BlackRock polarise ses activités

Salima Barragan

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«Nous optimisons notre modèle pour nous adapter aux nouveaux besoins du marché», déclare Nicolas Nussbaum de BlackRock.

Mardi, BlackRock a annoncé la réorganisation de ses activités notamment concernant les investissements alternatifs: Mark McCombe devient «Chief Client Officer» et une nouvelle génération de cadres sera amenée à piloter certaines divisions stratégiques. Selon les déclarations de Nicolas Nussbaum, Head of Hedge Funds and Liquid Alternatives pour la zone EMEA chez BlackRock, cette refonte n’est pas liée aux performances, mais bien à la volonté de se repositionner sur un marché en constante mutation: «Cette réorganisation reflète notre interprétation de ce qu’il faut faire pour répondre aux challenges à venir».

Vers une migrations des pôles

La firme américaine, qui couvre des solutions d’investissements alternatifs à hauteur de 180 milliards de dollars US d’encours, de l’investissement actif mais également les ETFs via sa gamme iShares, a constaté une polarisation de l’industrie. La réallocation des ressources annoncée mardi permettra de mieux se positionner sur les segments de croissance, dont notamment l’investissement alternatif. «Blackrock a toujours su se réorganiser pour mieux anticiper les tendances de l’industrie», commente Nicolas Nussbaum. «Il y a une vraie prise de conscience des investisseurs qui cherchent des alternatives aux produits plus traditionnels et se tournent naturellement vers l’alternatif. Nous sommes convaincus que ce type d’investissement est amené à devenir mainstream et fera partie intégrante de l’allocation d’actifs», poursuit-il.

Sur la gestion indicielle et les ETFs où la marge est très faible,
quelques grands acteurs resteront dominants en termes de volume.

Le coup de départ des acquisitions stratégiques a été marqué par la fusion en 2006 avec Merrill Lynch Investment Management, propulsant BlackRock au rang d’acteur global. Puis, en 2007, l’acquisition de la plateforme Quellos Group a renforcé les opportunités dans la gamme des solutions d’investissements alternatifs. Enfin, en 2009, l’absorption de Barclays Global Investor (BGI) lui a apporté l’expertise indicielle et quantitative du groupe anglais.

Face à la pression sur les frais et à la concurrence, les acteurs doivent sans cesse reconsidérer leur positionnement, et beaucoup d’acquisitions ont été effectuées chez un bon nombre d’entre eux. «Pour enrichir nos gammes de solutions alternatives, nous avons acquis en 2012 SwissRE Private Equity Partners (PEP), puis en 2018, nous avons absorbé la boutique Tennenbaum Capital Partners pour renforcer le segment de la dette privé», explique Nicolas Nussbaum. Bien que le secteur semble condamné à poursuivre sa consolidation, une place semble exister pour les gestionnaires alternatifs de niche. En revanche, de l’autre côté du spectre, c’est-à-dire sur la gestion indicielle et les ETFs où la marge est très faible, quelques grands acteurs resteront dominants en termes de volume. La survie des petits est menacée.

Intérêt pour les stratégies dé-corrélée

Les Hedges Funds, bien que passablement décriés, n’ont jamais été aussi importants, avec des encours pesant aujourd’hui la bagatelle de 3 trillions de dollars US. «Dans cette industrie arrivant à maturité, il y a énormément de talents ainsi que des acteurs en difficulté», explique Nicolas Nussbaum. Pour répondre à une demande croissante, notamment sur le segment des stratégies dé-corrélées aux marchés, BlackRock a renforcé ses compétences dans l’offre de stratégies «Event Driven», avec l’engagement de Mark McKenna, un ancien du Harvard Endowment, ou sur les primes de risque avec le recrutement d’une figure de proue, le Docteur Andrew Ang de l’université de Columbia, qui s’était distingué pour avoir développé des solutions non-directionnelles. «Malgré des performances challengées en 2018, nous avons lancé un produit qui combine une approche market-neutre risk premia avec un overlay ESG, car nous avons également constaté un intérêt croissant de nos clients pour des solutions «durables», souligne Nicolas Nussbaum.

Enfin, plusieurs études ont souligné l’intérêt grandissant du Private Equity auprès des investisseurs privés, alors que ces produits étaient historiquement majoritairement souscrits par des clients institutionnels. «Cela se traduit d’une part par un renforcement des compétences auprès des banques et des Family office ainsi que par le lancement de solutions de Private Equity, de type «ELTIF», dédiées à cette audience ou d’autre part, pour les institutionnels, de produits innovants à très long terme, c’est-à-dire au-delà de 20 ans», explique Nicolas Nussbaum.