Asie ex-Japon, une région qui bouge

Alice Wang, Quaero Capital

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Il a suffi aux gérants de croissance de privilégier la Chine en 2020 et l’Inde en 2021 pour surperformer. L’heure est arrivée de reconsidérer l’allocation régionale.

Alors qu’il avait suffi aux gérants de croissance de privilégier la Chine en 2020 et l’Inde en 2021 pour surperformer, il nous semble important d’être prêt à reconsidérer son allocation régionale, en tenant compte des spécificités et des dynamiques de chaque pays… même si la sélection de titres reste fondamentale.

Les changements sont rapides dans la région

Depuis quelques semaines, nous devenons de plus en plus négatifs sur l'Inde et le Vietnam, deux des marchés les plus performants cette année.

Bien que nous appréciions toujours l'Inde d'un point de vue structurel, nous la trouvons trop chère. En tant qu'investisseurs de croissance, nous ne sommes pas opposés à payer des primes pour de bonnes sociétés, mais il y a des limites ! Les récentes introductions en bourse d'entreprises technologiques indiennes se sont négociées à des valorisations ahurissantes, notamment par rapport aux entreprises chinoises. Cependant, le secteur nous intéresse beaucoup car il est souvent gagnant dans des environnements où une partie de la population s’enrichit – comme nous l'avons vu en Chine. Une série d'introductions en bourse de sociétés technologiques indiennes mérite d’être suivie de près.

 Les gagnants de la relocalisation de la sous-traitance sont la Turquie, où le taux de change est extrêmement favorable, ou le Mexique, qui est plus proche des États-Unis.

Le Vietnam présente également moins d’intérêt actuellement. Certes, la plupart des entreprises cherchent à se diversifier de la Chine et confient la production de leurs produits à d’autres pays où la main d’œuvre est bon marché mais un certain nombre de facteurs nous font penser que le Vietnam est un peu en surchauffe en ce moment. Tout d'abord, les difficultés de la chaîne d'approvisionnement incitent à se rapprocher des marchés finaux, car les problèmes de transport maritime perdurent. Les gagnants de la relocalisation de la sous-traitance sont: la Turquie, où le taux de change est extrêmement favorable, ou le Mexique, qui est plus proche des États-Unis. Par ailleurs, sous-traiter au Vietnam amène son lot de contraintes, non seulement en raison d'une politique de zéro COVID pendant une grande partie de l'année, mais aussi parce que l’accroissement de la demande a créé un environnement de travail très tendu et rendu les ressources plus difficiles à obtenir.

Privilégier l’externalisation des services à celle des produits

À l'heure actuelle, nous sommes beaucoup plus optimistes sur l'externalisation des services (plutôt que sur celle des produits) dans la région Asie Pacifique.

Les Philippines par exemple présentent l'une des démographies les plus favorables au monde. Le pays est jeune, dynamique et prend de plus en plus son avenir en main à mesure qu'il se connecte à Internet. L’anglais qui y est parlé est le plus neutre en termes d’accent. Le pays est orienté vers le service, avec une culture amicale et ouverte à l’Occident. Avec le télétravail et l’hésitation à retourner dans les bureaux, le COVID a accéléré l’externalisation de la main-d'œuvre numérique. Les gagnants de cette tendance sont par exemple des fournisseurs de haut débit ou des concepteurs d'expériences client.

Les nouvelles introductions en bourse qui ont débuté plus tôt cette année ouvrent un accès sans précédent aux nouveaux moteurs de croissance dans toute la région.

Nous devenons plus positifs aussi sur la Chine et Taïwan. Nous anticipons que les pénuries sur les puces vont se réduire l'année prochaine et que les entreprises qui en avaient souffert cette année en bénéficieront en 2022. En Chine, nous privilégions les sociétés qui ont prouvé leur capacité d’exécution dans l'environnement réglementaire extrêmement difficile de 2021. Alors que la Chine signale le début d'un cycle d'assouplissement coïncidant avec le cycle de resserrement américain, nous pensons que ce pays a de très bonnes chances de surperformer les marchés mondiaux l'année prochaine, les investisseurs ayant intégré une nouvelle normalité dans la nouvelle ère de Xi.

Enfin, la Corée reste à nos yeux le premier exportateur de contenu culturel et numérique en Asie, d'autant plus que la Chine se retire en raison d'une localisation plus poussée et d'exigences réglementaires plus strictes. Les chaebols (grands conglomérats) présentent peu d’intérêt selon nous, mais il existe des opportunités intéressantes avec des sociétés actives dans la promotion de la culture coréenne. HYBE en est le parfait exemple: la société possédant les droits de BTS, Justin Bieber et Ariana Grande devrait bénéficier de toute réouverture avec la reprise des concerts des superstars. Preuve en est le concert conjoint de BTS et Justin Bieber programmé en novembre et décembre à Los Angeles, qui affiche complet.

Les différents pays de la région présentent des avantages concurrentiels bien distincts, devenus encore plus clairs en cette période de COVID et de fracture géopolitique. Chacun offre des opportunités d’investissement spécifiques. Les nouvelles introductions en bourse qui ont débuté plus tôt cette année ouvrent un accès sans précédent aux nouveaux moteurs de croissance dans toute la région.

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