Les catalyseurs pour les investisseurs viennent des opportunités créées par le programme de réformes économiques proposées par le gouvernement.
Après une performance décevante en 2019, nous percevons des signes d’accélération de la reprise économique du Brésil. Le crédit se développe à nouveau, le marché du logement rebondit et le marché du travail repart progressivement à la hausse. A court et à moyen terme, l’économie va continuer de faire face à des turbulences significatives. Dans le contexte international actuel, le ralentissement de l’économie mondiale a un effet défavorable, tandis que la situation en Argentine reste une source de risque baissier. Localement, l’atonie de nombreux secteurs va continuer de freiner les investissements et la nécessité d’achever l’assainissement budgétaire va diminuer la demande globale.
La croissance plus faible a eu pour contrepartie une faible inflation, ouvrant la voie à une politique monétaire expansionniste. Nous estimons que le cycle d’assouplissement de la politique monétaire actuel va se poursuivre en 2020, portant le taux Selic à 4,25% en début d'année (taux d’intérêt cible défini par la Banque centrale, Graphique 11), niveau auquel il devrait se maintenir tout au long de l’année. Cela devrait par conséquent soutenir et accélérer la reprise cyclique de l’économie.
des dépenses non discrétionnaires qui menacent la soutenabilité de la dette.
La bonne nouvelle est que l’économie brésilienne est sur le point de connaître une reprise cyclique plus forte en 2020. Cependant, les vrais catalyseurs pour les investisseurs viennent des opportunités créées par le programme ambitieux de réformes économiques proposées par le gouvernement. Après avoir récemment approuvé une réforme des retraites plus ambitieuse que prévu, le Congrès va maintenant débattre d’une série de révisions constitutionnelles proposées par Paulo Guedes, le ministre de l’Économie, dans le but de créer les conditions institutionnelles nécessaires à l’achèvement du processus d’assainissement budgétaire, ainsi qu’à la réforme du rôle de l’État et du système fédératif brésilien.
Du point de vue de la politique budgétaire, qui devrait être au centre de l’attention des investisseurs, les projets de loi veulent mettre un terme à la tendance séculaire de croissance des dépenses non discrétionnaires qui menacent la soutenabilité de la dette et freinent les investissements publics. Pour y parvenir, les projets de loi visent à diminuer les subventions à l’emploi dans le secteur public, les exonérations fiscales et à mieux affecter les ressources budgétaires.
L’approbation de ces projets de loi ne va pas s'avérer facile. Des élections municipales auront lieu en octobre 2020, qui risquent de renforcer la mainmise de groupes d’intérêt puissants qui s’opposent aux réformes. Cela signifie également que le gouvernement devra les approuver très rapidement: à la fin du premier semestre, l’attention sera focalisée sur les élections et il est peu probable que les réformes majeures soient soumises au Congrès lors du deuxième semestre.
de réformes structurelles le plus ambitieux de la région.
Par ailleurs, le devenir du programme de réformes structurelles est constamment menacé par l’entente politique inhabituelle qui prévaut actuellement. Contrairement à d’autres présidents «réformistes» que le Brésil a connus, Jair Bolsonaro manque d’un large soutien au Congrès, et ne peut véritablement compter que sur une centaine de voix sur les 513 que compte la chambre basse. La bonne nouvelle est que le Congrès a été étonnamment disposé à coopérer. L’économiste Paulo Guedes a établi une relation productive avec certains des principaux membres du Congrès, notamment avec le président de la Chambre des députés, Rodrigo Maia. Cette relation a favorisé le processus de réforme, en dépit du manque perçu d’engagement de la part du président Bolsonaro.
Parallèlement aux réformes structurelles visant à transformer les institutions fiscales et économiques, le gouvernement a des projets concernant les privatisations et les concessions. Ce dernier a déjà annoncé qu’il n’avait pas l’intention de privatiser les principales entreprises publiques telles que Petrobras, Banco do Brasil et Caixa Econômica Federal, donc il est peu probable que les privatisations vont marquer un tournant pour le pays. Jusqu’à présent, le rythme des privatisations et des concessions a été quelque peu décevant. Malgré tout, l’impulsion en faveur de l’augmentation des investissements privés passant par des privatisations et des concessions est positive mais reste un risque supplémentaire pour le pays.
Selon nous, si l’on fait abstraction des risques politiques, le Brésil dispose du programme de réformes structurelles le plus ambitieux de la région. Nous invitons les investisseurs à ne pas se limiter aux controverses suscitées par la politique atypique de Jair Bolsonaro. Le potentiel d’opportunités d’investissement est réel, bien qu’incertain.