Chine: en attendant le XXe Congrès du Parti

Laetitia Baldeschi, CPR AM

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Les dernières données conjoncturelles plaident toutes pour une prolongation du ralentissement.

Les nouvelles en provenance de Chine ont de quoi inquiéter les investisseurs. Alors qu’un rebond de l’activité était attendu en amont du grand rendez-vous politique que constitue le XXe Congrès national du Parti Communiste, les dernières données publiées plaident toutes pour une prolongation du ralentissement. Certes, la gestion de la situation sanitaire reste un handicap majeur mais l’on doit maintenant y ajouter des coupures de courant. Mais au-delà de ces explications très conjoncturelles, ne doit-on pas se rendre à l’évidence que le modèle de développement chinois tel que nous l’avons connu au cours des dernières années est à bout de souffle? Dans ce cas, le ralentissement observé aujourd’hui ne serait pas uniquement conjoncturel mais s’expliquerait par des facteurs plus structurels. L’inefficacité persistante des politiques de soutien mises en œuvre depuis quelques mois, les données démographiques particulièrement inquiétantes sont autant d’indicateurs de tendances préoccupantes. Dans un contexte international de plus en plus complexe et à la veille d’une échéance politique majeure pour le pays, un état des lieux apparait nécessaire. Une consommation impressionnante en nominal, mais beaucoup moins en réel

Une situation économique inquiétante

Plusieurs facteurs viennent perturber la dynamique d’activité en Chine.

Le premier d’entre eux est très certainement la gestion de la situation sanitaire par les autorités. Et le choix politique de la tolérance zéro face au virus. Ceci implique des fermetures récurrentes de villes, d’usines ou d’infrastructures, des politiques de tests particulièrement contraignantes pour tout déplacement et toute activité sociale. En conséquence, l’activité dans les services est encore largement contrainte et l’industrie manufacturière soumise aux aléas d’approvisionnements chaotiques. Il s’agit d’un marqueur politique fort, d’un argument de propagande sur le rôle essentiel du Parti et surtout d’un engagement personnel de Xi Jinping, s’appuyant sur les écarts de mortalité constatés entre l’occident et la Chine. Il sera dès lors très difficile de sortir de cette politique, en tout état de cause avant le Comité central du Parti d’octobre mais même au-delà, avant les «deux sessions» du mois de mars 2023. D’autres raisons plus pragmatiques expliquent le maintien de la politique du zéro COVID; la faible efficacité des vaccins chinois, le faible taux de vaccination des personnes à risque et les capacités limités des infrastructures sanitaires dans le pays pour faire face à un afflux de malades.

La multiplication des aléas climatiques dans le pays est venue compliquer la dynamique de reprise et pourrait contribuer à remettre en cause l’autosuffisance alimentaire, l’un des socles du «contrat social» liant le Parti au peuple chinois. A l’été 2022, certaines régions de la Chine ont connu leur plus longue vague de chaleur depuis le début de la tenue des registres en 1961, selon le Centre national du climat de Chine, entraînant des arrêts de production en raison du manque d'électricité hydraulique. Dans le centre et le sud-ouest de la Chine, les autorités ont déclaré une sécheresse dans six juridictions provinciales, qui représentaient ensemble un quart de la production céréalière de la Chine l'année dernière. La province du sud-ouest du Sichuan a été la plus durement touchée par la baisse des précipitations, car elle est très dépendante de l'hydroélectricité. Les autorités privilégient l’alimentation en énergie des ménages et donnent instruction à de nombreuses usines de fermer ou de réduire leur production.

 

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