Bottom-up! Un credo qui ne connaît pas la crise

Anne Barrat

2 minutes de lecture

Selon Rob Hinchliffe de PineBridge, la gestion bottom-up, agnostique aux facteurs macro-économiques, est la meilleure protection contre les retournements de marché.

Décorréler la performance d’une stratégie de celle des marchés dans les périodes d’incertitudes et prévisibles de fin de cycle? Un défi pour les gérants d’actifs risqués dont la solution passe par une approche terrain d’une sélection basée sur la création de valeur par les entreprises, une sélection résistante aux aléas de marché explique le responsable de la recherche sur les groupes sectoriels mondiaux chez PineBridge Investments, Rob Hinchliffe.

«Ce qui nous importe est qu’une entreprise tire ses revenus de source internationale, de manière à diversifier les risques.»

«Nous sommes agnostiques aux conditions de marché, comme nous le sommes aux zones géographiques revendique Rob Hinchliffe. Ce qui nous importe est qu’une entreprise tire ses revenus de source internationale, de manière à diversifier les risques. Le seul type de risque que nous acceptons de prendre est lié à une entreprisse, nous évitons de prendre tout risques macro.» Agnostique ne veut pas dire insensible, précise Rob Hinchliffe, qui reconnait que la peur qui règne sur les marchés n’a pas été sans effet sur les revenus des entreprises exposées aux ruptures des chaînes d’approvisionnement induites par les remous du conflit russo-ukrainien. Une peur qui interroge: justifie-t-elle le sévère retournement de marché qu’elle a provoquée, et, surtout, la perte de valorisation qu’elle a entraînée? Pas forcément pour un stock picker répond Rob Hinchliffe: «Nous sommes des stock pickers, ce qui veut dire que nous investissons sur la base de notre analyse d’une société, peu importe le momentum, peu importe ce que disent les marchés et les indices.»

Une approche de stock pickers

Stock pickers et réalistes. «Nous avons passé la majeure partie de 2021 à réduire le nombre de nos positions et à réinvestir dans les entreprises dont la valorisation avait baissé du fait de la remontée des taux d’intérêt. Ce fut notamment le cas du secteur de la digitalisation et du Cloud, qui ont fini l’année sur des niveaux de valorisation intéressantes.»

Stock pickers et opportunistes. «Notre portefeuille est actuellement surpondéré en valeurs nord-américaines (entre 65% et 70%), non pas parce que nous privilégions cette zone, pas plus qu’aucune autre d’ailleurs, mais parce qu’elle offre comprend des sociétés que nous avons identifiées comme ayant les meilleurs fondamentaux dans le monde. Ce ne sont donc pas dans les Etats-Unis que nous investissons mais dans le caractère global des sources de revenus.»

«Entre deux entreprises comparables en terme de performance économique, c’est la profil ESG qui nous permet de faire la différence.»

Stock pickers et fervents promoteurs d’une priorité aux fondamentaux intrinsèques d’une entreprise: «Nous ne sélectionnons pas une valeur sur la base des fondamentaux de son pays ni de sa zone économique: les données macro-économiques nous intéressent peu, nous nous concentrons sur une société, une marque, son pouvoir de fixation des prix, sa capacité à renforcer ses parts de marché à long terme, en ligne avec notre horizon d’investissement (entre 3 et 5 ans).»

Stock pickers face au dilemme ESG: «Entre deux entreprises comparables en terme de performance économique, c’est la profil ESG qui nous permet de faire la différence. Il n’est en aucun cas question d’exclure des entreprises a priori, mais d’analyser leur note sur une échelle de 77 points importants à nos yeux, qui nous permettent de valider leur gouvernance, leur solidité financière, leur leadership, le tout en comparaison de leurs concurrents.»

Une sélection à toutes épreuves

Sur ces bases, rien d’étonnant à retrouver dans les nouvelles recrues de l’univers d’investissement le groupe écossais WEIR, une société d'ingénierie active dans les mines, le pétrole, qui a repensé son modèle d’affaires pour servir la transition énergétique; Astra Zeneca, que ses développements placent parmi les leaders dans le domaine de l’oncologie tout en diversifiant sa base de revenue, en provenance de Chine notamment; le suisse Alcon, qui occupe une position de choix dans la chirurgie cardiaque et l’ophtalmologie, des marchés à très concentrés et porteurs en termes de marges; l’entreprise canadienne Wabtec, leader dans la transition des trains traditionnels vers des locomotives  de nouvelle génération. Des choix qui reflètent la philosophie d’investissement: «Entre deux entreprises comparables en terme de performance économique, c’est la profil ESG qui nous permet de faire la différence. Il n’est en aucun cas question d’exclure des entreprises a priori, mais d’analyser leur note sur une échelle de 77 points importants à nos yeux, qui nous permettent de valider leur gouvernance, leur solidité financière, leur leadership, le tout en comparaison de leurs concurrents, conclut Rob Hinchliffe.»

A lire aussi...