Un discours dovish dans un contexte d’incertitude élevée devrait permettre de plafonner les anticipations de hausse de taux qui nous semblent peu compatibles avec la feuille de route de la BCE.
- Nous n’attendons aucune annonce lors de la réunion de la Banque centrale européenne du 28 octobre. Comme indiqué précédemment, c’est en décembre que la BCE communiquera ses décisions concernant la réduction du volume d’achats d’actifs dans le cadre du PEPP et le lancement probable d’un nouveau programme.
- La communication de Christine Lagarde devrait être axée autour de 2 messages: le caractère transitoire du pic de hausse des prix, et le caractère prématuré des anticipations de hausse des taux qui se sont construites dans les marchés depuis le dernier meeting.
Depuis la dernière réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) du 9 septembre, l’environnement macro-économique a été marqué par la persistance de niveaux élevés d’inflation, renforcée par la hausse des prix de l’énergie et les déséquilibres entre une demande qui reste forte et une offre toujours contrainte par les perturbations des chaines de production et d’approvisionnement. L’inflation a de fait accéléré en septembre, avec un indice des prix à la consommation (Consumer Price Index, CPI) à 3,40% contre 3% en août, et un Core CPI à 1,9% contre 1,6% le mois précédent.
En conséquence, les taux long-terme en zone euro se sont tendus de 25pb (Bund 10y) et les anticipations d’inflation dans le marché se sont fortement rapprochées de l’objectif de la BCE de 2%, avec des breakeven à 1,90% à 5 ans et à 1,92% à 10 ans (le 22 octobre), et une inflation ‘moyen terme à moyen terme’ proche des 2% (le 5y5y swap inflation est passé de 1,75% le 9 septembre à 1,99% le 22 octobre).
Compte tenu des dernières déclarations de la présidente de la BCE Christine Lagarde, et dans un contexte de resserrement implicite des conditions monétaires, le ton de cette réunion des banquiers centraux de la zone euro devrait être accommodant, avec une communication qui sera vraisemblablement axée autour de 2 messages:
- Dans un contexte de persistance des perturbations du côté de l’offre et de la hausse des prix de l’énergie, mais en l’absence de boucle prix-salaire, le pic de hausse des prix devrait rester transitoire.
- Les anticipations de hausse des taux construites dans les marchés depuis son dernier meeting (le contrat future 3 mois Décembre 2023 est passé de -0,40% début septembre à -0,05% le 21 octobre) sont prématurées.
En revanche, nous n’attendons aucune annonce lors de cette réunion. Comme indiqué précédemment, c’est en décembre que Christine Lagarde confirmera probablement l’arrêt en mars 2022 des achats d’actifs dans le cadre du Pandemic Emergency Purchase Programme (PEPP). Mais au cours de ce meeting de fin d’année, la BCE sera surtout attendue sur les mesures destinées à lui permettre d’atteindre son objectif de stabilité des prix de façon pérenne à travers un nouveau programme d’achat dont les modalités resteront à définir dans les prochaines semaines.
La réunion du 16 décembre sera importante pour les marchés, et le degré de flexibilité du nouveau plan sera un indicateur clé des rapports de force au sein du Conseil des gouverneurs, dans un contexte où le départ annoncé du président de la Bundesbank allemande Jens Weidman fin 2021 sera de nature à rebattre l’équilibre des forces entre tenants d’une politique monétaire plus ou moins orthodoxe.
Compte-tenu du contexte d’incertitude élevée actuel, un discours conciliant le 29 octobre devrait permettre de plafonner les anticipations de hausse de taux qui nous semblent peu compatibles avec la feuille de route de la BCE. Un ton dovish dans un contexte d’incertitude sur l’orientation de l’inflation n’est néanmoins pas exempt de risque: la BCE s’attachera à surveiller l’ancrage des anticipations d’inflation, qui ont eu tendance à se tendre rapidement sur les dernières semaines.