croissance par le biais d’une dette plutôt que par des levées de fonds propres. Les prêteurs peuvent négocier des options intéressantes sur les actions via des kickers et des warrants tout en créant des garanties solides pour le prêt. Peu d’acteurs sont actifs dans ce domaine et, compte tenu des niveaux de valorisation, tous les fondateurs ne sont pas disposés à s’intéresser à la dette, certains sont davantage enclins à soutenir la valorisation de leurs sociétés par le biais de séries de financement par capitaux propres.

Dans les investissements alternatifs, les investisseurs peuvent rechercher des stratégies hybrides et à plus long terme. Parallèlement, la liquidité de certains fonds diminue fortement de sorte que les gérants puissent associer public et privé dans leurs stratégies d’investissements. D’autres stratégies entre la dette et les actions, comme la liquidation des prêts non performants, peuvent également constituer une source de rendement orthogonale et contribuer à la diversification des portefeuilles.

Le moment est venu d’examiner les marchés privés et d’améliorer une nouvelle fois l’allocation d’actifs. La série d’opportunités sur les marchés privés est extrêmement riche et le niveau de granularité justifie la construction d’une allocation sur mesure aux marchés privés au lieu de prendre des positions orphelines mélangées pour former des portefeuilles d’actifs cotés.

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