Bras de fer USA-Chine: «la Suisse n'est pas dépourvue d'atouts»

AWP

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Mathilde Lemoine, cheffe économiste à la banque Edmond de Rothschild, estime que la Suisse dispose de bons atouts pour tirer son épingle du jeu ces dix-huit prochains mois.

La Suisse dispose de bons atouts pour tirer son épingle du jeu ces dix-huit prochains mois, dans un contexte marqué par une zone euro en panne et un retour de la suprématie américaine, estime Mathilde Lemoine, cheffe économiste à la banque Edmond de Rothschild. L’économie helvétique se tourne de plus en plus vers les Etats-Unis, ce qui lui apporte un avantage comparatif, explique-t-elle dans un entretien à AWP.

Les dernières prévisions macro-économiques du groupe bancaire genevois anticipent une «surperformance» de l’économie helvétique par rapport à celle de ses voisins européens en 2018 et 2019. Une accélération de croissance est attendue en Suisse, avec une hausse prévue du PIB à 2,2 % pour l’année en cours (contre 1,1 % en 2017) et de 1,9 % l’an prochain.

Mathilde Lemoine relève que la Suisse a bien amorti le choc né de l’appréciation du franc. «Les entreprises exportatrices ont rogné sur leurs marges et multiplié le recours au temps partiel. Et le pays s’appuie sur une compétitivité hors prix qui le situe au top parmi les pays de l’OCDE. Cela lui permet, grâce à des produits exclusifs et de qualité, de continuer à écouler de gros volumes malgré la hausse des prix», observe l’économiste.

Mme Lemoine s’attend à un léger fléchissement du franc, vers 1,20 à 1,25 franc pour un euro, sur les 18 prochains mois. «Cela devrait permettre à de petits exportateurs, moins en première ligne que la pharma et la chimie, de revenir dans le jeu.»

Par ailleurs, le fait que la Suisse se tourne de plus en plus vers les Etats-Unis – «boostés» par les gigantesques allègements fiscaux de l’administration Trump – la rend moins vulnérable aux incertitudes politiques en Europe et au manque de tonus de l’économie du Vieux-Continent.

«Depuis 2010, la part du marché américain dans les exportations suisses est passée de 10% à plus de 15%, alors que l’importance du marché européen diminue. Ce mouvement va continuer», souligne Mme Lemoine.