Cash is back

Salima Barragan

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C’est le moment de reconsidérer son allocation d’actifs. Avec Nima Pouyan d’Invesco.

Au terme d’une ère d’intérêts négatifs, les investisseurs redécouvrent certaines classes d’actifs longtemps délaissées: l’on ne perd dorénavant plus d’argent sur le marché monétaire. En dépit de leur revers historique, les obligations de nouveau en odeur de sainteté affichent des points d’entrée attrayants sur certains segments dont les rendements ont bondi. Les explications de Nima Pouyan, responsable de l'activité ETF pour la Suisse chez Invesco.

Des nouvelles tendances de marché

Suite au revirement des taux d’intérêt et à l’augmentation de la volatilité sur les marchés actions, «les récents flux d’ETF des clients se tournent davantage vers des solutions liquides, non seulement chez Invesco, mais également auprès de nos concurrents», note Nima Pouyan. Les fonds monétaires ont ainsi à nouveau la côte et ne sont plus considérés comme des alternatives aux comptes courants onéreux. «Lors des taux négatifs, certains investisseurs y parquaient leur fortune afin d’éviter des intérêts bancaires encore plus importants sur leurs comptes courants», relève-t-il à titre anecdotique. Avec des rendements de l’ordre de 0,7% et une duration courte – c’est-à-dire une faible sensibilité aux hausses de taux –, les fonds monétaires prennent le relais des actions devenues trop risquées. D'autres solutions sont également plébiscitées, comme les produits AT1 ou les obligations hybrides, mais de plus en plus sous la forme d'un ETF pour la liquidé.

Les obligations subordonnées bancaires, mieux connues sous l’acronyme CoCo's, ont de nouveau les faveurs des investisseurs.

En l’espace de 9 mois, les fonds passifs obligataires ont collecté quelques 17 milliards d’encours tandis que les bons de Trésor américain à deux ans ont vu leur performance à échéance bondir à 4%. «L’intégralité de la courbe des taux américains est bien plus intéressante qu’elle ne l’était en 2021», note le spécialiste.  Alors que l’année passée, les ETF sur les obligations chinoises raflaient le jackpot, la tendance s’est nettement inversée au profit de la dette souveraine en raison d’un meilleur profil de rendement vis-à-vis du risque.

Sur le Vieux-Continent, les obligations européennes ont aussi pris du galon. «Avec des rendements supérieurs à 2,5%, la dette souveraine de la zone euro a récolté des encours de 1 milliard, ce qui prouve que les allocateurs d’actifs sont en train de repenser leur stratégie», relève-t-il. La banque d'investissement Goldman Sachs estime pour sa part que ces titres en euros sont encore largement sous-représentés dans les portefeuilles de leurs clients.

Tandis que la livre sterling est tombée à parité contre le dollar US, et que les marchés sanctionnent les plans budgétaires du nouveau gouvernement en place dirigé par Liz Truss, Invesco a noté quelques 1,1 milliard de sorties des ETF sur le gilt anglais en l’espace d’une semaine catastrophique: «les investisseurs ont vendu les instruments les plus liquides, pénalisant ainsi en premier la dette du Trésor anglais dont le rendement a bondi à 4%», résume-t-il.

Les banques gagnantes des politiques monétaires restrictives

Les obligations subordonnées bancaires, mieux connues sous l’acronyme CoCo's, ont de nouveau les faveurs des investisseurs. Ces titres créés lors de la grande crise financière avaient pour mission de recapitaliser les banques. Très récemment, leur rendement a atteint 10%, «et leur écart de crédit a doublé depuis le début de l’année, ce que l’on avait plus revu depuis la crise du COVID», commente Nima Pouyan. Aujourd’hui, les banques sont confortablement recapitalisées et le nouveau régime de taux d’intérêt améliore grandement leur marge bénéficiaire. «La liquidité du segment des Tier-1 européennes, en particulier les émissions des grands établissements tels sur lesquelles nous observons beaucoup de transactions, a des atouts de poids», conclut-il.

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