Connaître la durabilité de son portefeuille en un seul coup d’œil

Yves Hulmann

2 minutes de lecture

Pour Peter Zollinger de Globalance Bank, les Swiss Climate Scores permettent d’évaluer la durabilité de ses placements au moyen de critères uniformisés.

Globalance Bank est la première banque en Suisse à avoir publié les Swiss Climate Scores (SCS) pour l’ensemble de ses placements. L’établissement fondé en 2011 a présenté la semaine dernière des informations détaillées sur l’impact climatique de l’ensemble de ses actifs en utilisant le format des Swiss Climate Scores. Disponibles depuis 2022, les Swiss Climate Scores (SCS) ont été développés sous la direction de la Confédération (via le Secrétariat aux questions financières internationales, SFI), en collaboration avec des experts du secteur ainsi que diverses organisations non gouvernementales et initiatives (UNEP Finance Initiative, PRI), complétées par différentes taskforces internationales (Global Reporting Initiative, Greenhouse Gas Protocol, TCFD, TNFD, etc.) en lien avec le réchauffement climatique. Cette initiative est aussi soutenue par SwissBanking ainsi que par l’Asset Management Association Switzerland (AMAS).

Des émissions inférieures de 60% à celles de l’indice de référence

Et quels sont les enseignements qui ressortent de l’évaluation des portefeuilles de Globalance Bank effectuée à l’aide des Swiss Climate Scores? «Les résultats corroborent clairement que les émissions financées par les investissements de nos clientes et clients sont aujourd’hui déjà inférieures d’environ 60% aux valeurs de comparaison de l’indice MSCI World», a déclaré Reto Ringger, fondateur et directeur de Globalance Bank, cité dans un communiqué. Auparavant, il avait déjà créé en 1995 SAM Group, l’un des premiers prestataires au monde dédié uniquement aux investissements durables.

Un score, pas un rating

Les Swiss Climate Scores, qui visent à rendre les produits financiers compatibles avec les objectifs climatiques, s’articulent autour de six indicateurs: les émissions de gaz à effet de serre, l’exposition aux combustibles fossiles, l’engagement vérifié en faveur du net zéro, un dialogue crédible sur le climat. S’y ajoute le potentiel de réchauffement global, à savoir l’ampleur du réchauffement planétaire qui se produirait si l’économie mondiale se fixait les mêmes ambitions que les entreprises du portefeuille.

Quel est toutefois la différence entre les Swiss Climate Scores et les multiples notations ESG qui sont attribuées par différentes agences de notation? «Les SCS ne sont ni un rating, ni une recommandation. Il s’agit de standards de transparence qui permettent à chaque investisseurs ou gérant de connaître quelle est l’empreinte environnementale de ses placements», explique Peter Zollinger, Head of Impact Research chez Globalance Bank.

Un moyen de prévenir le greenwashing

Si l’on faisait une comparaison avec les labels énergétiques octroyés aux appareils électro-ménagers, les SCS permettent, en un seul coup d’œil, de disposer d’une évaluation à propos d’un aspect spécifique. «Les SCS aident à évaluer à quel point la performance d’un portefeuille est bonne ou mauvaise d’un point de vue environnemental», poursuit-il. A la différence des évaluations ESG, les SCS tiennent toutefois compte uniquement des aspects environnementaux sous une forme standardisée mais ils n’intègrent pas des critères sociaux ou de gouvernance. «L’approche très uniformisée des Swiss Climate Scores est aussi un moyen de prévenir le greenwashing», estime Peter Zollinger.

Et que se passe-t-il si un investissement donné obtient un mauvais score du point de vue des SCS? «Chaque portefeuille ou investissement se voit attribuer une évaluation en rapport avec les Accords de Paris. Idéalement, il faudrait que le potentiel de réchauffement soit limité à 1,5 degré par rapport aux températures de l’ère préindustrielle, comme le réclame la science. Les seuils suivants sont situés à moins de 2 degrés, comme souhaité par la régulation, ce qui correspond aussi au niveau concernant l’ensemble des portefeuilles gérés par Globalance. En comparaison, le potentiel de réchauffement correspondant à l’indice MSCI World se situe, lui, seulement à moins de 3 degrés», compare Peter Zollinger. Aux yeux de l’expert, un portefeuille qui se voit attribuer une valeur supérieure à 2 degrés par les Swiss Climate Scores est problématique également d’un point de vue économique, car cela signifie qu’il comporte trop risques climatiques.

Des données plus actuelles que les notations ESG

Les Swiss Climate Scores présentent un autre atout aux yeux de l’expert: ils permettent d’obtenir une évaluation qui est au plus près de la situation actuelle des entreprises ou des placements dans lesquels on investit. En comparaison, les notations ESG présentent un caractère plutôt historique, reflétant la situation d’une entreprise sur la base de son dernier exercice. De plus, les notations ESG sont souvent relatives à un secteur donné, car on compare le score obtenu par une société par rapport aux entreprises de la même branche. En comparaison, «les Swiss Climate Scores fournissent un résultat sobre. Avec tel ou tel investissement, votre portefeuille a contribué à générer tant de tonnes de CO2. Ensuite, libre à chacun de décider de ce qu’il veut faire de ce résultat. Chaque gérant doit décider si cela correspond aux attentes de ses clients ou de son groupe d’investisseurs», met-il en perspective.

A lire aussi...