Comment construire un portefeuille résistant à l’inflation?

Salima Barragan

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Pour Charles Gave de GaveKale, le modèle d’allocation 4x4 s’impose.

L’inflation galopante, que peu d’intervenants ont véritablement connue, est réapparue non sans heurts sur les investissements. Lors d’une conférence organisée à Genève par NS Partners, l’économiste de 78 ans Charles Gave et co-fondateur de GaveKal, est venu partager son expérience acquise dans les années 1970. Il a expliqué devant un auditoire de banquiers jeunes et moins jeunes, comment construire un portefeuille résistant au renchérissement, «sans viser à s’enrichir, mais à conserver le capital».

L’effet Cantillon

Selon un ancien concept du 17e siècle, l’injection de monnaie dans l'économie exerce un effet progressif sur les prix au fur et à mesure que la monnaie se propage par les échanges. Or, le 28 février 2020, les gouvernements ont engagé des liquidités à profusion sur les marchés financiers afin de calmer les turbulences provoquées par la pandémie. «La Réserve fédérale et la Banque centrale européenne ont doublé leur bilan durant la crise», relève Charles Gave pour qui l’impression de billets de banque demeure une tentation addictive: «Les États ont opté pour le soulagement à court terme aux dépens de la souffrance à long terme. Et aujourd’hui, le monde subit une double peine: une inflation combinée à une crise de liquidité».

Cette vanne de liquidité a entrainé un boom de 50% sur les actions en deux ans, une flambée de 30% des prix de l’immobilier américain durant la même période, un pic du CPI (consumer price index) ainsi que des cours records de l’énergie. «Mais lorsque les acteurs économiques se rendent compte que l’argent n’est plus synonyme de richesse, les monnaies commencent à s’effondrer», explique-t-il.

La fin du portefeuille modèle 50/50

Que se passe-t-il lorsque l’inflation s’accélère? «Sa diffusion accroit le risque sur les actions, car les actifs sont revalorisés», répond Charles Gave. Alors que la Réserve fédérale s’apprête à lancer un tapering historique, après avoir racheté 4 mille milliards de titres durant la pandémie, la probabilité d’une crise de liquidité s’amplifie. «Il s’agit de la plus grande contraction de son bilan sur une période de 40 ans, et ces dernières ont un impact négatif sur les prix des actions», souligne Charles Gave pour qui le portefeuille traditionnel mi-obligations mi-actions n’est plus souhaitable. Il lui préfère le modèle d’allocation tout terrain constitué de 25% de liquidité, 25% d’actions, 25% d’obligations ainsi que 25% d’or qui s’en sortira mieux en période d’inflation afin de préserver le capital existant. Plus précisément, la poche des liquidités est composée de billets du trésor à 3 mois, la partie action par des titres de la consommation courante, des matériaux et d’énergie, et la portion obligataire par de la dette souveraine chinoise à 10 ans.